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SÉPULTURE

La sépulture offre à l'ethnographe, à l'archéologue et à l'historien un excellent moyen d'approche pour l'étude des structures et des croyances d'une société ou d'une civilisation ; elle conserve souvent d'ailleurs la documentation la plus complète et la plus riche, parce que mieux dissimulée que les habitats et mieux protégée contre la destruction du temps, même si les tombes ont été à toute époque une proie convoitée par les pillards.

La forme et la structure des sépultures dépendent moins des rites funéraires que des formes de l'état social correspondant et des conceptions ou des croyances relatives à la vie future. Ce ne sont point les rites d' inhumation ou d' incinération qui déterminent en général la forme de la sépulture. L'incinération peut tout aussi bien accroître les dimensions de la tombe si le bûcher funéraire, comme dans les tombes princières de Chypre au Ier millénaire avant notre ère, est incorporé à la sépulture. Elle peut aussi en réduire le volume si seule une cavité est creusée dans le sol ou dans la roche pour déposer le vase contenant les cendres du défunt ; à l'inverse, les sépultures chrétiennes ont fourni, avec des rites identiques, des monuments très différents allant des catacombes romaines aux tombeaux fastueux d'époque médiévale. Toute forme de tombe, à chambre ou à tumulus, peut accueillir des rites différents, des inhumations ou des incinérations, parfois les deux à la fois, soit simultanées, soit successives.

Les structures sociales, au contraire, se reflètent avec exactitude dans l'aspect des sépultures. À toutes les époques et en tous lieux, du IVe millénaire avant notre ère jusqu'aux Temps modernes, et de l'Asie à l'Amérique du Sud, les hiérarchies sociales, les sociétés féodales, les structures royales ou princières, les groupes familiaux sont évoqués dans les sépultures royales ou princières, dans les tombes où la dépouille du prince est accompagnée d'une suite de parents ou de serviteurs, dans les nécropoles où se groupent les tombes tribales ou familiales, soit à l'intérieur de dispositifs à chambre ou à cellules complexes, soit dans les structures tumulaires d'une grande densité d'occupation. Dans certaines civilisations, égyptienne ou étrusque, les cités des morts sont souvent à l'image de celles des vivants, organisées sur des principes identiques et construites comme une imitation de l'habitat.

Mobilier funéraire, art égyptien, Moyen Empire - crédits :  Bridgeman Images

Mobilier funéraire, art égyptien, Moyen Empire

Enfin, partout où la sépulture fait appel au mobilier funéraire, soit pour permettre au mort de continuer sa vie terrestre, soit pour mettre en relief son rang ou ses qualités, soit pour le placer sous la protection des puissances souterraines ou des divinités de l'au-delà, le décor peint ou sculpté, les vases à destination spéciale évoquent avec précision les croyances religieuses, les modalités du culte des morts, les idées et les conceptions d'une civilisation sur les problèmes concernant la survie et la nature de l'âme, les relations des morts et des vivants.

De nombreuses sociétés ou cultures ne sont connues que par les sépultures ou essentiellement par elles (âge du bronze et débuts de l'âge du fer en Europe occidentale), et aucune société ne peut être entièrement saisie dans ses aspects originaux si l'on ignore ses nécropoles.

Typologie et structure de la tombe

Deux grands principes pourraient établir une première distinction entre les types de sépulture, selon que la tombe est dans le sol ou que, par suite de principes religieux comme dans la religion iranienne, ou selon des traditions nettement définies comme dans certaines civilisations orientales et anatoliennes, elle est située en hauteur, en position surélevée, détachée de la terre qu'elle souillerait, au contact des éléments célestes dans lesquels le principe vital tend à se[...]

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Pour citer cet article

Roland MARTIN. SÉPULTURE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Mobilier funéraire, art égyptien, Moyen Empire - crédits :  Bridgeman Images

Mobilier funéraire, art égyptien, Moyen Empire

Vases canopes - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Vases canopes

Urne cinéraire étrusque - crédits : Accademia Italiana, London,  Bridgeman Images

Urne cinéraire étrusque

Autres références

  • AFANAS'EVO

    • Écrit par Vadime ELISSEEFF
    • 457 mots
    • 1 média

    Afanas'evo est le nom d'une sépulture qui a servi à désigner une civilisation. L'Afanas'ievskaja Gora, c'est-à-dire le mont Athanase, se trouve en Russie, au nord de Minoussinsk, près de Bateni, dans la région de Khakassie.

    La culture d'Afanas'evo est la plus ancienne...

  • AGUADA CULTURE

    • Écrit par Susana MONZON
    • 373 mots

    Développée dans le nord-ouest de l'Argentine, dans la région qui s'étend depuis la vallée Calchaqui jusqu'au nord de la province de San Juan, la culture aguada se situe, chronologiquement, dans la période céramique moyenne, entre 650 et 850.

    L'économie aguada était basée sur...

  • ALTAÏ TOMBES DE L'

    • Écrit par Vadime ELISSEEFF
    • 553 mots

    L'expression « tombes de l'Altaï » est un vocable courant pour désigner les tombes à tumulus ou à kourganes du Haut-Altaï, témoins de la culture de Pasyryk du ~ ve au ~ iie siècle et de celle de Shibe du ~ iie siècle au iie siècle.

    La culture de Pasyryk est illustrée...

  • AMARNA TELL EL-

    • Écrit par Alain-Pierre ZIVIE
    • 2 316 mots
    • 8 médias
    ...Vers le nord-est s'ouvre dans la falaise l'entrée d'un long vallon, le Darb el-Malek. Il mène, quelques kilomètres plus loin, à ce qui devait être le cimetière royal. Mais des quelques sépultures présentes, une seule a été décorée et sans doute utilisée : celle d'Akhénaton. Très profond et d'un plan...
  • Afficher les 90 références

Voir aussi