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OCÉAN ET MERS (Vie marine) Vie dans les grandes profondeurs

Particularités, adaptations et origine des faunes des profondeurs

L'absence de lumière d'origine solaire et le développement de la bioluminescence chez de nombreuses espèces de céphalopodes, de crustacés et de poissons ont pour conséquence une modification des organes de la vision : les yeux deviennent énormes, plus ou moins télescopiques, avec une densité très élevée de cellules rétiniennes photosensibles ou, au contraire, s'atrophient et disparaissent complètement.

Le développement pose également de sérieux problèmes aux espèces des grands fonds. Certaines espèces sont devenues incubatrices, vivipares ou à développement direct. Cependant, bon nombre d'espèces, par exemple chez les gastéropodes, possèdent des larves pélagiques qui gagnent la surface pour s'y nourrir et repartent au moment de la métamorphose vers les grandes profondeurs où vivent les adultes.

Dans plusieurs groupes d'invertébrés, les plus grandes formes connues vivent dans les profondeurs : c'est le cas des crustacés isopodes (Bathynomus) et amphipodes (Eurythenes), des pycnogonides (Colossendeis), des échinidés (Hygrosoma). On ignore les causes de ce gigantisme.

Malgré l'existence dans les profondeurs abyssales (5 000 m) de véritables fossiles vivants comme les monoplacophores (Neopilina), on considère actuellement qu'il existe une proportion plus élevée dans le domaine des marges continentales, entre 500 et 2 500 mètres environ. Chez les crinoïdes, les dorsales médio-océaniques ont servi de voie de pénétration vers les grandes profondeurs. Il en serait de même des mollusques gastéropodes (Neomphalus) et des crustacés cirripèdes (Neolepas) existant dans les peuplements associés à l'hydrothermalisme. Entre 6 000 et 11 000 mètres de profondeur, les peuplements des grandes fosses sont caractérisés par un nombre très réduit d'espèces et un taux d'endémisme assez élevé : ces peuplements ultra-abyssaux seraient les plus jeunes des peuplements profonds. Ce schéma général attribue ainsi aux peuplements des marges continentales un certain archaïsme et un rôle majeur dans la colonisation des plus grandes profondeurs. Si des groupes comme les éponges hexactinelles ou les holothuries élasipodes sont très anciennement adaptés à la vie en profondeur, d'autres groupes d'origine littorale, brusquement concurrencés par des formes nouvelles mieux adaptées, n'ont survécu qu'en gagnant les profondeurs où la compétition interspécifique est moins forte.

— Lucien LAUBIER

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de la Méditerranée, Marseille

Classification

Pour citer cet article

Lucien LAUBIER. OCÉAN ET MERS (Vie marine) - Vie dans les grandes profondeurs [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Écosystème des grandes profondeurs - crédits : campagne Biozaire 2, 2001

Écosystème des grandes profondeurs

Requin blanc - crédits : by wildestanimal/ Moment/ getty Images

Requin blanc

Autres références

  • ACCUMULATIONS (géologie) - Accumulations marines

    • Écrit par Jean-Pierre PINOT
    • 7 916 mots
    • 26 médias

    Les accumulations marines résultent soit de la sédimentation, soit de la construction biologique (cf. récifs).

    La sédimentation est l'abandon de matériaux meubles en cours de transport. L'agent de transport, s'il s’exerce de manière temporaire, donne lieu à des accumulations...

  • ACIDIFICATION DES OCÉANS

    • Écrit par Paul TRÉGUER
    • 2 201 mots
    • 5 médias

    Par sa capacité à dissoudre les gaz atmosphériques responsables de l'effet de serre, l'océan joue un rôle essentiel dans la régulation du climat. Toutefois, l'absorption de l'excès de dioxyde de carbone (CO2) rejeté par les activités humaines (anthropiques) depuis 1850...

  • ADRIATIQUE MER

    • Écrit par Universalis
    • 692 mots

    La mer Adriatique est un bras de la mer Méditerranée situé entre les péninsules italienne et balkanique. À son extrémité sud-est, le canal d'Otrante la relie à la mer Ionienne. Elle mesure environ 800 kilomètres de longueur, avec une largeur moyenne de 160 kilomètres, une profondeur maximale de...

  • AMÉRIQUE (Structure et milieu) - Géologie

    • Écrit par Jean AUBOUIN, René BLANCHET, Jacques BOURGOIS, Jean-Louis MANSY, Bernard MERCIER DE LÉPINAY, Jean-François STEPHAN, Marc TARDY, Jean-Claude VICENTE
    • 24 158 mots
    • 23 médias
    Les plaines côtières de l'Atlantique et du golfe du Mexique se suivent du New Jersey au Yucatán. Leur genèse est étroitement liée à l'évolution de l'Atlantique et aux transgressions et régressions marines qui se sont succédé depuis le Jurassique.
  • Afficher les 130 références

Voir aussi