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NATIONALISME

Facteurs de différenciation et types de nationalismes

Si l'étude comparative révèle, entre les multiples formulations idéologiques du nationalisme, un certain nombre de dénominateurs communs, elle ne manque pas d'autre part de faire apparaître divers facteurs de différenciation dont on ne saurait négliger l'importance. Plusieurs critères peuvent à cet égard être retenus, dont la combinaison est susceptible de conduire à un essai de classification générale des divers types de nationalisme.

La situation historique

Il va de soi que le nationalisme d'un peuple assujetti n'est pas de même nature que le nationalisme du peuple qui le domine. Surtout, il convient, semble-t-il, de distinguer entre le nationalisme affirmant sa volonté de créer un État-nation et le nationalisme s'exprimant dans le cadre d'un État-nation déjà constitué. Le nationalisme peut ainsi se trouver à l'origine de l'État-nation : tel est le cas des nationalités nouvelles apparues au cours du xixe siècle européen et où le développement de la conscience nationale a précédé la fondation de l'État national. Mais, à l'inverse, le nationalisme peut aussi se développer à partir de l'État-nation : en ce qui concerne la France, par exemple, l'affirmation progressive du sentiment national au cours des temps modernes apparaît comme étroitement liée au développement territorial et administratif de l'État monarchique. À la limite, comme il existe des nations et des nationalismes en quête d'État-souverain, il peut également exister des États souverains en quête d'une nation et d'un nationalisme.

La motivation doctrinale et idéologique

Très schématiquement, et compte tenu d'une extrême diversité de nuances intermédiaires, il serait possible de distinguer à cet égard dans le monde contemporain un nationalisme de type démocratique, un nationalisme de type traditionaliste et autoritaire, et un nationalisme de type socialiste. Dans certains pays et pour certaines familles de pensée, le nationalisme reste lié, aussi étroitement qu'il l'était partout au début du xixe siècle, à la philosophie et à l'éthique des Droits de l'homme. Il demeure associé, dans d'autres cas, aux doctrines et aux systèmes politiques organisés autour des notions d'ordre, d'autorité et de hiérarchie. Dans d'autres cas enfin, il apparaît comme inséparable de toute une conception collectiviste du devenir des sociétés humaines.

L'attitude sociale

La prise en considération de l'attitude sociale conduit à distinguer un nationalisme de la satisfaction ou de l'euphorie et un nationalisme de l'inquiétude et de l'angoisse, le premier se développant dans un climat affectif de puissance triomphante et de sentiment collectif de supériorité, le second dans un climat d'aliénation, de rétraction et de menace. Mais il conviendrait également de distinguer un nationalisme lié à des attitudes sociales essentiellement conservatrices et un nationalisme de la révolte ou du refus. Constatation qui ne peut manquer de poser le problème du nationalisme en tant que facteur de dynamisme transformateur d'une société. En fait, certains nationalismes peuvent jouer, dans l'évolution d'une collectivité, un rôle de frein, de mécanisme de blocage : c'est dans ses cadres traditionnels qu'ils tendent à la maintenir ou à la figer. D'autres, au contraire, constituent des éléments puissants de mouvement et d'accélération : l'élan qu'ils impriment, la pression qu'ils exercent sollicitent les novations et précipitent les mutations.

L'évolution économique

Dans certaines circonstances, le nationalisme est capable de remplir une fonction d'importance non négligeable dans le processus du développement économique. La prise de conscience d'un « retard[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'Institut d'études politiques de Paris

Classification

Pour citer cet article

Raoul GIRARDET. NATIONALISME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ACTION FRANÇAISE

    • Écrit par Universalis, Jean TOUCHARD
    • 5 156 mots
    • 2 médias
    ...qu'il a réalisé, avec toutes les apparences de la rigueur la plus absolue (« Il est, écrivait-il, des vérités que tout établit, que rien ne dément. »), l'amalgame de deux tendances jusqu'alors bien distinctes et même longtemps opposées : le traditionalisme contre-révolutionnaire et lenationalisme.
  • AFFAIRE DREYFUS

    • Écrit par Sylvain VENAYRE
    • 249 mots
    • 1 média

    Passé en conseil de guerre en 1894 pour intelligence avec l'Allemagne, le capitaine Dreyfus est condamné grâce à de fausses preuves. Lorsque celles-ci sont découvertes, la défense d'Alfred Dreyfus s'organise. C'est « J'accuse », l'article du romancier Émile...

  • AFRIQUE (Histoire) - De l'entrée dans l'histoire à la période contemporaine

    • Écrit par Hubert DESCHAMPS, Jean DEVISSE, Henri MÉDARD
    • 9 654 mots
    • 6 médias
    ...supplémentaire compte. L'Afrique occidentale française (AOF) envoie 135 000 hommes en Europe au cours de la Première Guerre mondiale : les tirailleurs sénégalais. Le coût de l'affrontement entre les nationalismes européens est très élevé pour l'Afrique. Mais la conquête et la domination coloniale sont également...
  • AFRIQUE (Histoire) - Les décolonisations

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