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MUSÉOLOGIE

Nouvelle muséologie

Musée d'Orsay - crédits : Eduardo Fuster/ Universal Images Group/ Getty Images

Musée d'Orsay

En 1980, personne ne parlait de « nouvelle muséologie », et on ne parlait pas davantage de « nouveaux musées » pour évoquer les premières rénovations entreprises en France à la suite de la loi-programme de 1979. Il faut attendre la création en 1982 du mouvement Muséologie nouvelle et expérimentation sociale, à l'initiative d'Évelyne Lehalle, alors conservateur au musée d'Histoire de Marseille. Depuis cette date, la mise au point d'une doctrine fut possible, qui se fondait sur des textes et sur les premières réalisations élaborés à partir de la fin des années 1960.

Les fondements doctrinaux

Le premier objectif était de restituer le musée à ceux auxquels il aurait toujours dû appartenir et de faire du musée une institution culturelle à la disposition du plus grand nombre. Les principales voies pour atteindre cet objectif étaient, d'une part, le langage de la communication muséale ; d'autre part, la multiplication des musées communautaires. Musées territoriaux ou musées thématiques exprimant un groupe culturel, social ou professionnel, dont on utilise généralement le patrimoine pour construire l'image, les musées d'identité connurent un regain de vie pendant les années 1970. Même s'ils ne portaient pas la même dénomination commune, ils avaient déjà pris la forme des musées de folklore, des musées de plein air scandinaves, des Heimatsmuseum dans les pays germaniques ou des maisons de pays en France. C'est dans la vague de ces musées d'identité que se sont glissés les musées communautaires, caractérisés par leur mode de fonctionnement, au sein duquel le groupe social, culturel ou professionnel n'est pas seulement la matière formant l'image mais est aussi l'acteur principal (comme c'est le cas dans les musées de voisinage ou les écomusées). Sans que cette vague soit vraiment morte et que l'exigence communautaire ait disparu, il est apparu depuis lors que les musées d'identité ne pouvaient suffire à régler tous les problèmes des musées classiques et qu'il était dangereux d'en faire l'appui, voire l'arme de guerre, de politiques contestables.

Le deuxième objectif fut de faire passer les idées avant les réalisations. Les musées à programme et les expositions-discours, comme certains les désignaient avec une nuance péjorative, n'étaient certes pas une nouveauté, mais il fallait en justifier l'existence devant ceux qui continuaient à les ignorer.

Le troisième objectif fut de rendre leur autonomie aux objets par rapport à leur milieu d'exposition en les donnant à voir de manière neutre, puis de les faire dialoguer pour les faire pleinement signifier.

Trois textes prenaient valeur de manifeste, qui avaient fait l'objet de communications en septembre 1971, à Grenoble, lors de la IXe conférence générale du Conseil international des musées ( I.C.O.M.) dont le thème était Le Musée au service des hommes, aujourd'hui et demain. En premier lieu celle de Duncan F. Cameron, muséologue canadien, qui, depuis quelques années, revendiquait pour le musée un langage de communication approprié et défendait une conception plus ouverte de l'institution (Le Musée, temple ou forum). Ensuite, celle de John Kinard, pasteur de Washington qui, dans le quartier noir d'Anacostia, sur les bords du Potomak, avait implanté un des premiers musées communautaires. La troisième était d'un universitaire dahoméen, Stanislas F. Adotevi, qui remit en question les fondements mêmes du musée dans sa conception occidentale, à la fois d'élitisme et de sacralisation artificielle. On ne saurait toutefois passer sous silence l'apport de deux autres « maîtres à penser ». Hugues de Varine, directeur de l'I.C.O.M. de 1962 à 1974, soucieux de formules qui donneraient – ou rendraient – au musée une fonction plus sociale, et [...]

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Écrit par

  • : conservateur en chef au musée du Louvre, ancien élève de l'École normale supérieure, professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
  • : conservateur général, chargé de mission à la direction des musées de France
  • : directrice de recherche émérite au CNRS

Classification

Pour citer cet article

Germain BAZIN, André DESVALLÉES et Raymonde MOULIN. MUSÉOLOGIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Musée d'Orsay - crédits : Eduardo Fuster/ Universal Images Group/ Getty Images

Musée d'Orsay

Salle de <it>La</it> <it>Joconde </it>au musée du Louvre - crédits : M. Rosan/ Age Fotostock

Salle de La Joconde au musée du Louvre

Musée des Arts et Métiers - crédits : Christophe Lehenaff/ Photononstop

Musée des Arts et Métiers

Autres références

  • AGLAE (Accélérateur Grand Louvre d'analyse élémentaire)

    • Écrit par Jean-Pierre MOHEN
    • 328 mots

    A.G.L.A.E. (Accélérateur Grand Louvre d'analyse élémentaire), accélérateur électrostatique tandem de 2 millions de volts construit par National Electrostatics Corporation (États-Unis), a été installé en décembre 1987 au Laboratoire de recherche des Musées de France. L'accélération de certaines particules...

  • ANGIVILLER CHARLES CLAUDE DE LA BILLARDERIE comte d' (1730-1809)

    • Écrit par Marie-Geneviève de LA COSTE-MESSELIÈRE
    • 607 mots
    • 1 média

    La faveur de Louis XVI vaut à d'Angiviller de remplacer, en 1774, le marquis de Marigny comme surintendant des bâtiments du roi. Ses idées sont plus personnelles que celles de son prédécesseur, mais il reconnaît la valeur de l'œuvre accomplie par lui grâce aux sages conseils dont il a su s'entourer...

  • ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Peinture

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