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GERMANO-SOVIÉTIQUE PACTE (1939)

1939 à 1945. La Seconde Guerre mondiale - crédits : Encyclopædia Universalis France

1939 à 1945. La Seconde Guerre mondiale

Les raisons d'être du pacte de non-agression conclu le 23 août 1939 entre l'Allemagne et l'U.R.S.S. prêtent à discussion. Les archives allemandes saisies après la guerre permettent de reconstituer les faits et de comprendre les visées de Hitler. Celles de Staline sont d'autant plus difficiles à définir qu'il mène parallèlement une négociation avec la France et l'Angleterre en vue d'une alliance dirigée contre l'Allemagne. Le 10 mars 1939, Staline prononce, au congrès du Parti communiste de l'U.R.S.S., un discours relativement modéré à l'égard de l'Allemagne. Mais il proteste le 19 mars, au moment de l'occupation de Prague, et le 5 avril commencent, à l'initiative de Paris, des conversations ayant pour but un accord politique militaire, les Anglais restant plus réservés. Le 17 avril, l'ambassadeur soviétique à Berlin, Merekalov, déclare à ses interlocuteurs allemands qu'il n'y a pas de raison pour que les rapports germano-soviétiques ne deviennent pas meilleurs. Le 3 mai, Litvinov, qui était partisan d'un accord avec les Occidentaux contre Hitler, est remplacé par Molotov et l'on change 90 p. 100 du personnel du commissariat aux Affaires étrangères. Le 20 mai, Molotov déclare à Schulenburg, ambassadeur du Reich à Moscou, que les négociations économiques en cours ne pourront réussir que sur des « bases politiques ». Les Allemands, très méfiants au début, décident le 29 mai de conclure un pacte de non-agression avec l'U.R.S.S. Le rapprochement germano-soviétique fait un nouveau pas en avant le 26 juillet. La décision du 24 juillet d'engager des pourparlers militaires entre la France, la Grande-Bretagne et l'U.R.S.S. amène probablement les Allemands à hâter les négociations. Le 12 août, les Soviétiques proposent la venue à Moscou d'une haute personnalité allemande. C'est Ribbentrop qui s'y rendra ; Hitler presse les Soviétiques de le recevoir le plus vite possible (l'attaque de la Pologne avait été fixée au 1er septembre). Dès le 23 août, le pacte de non-agression est signé. Il est accompagné d'un protocole secret très important qui établit les zones d'influence respectives : la Finlande, l'Estonie et la Lettonie dans la sphère russe ; la Lituanie dans la sphère allemande ; la Pologne serait partagée suivant la ligne Narew-Vistule-San ; la question du maintien d'un État polonais indépendant serait décidée ultérieurement par la voie d'une « entente amicale ». Ce pacte, qui stupéfia l'opinion et posa de graves problèmes aux partis communistes européens, en particulier au parti français, est toujours l'objet de discussions. Staline, inquiet depuis les accords de Munich conclus en dehors de lui, cherchait-il surtout à prévenir une éventuelle collusion entre le Reich et les Occidentaux ? Mena-t-il les deux négociations parallèlement de façon à en tirer les plus grands avantages possibles, en particulier la délimitation d'une sphère d'influence que les Occidentaux ne pouvaient évidemment pas lui reconnaître sous cette forme, malgré des concessions dans ce sens durant les derniers jours de la négociation ? Les deux orientations ne s'excluent pas et ont pu se succéder, l'éviction de Litvinov marquant probablement le point tournant.

— Georges-Henri SOUTOU

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Pour citer cet article

Georges-Henri SOUTOU. GERMANO-SOVIÉTIQUE PACTE (1939) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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1939 à 1945. La Seconde Guerre mondiale - crédits : Encyclopædia Universalis France

1939 à 1945. La Seconde Guerre mondiale

Autres références

  • AFFICHE ROUGE L'

    • Écrit par Stéphane COURTOIS
    • 2 508 mots
    • 2 médias
    Mais après les pactes conclus par Hitler et Staline en août et septembre 1939, et l’entrée en guerre de la France le 3 septembre, le PCF, en raison de sa solidarité avec Moscou, s’opposa à la politique de défense nationale. Il fut dissous par le gouvernement de la IIIe République le 26 septembre...
  • BALTES PAYS

    • Écrit par Suzanne CHAMPONNOIS
    • 1 320 mots
    Leur situation géographique, entre le Reich et l'U.R.S.S., a une seconde fois associé le destin des trois pays. Annexés par Moscou à la suite du pacte germano-soviétique de 1939 qui mit un terme aux vingt années d'indépendance, les trois Républiques devinrent en 1940 des Républiques socialistes soviétiques....
  • COMMUNISME - Histoire

    • Écrit par Annie KRIEGEL
    • 13 863 mots
    • 10 médias
    ...allemande, plus traditionnellement conforme à la position de l'Empire russe et peut-être plus féconde si elle peut influencer en son cœur le système nazi. Le pacte germano-soviétique est lancé : signé le 23 août 1939 par Molotov et Ribbentrop, il peut être considéré comme une esquisse de partage du monde et...
  • COMMUNISME DANS LE MONDE JUSQU'À LA CHUTE DE L'URSS - (repères chronologiques)

    • Écrit par Olivier COMPAGNON
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    1848 Karl Marx et Friedrich Engels font paraître le Manifeste du parti communiste, dans lequel ils en appellent à une union internationale des travailleurs contre la bourgeoisie capitaliste.

    Septembre 1864 Création à Londres de la Ire Internationale, qui est dissoute dès 1876 au terme de nombreuses...

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