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NERVEUX (SYSTÈME) Le neurone

La mort des neurones

Les neurones ne meurent généralement pas avant la mort de l'organisme entier. Toutefois, plusieurs types de traumatismes et de pathologies peuvent raccourcir la durée de leur existence. Les neurones qui disparaissent ainsi sont rarement remplacés car il subsiste peu de cellules souches capables de se différencier en neurones dans le système nerveux mature. Comme la plupart des cellules, les neurones peuvent mourir de deux manières différentes : par nécrose ou par apoptose.

La nécrose est produite par un traumatisme aigu, chimique ou mécanique. La cellule gonfle puis se détruit (lyse) et son contenu se disperse dans le milieu extracellulaire. Cette dispersion provoque généralement une réaction d'inflammation et inflige un traumatisme secondaire au tissu environnant.

L'apoptose peut survenir dans une grande variété de situations. Le noyau de la cellule se condense, la cellule se fragmente sans disperser son contenu et les fragments sont rapidement éliminés par le tissu environnant. Cette forme de mort cellulaire requiert souvent la production par la cellule de protéines spécialisées, ce qui fait dire que la cellule prend part de façon active à sa propre élimination (on parle de « suicide cellulaire » ou de « mort cellulaire programmée ») afin de ne pas endommager le tissu voisin.

La mort des neurones par apoptose, fréquente au cours du développement (cf. supra), survient également lorsque le neurone détecte une anomalie dans son propre fonctionnement et qu’il dispose d'un temps de survie suffisant pour mettre en place les mécanismes spécifiques de ce type de mort cellulaire. Par exemple, l'apoptose est déclenchée par des anomalies du métabolisme qui produisent l'accumulation de radicaux libres dans la cellule, ou par un excès de calcium intracellulaire dû à une déchirure de la membrane.

L'organisation du système nerveux en réseau a pour inconvénient de permettre la propagation à distance des effets d’une lésion locale. Cette propagation peut s’effectuer des terminaisons nerveuses vers le corps cellulaire : suivant les principes mis en œuvre au cours de leur développement, la survie de nombreux neurones est suspendue à la présence de molécules neurotrophiques continûment produites au niveau de leurs terminaisons par d'autres cellules. La lésion et la mort de ces cellules suppriment la source du signal de survie et provoquent donc la mort des neurones qui y sont connectés, alors qu'eux-mêmes n'ont subi aucune lésion.

Les effets d'une lésion peuvent également se propager du corps cellulaire vers les terminaisons : les neurones en dégénérescence ne sont plus capables de maintenir la ségrégation des ions de part et d'autre de la membrane. Ils deviennent donc dépolarisés et émettent alors un grand nombre de potentiels d'action dans leurs axones. Cette activité électrique anormale va dans un certain nombre de cas exciter (dépolariser) les neurones cibles et provoquer un influx de calcium, par exemple en activant des canaux perméables au calcium. Ces concentrations anormales de calcium vont alors provoquer la dégénérescence des cellules cibles. Ainsi, l'interruption accidentelle de la circulation sanguine dans une région du cerveau provoque la dégénérescence rapide ( nécrose) des neurones de cette région et peut entraîner la dégénérescence par excitotoxicité d'un volume de tissu nerveux sensiblement plus grand que celui de la lésion initiale.

La compréhension des mécanismes de mort cellulaire représente un enjeu thérapeutique majeur pour les maladies neurodégénératives, c'est-à-dire liées à la mort de types particuliers de neurones, comme la maladie d'Alzheimer, la maladie de Parkinson, la maladie de Huntington, la sclérose latérale amyotrophique.

En conclusion, l'analyse des fonctions du système nerveux est une tâche considérable,[...]

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Écrit par

  • : docteur ès sciences naturelles, agrégé de physiologie-biochimie, maître de recherche à l'I.N.S.E.R.M.
  • : docteur en biologie, neurobiologiste

Classification

Pour citer cet article

Michel HAMON et Clément LÉNA. NERVEUX (SYSTÈME) - Le neurone [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Neurone moteur d'un muscle strié - crédits : Ed Reschke/ Stone/ Getty Images

Neurone moteur d'un muscle strié

Autres références

  • ORGANISATION DISCONTINUE DU TISSU NERVEUX

    • Écrit par Pascal DURIS
    • 249 mots

    Les éléments qui composent le tissu nerveux sont-ils en continuité ou seulement en contiguïté ? La question oppose, à la fin du xixe siècle, les « réticulistes », partisans d'un tissu nerveux constitué de cellules anastomosées par leurs dendrites et leurs axones en de véritables réseaux...

  • ACARIENS

    • Écrit par Jean-Louis CONNAT, Gabriel GACHELIN
    • 6 631 mots
    • 2 médias
    La plupart des acariens possèdent un système nerveux très condensé, limité à une masse ganglionnaire – appelée synganglion ou « cerveau » – entourant la partie antérieure du tube digestif. Le synganglion est inclus dans un sinus du système circulatoire recevant l'aorte dorsale. De nombreuses cellules...
  • ACÉTYLCHOLINE

    • Écrit par Paul MANDEL
    • 1 910 mots
    • 2 médias
    L'ACh existe dans le tissu nerveux essentiellement sous forme inactive liée à une protéine, ce qui la protège contre la destruction enzymatique. Dès sa libération, elle subit une hydrolyse par l'acétylcholinestérase (AChE). Presque simultanément la choline-acétylase assure la néosynthèse d'ACh qui est...
  • ADRÉNALINE

    • Écrit par Jacques HANOUNE
    • 3 565 mots
    • 2 médias
    C'est également sous forme de granules que la noradrénaline est, elle aussi, stockée dans les terminaisons nerveuses. La concentration en catécholamines de ces granules est moins grande que dans les granules de la médullo-surrénale ; le rapport noradrénaline/ATP y est différent (de 12 à 18/1). La libération...
  • AGRESSION (psychologie sociale)

    • Écrit par Laurent BÈGUE
    • 902 mots

    L’agression est définie comme un comportement qui vise à blesser intentionnellement un individu motivé à se soustraire à ce traitement. Les recherches conduites sur les formes et fonctions du comportement agressif ont mobilisé des méthodologies extrêmement variées (statistiques publiques judiciaires...

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Voir aussi