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SILICEUSES ROCHES

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Genèse

Solubilité et cristallinité de la silice

Il est utile tout d'abord de rappeler que la silice de l'hydrosphère est le plus souvent à l'état de solution vraie, et non de solution colloïdale comme on l'a si souvent affirmé. L'équation d'équilibre est (SiO2)n + 2n H2O ⇌ n Si(OH)4.

Le monomère Si(OH)4, monomolécule d'acide silicique, est libre et en solution vraie. À la température de 20-25 0C, l'équilibre est atteint pour une teneur de 120 à 140 ppm (ou mg/l) de SiO2. A 100 0C, cette solubilité s'élève à 360-420 ppm. Elle est indépendante du pH pour les valeurs comprises entre pH 2 et pH 9, et s'élève ensuite considérablement dans les milieux alcalins, pour atteindre 6 000 ppm à pH 11 par suite de l'ionisation de l'acide silicique. Or, les solubilités des minéraux de la silice sont beaucoup plus faibles (de l'ordre de 8 à 20 ppm) que celle de la silice amorphe, si bien qu'une eau qui contient par exemple 100 ppm de SiO2, sous-saturée pour la silice amorphe, est sursaturée par rapport aux formes cristallines dont elle peut assurer la croissance. Ces formes cristallines sont le quartz, la cristobalite de basse température, la calcédoine, assemblage fibreux de cristallites de quartz avec désorganisation du réseau à la limite des fibres, et l'opale, dont on a souvent dit qu'elle était amorphe, mais qui est en fait partiellement cristallisée en particules dispersées, d'où l'isotropie statistique qu'elle présente.

Origine et précipitation de la silice

La silice, très répandue dans les roches magmatiques (près de 60 p. 100), est mobilisée par l'altération superficielle et entraînée en solution dans les eaux courantes. Bien qu'elle soit aussi soluble dans l'eau de mer que dans l'eau douce, les rivières en contiennent souvent beaucoup plus : ainsi la teneur dans les eaux du Mississippi est de 4 à 7 ppm et seulement de 0,11 ppm dans le golfe du Mexique au voisinage du delta de ce fleuve. Une partie de la silice est alors fixée par les radiolaires, les diatomées, les silicoflagellés et les spongiaires, tandis qu'une autre partie précipite.

Une source non négligeable de silice est représentée par les éruptions volcaniques et les phénomènes volcaniques secondaires. C'est ainsi que les éruptions ophiolitiques sous-marines, fréquentes dans les rifts océaniques antérieurement à l'orogenèse, sont à l'origine des pillowlavas et des « roches vertes ». Elles favorisent la prolifération des radiolaires et, par suite, la formation de radiolarites qui, dans la plupart des chaînes de montagne, font partie du « cortège des roches vertes ». Les dépôts de silice hydrothermaux (geysérite) ont une origine comparable, car la silice est trois fois moins soluble à froid qu'à chaud.

Toutefois, la coagulation purement physique d'un gel de silice colloïdale semble exceptionnelle à l'air libre. Il n'en est plus de même en profondeur, où les solutions interstitielles des vases sous-marines (eaux connées) ont quelquefois une teneur en silice voisine de la saturation. Dans ces conditions, un refroidissement, ou une modification du milieu (apport d'électrolyte), peut provoquer la formation d'opale susceptible d'évoluer ensuite en calcédoine. Il est frappant de constater que les seules roches consolidées que traversent les forages sous-marins dans les formations récentes ou même cénozoïques sont des bancs silicifiés. C'est peut-être de cette manière qu'il faut expliquer la formation des silex et des chailles (cherts des auteurs anglo-saxons) dans les vases carbonatées, accidents siliceux, dans la plupart des cas contemporains de la sédimentation.

Mais, comme c'est si souvent le cas lorsqu'il s'agit de phénomènes naturels, il faut se garder d'une explication univoque[...]

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des sciences, université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie

Classification

Pour citer cet article

Charles POMEROL. SILICEUSES ROCHES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Média

Cornaline - crédits : Photo 1/ De Agostini/ Getty Images

Cornaline

Autres références

  • AGATE

    • Écrit par
    • 710 mots
    • 1 média

    Dioxydes de silicium, les agates appartiennent au groupe des quartz microcristallins, comme les calcédoines et les jaspes. Elles se distinguent facilement des calcédoines car elles présentent une coloration zonée concentrique, sinueuse ou bréchique. Elles peuvent être cependant confondues avec l'onyx...

  • CALCÉDOINE

    • Écrit par
    • 793 mots
    • 3 médias

    Dioxydes de silicium, les calcédoines appartiennent au groupe des quartz microcristallins, au même titre que les jaspes et les agates ; elles se distinguent donc du groupe des quartz macrocristallins, tels que l'améthyste ou le cristal de roche, et du groupe des opales, toujours amorphes....

  • JASPE

    • Écrit par
    • 523 mots

    Dioxyde de silicium, le jaspe, en tant que minéral, appartient au groupe des quartz microcristallins, comme les calcédoines et les agates. La caractéristique essentielle du jaspe est d'être bariolée ou tachetée de diverses couleurs.

    formule : SiO2 ;

    système : rhomboédrique ;

    dureté...

  • OOLITES ou OOLITHES

    • Écrit par
    • 748 mots

    Grains à structure concentrique dont l'accumulation peut conduire à la formation d'un sédiment ou d'une roche purement oolitique, appelée anciennement oolithe par extension (oolite blanche du Jurassique du Bassin parisien). Surtout abondantes dans le Jurassique, en Europe, les oolites sont connues...