Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

NAVIRES Navires de plaisance

La mer a de tout temps attiré l'homme. Toutefois, pendant des millénaires, l'accès à ce milieu était limité par l'hostilité, les dangers et les mystères des océans. La navigation était alors restreinte à des usages commerciaux (pêche, transport) ou à l'expression de la puissance des nations. Jusqu'à une époque récente, seuls certains privilégiés ou passionnés se risquaient en mer pour leur plaisir. Ces véritables aventuriers ont écrit une histoire toute de panache et d'efforts, parfois entachée de larmes, créant un mythe qui allait faire rêver et, plus tard, contribuer à démocratiser la navigation de plaisance lorsque les conditions techniques et économiques le permettraient.

Il a fallu attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale et, surtout, les années 1960, pour que celle-ci connaisse un véritable essor. De nombreux facteurs y ont concouru : sur le plan sociologique, la recherche d'évasion et de liberté, ainsi que l'importance croissante des loisirs dans la société ; sur le plan économique, l'amélioration du niveau de vie dans les pays occidentaux ; sur le plan technologique, le développement de la production en série ; sur le plan sportif, le succès rencontré par certaines courses à la voile et la médiatisation des coureurs.

Historique

On ne sait pas vraiment à quelle époque remontent les premiers usages d'un navire pour le plaisir et la distraction. Les premiers plaisanciers naviguaient à la voile et, sans doute aussi, à la rame. Dès l'Antiquité, certaines galères furent utilisées pour des cérémonies, des fêtes, ou même des courses... La navigation à la voile s'est aussi développée sur les rives du Nil et en Méditerranée, dans les civilisations assyrienne, phénicienne, égyptienne... Cependant, la plupart des traités historiques datent l'origine de la plaisance beaucoup plus récemment, vers la fin du xvie siècle, aux Pays-Bas et en Angleterre.

Le mot anglais yacht, qui est couramment utilisé en français aujourd'hui pour désigner un navire de plaisance à moteurs, mais aussi souvent un voilier, a pour origine les mots néerlandais jaght schip, apparus vers la fin du xvie siècle. Le verbe jaghen, signifie chasser, poursuivre, et schip veut dire navire. Cette étymologie souligne que le navire de course est à la base et au centre du développement de la plaisance dès ses débuts.

La noblesse à la barre

Étant équipés de dérives (appendice de coque relevable permettant de faire varier le tirant d'eau), les premiers yachts néerlandais du xviie siècle étaient adaptés à une navigation par petits fonds le long des côtes et estuaires des Pays-Bas. Leur transposition en Angleterre donna des navires plus profonds, étroits et sans dérive. Les premières courses voyaient s'affronter les différents membres des familles royales d'Europe, et particulièrement d'Angleterre. Le roi Charles II et son entourage régataient ainsi sur les bords de la Tamise vers les années 1670. La navigation de plaisance était alors une activité exclusivement réservée à la noblesse. La plupart des yachts étaient inscrits sur les registres des marines de guerre officielles. Leur nombre était restreint, par exemple quelques dizaines en Angleterre vers la fin du xviie siècle.

Le rassemblement des équipages de ces yachts, ainsi que l'organisation de rencontres ou de courses sont à l'origine de la création des fameux yachts clubs (on dirait aujourd'hui clubs ou sociétés nautiques), hauts lieux de l'aristocratie et de la noblesse. Les premiers d'entre eux semblent être le Water Club de Cork, apparu en Irlande du sud vers 1720, puis la Cumberland Sailing Society, créée en 1775 et devenue en 1823 le Royal Thames Yacht Club, et le Yacht Club, fondé en 1815 à Londres et devenu en 1833 le Royal Yacht Squadron. Ce dernier, installé à Cowes, va contribuer[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : ingénieur de l'armement (génie maritime), architecte naval, président du bureau d'architecture André Mauric

Classification

Pour citer cet article

Jean-Charles NAHON. NAVIRES - Navires de plaisance [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Yacht <it>Acajou</it> - crédits : Chantiers de l'Estérel

Yacht Acajou

Autres références

  • BRICK

    • Écrit par Jacques MÉRAND
    • 72 mots

    Apparu après 1750, le brick est un petit navire de guerre à voile, son importance étant désignée par le nombre de bouches à feu : brick de douze, de dix-huit canons... Gréé en voiles latines sur deux mâts, il peut devenir un voilier très fin, le brick-aviso, destiné aux missions rapides. Le brick de...

  • BRUNEL MARC ISAMBARD (1769-1849) et ISAMBARD KINGDOM (1806-1859)

    • Écrit par Universalis
    • 1 011 mots

    Marc Isambard Brunel, le père, ingénieur français émigré, est né le 25 avril 1769 à Hacqueville (Eure) et mort le 12 décembre 1849 à Londres. Après avoir passé six années dans la marine, il rentre en France en 1793, en pleine période de la Terreur. Ses sympathies royalistes l'obligent...

  • CARBURANTS

    • Écrit par Daniel BALLERINI, Jean-Claude GUIBET, Xavier MONTAGNE
    • 10 527 mots
    • 9 médias
    Encore appelés « carburants marine », les carburants lourds sont utilisés dans des moteurs Diesel servant à la propulsion des gros navires et développant des puissances comprises entre 2 000 et 50 000 kilowatts.
  • CHINOISE (CIVILISATION) - Sciences et techniques

    • Écrit par Jean-Claude MARTZLOFF
    • 6 568 mots
    La construction navale ne s'est pas présentée de la même façon en Chine et en Europe : les jonques chinoises, capables de transporter jusqu'à un millier d'hommes, n'ont pas de quille ; leur proue, peu différente de leur poupe, n'est pas faite de bordages se rejoignant en étrave. De la forme rectangulaire...
  • Afficher les 39 références

Voir aussi