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MANNONI MAUD (1923-1998)

« Ce sont les racines inconscientes de ce racisme [anti-femme] que ce livre a tenté d'évoquer... » : ainsi commence la dernière phrase du dernier livre de Maud Mannoni, Elles ne savent pas ce qu'elles disent, paru quelques mois avant sa mort. Elle fait écho à celle qui, en 1969, termine un rapport rédigé à l'intention des parents de l'école de Bonneuil : « Le problème de la ségrégation n'est pas un problème purement politique. Au cœur de chacun de nous, il y a place pour le rejet de la folie, c'est-à-dire pour le rejet de notre propre refoulé. » Ces deux moments soulignent la permanence d'une question, qu'avec son « extraordinaire générosité », pour reprendre le mot de Lacan, elle avait faite sienne.

Parcours

Magdalena Van der Spoel est née le 22 octobre 1923 à Courtrai en Belgique. Sa petite enfance se déroule aux Indes, à Colombo, où son père est consul général des Pays-Bas. À l'âge de six ans, le retour en Belgique la sépare brutalement de la nourrice cinghalaise qui l'avait élevée. On retrouve, plus tard, dans ses études sur Kipling, Dickens et d'autres, la volonté de montrer comment l'écriture aura été pour ces écrivains et pour elle-même, une tentative de restaurer ce lien avec la première enfance, qui, brusquement rompu, a plongé le sujet dans une détresse qu'il ne peut nommer. « Je me suis identifiée à l'œuvre produite, c'est elle qui me „tient“ », écrira-t-elle.

Après des études de criminologie, elle fait une analyse, et, en 1948, est nommée membre de la Société belge de psychanalyse. Elle quitte aussitôt Bruxelles avec le projet d'aller à New York, mais se fixe à Paris, où elle rencontre Octave Mannoni, qu'elle épouse peu après. Elle travaille alors avec Françoise Dolto, reprend une analyse avec Lacan, et se rend régulièrement à Londres pour rencontrer Winnicott. Elle est membre, jusqu'à sa dissolution en 1980, de l'École freudienne de Paris fondée par Lacan.

Soucieuse de transmission, elle fonde, tout d'abord en 1982, avec Octave Mannoni et Patrick Guyomard, le Centre de formation et de recherches psychanalytiques, qui sera dissous, puis, en 1994, seule – son mari étant décédé en 1989 – l'association de formation psychanalytique et de recherches freudiennes, Espace analytique, qu'elle préside jusqu'à sa mort le 15 mars 1998.

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Écrit par

  • : psychanalyste, ancien psychiatre des hôpitaux, professeur à l'université de Paris-VII-Denis-Diderot

Classification

Pour citer cet article

Alain VANIER. MANNONI MAUD (1923-1998) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ANTIPSYCHIATRIE

    • Écrit par Robert LEFORT
    • 2 424 mots
    Ce qui caractérise un tel lieu d'accueil de la folie, écrit Maud Mannoni, « c'est une façon de débarrasser le sujet au maximum de tout cadre pour lui donner la possibilité de se retrouver par un processus conçu comme intérieur et spontané. Le malade y entre pour qu'y puisse s'y dérouler une...
  • ENFANCE (Les connaissances) - Enfant et psychanalyse

    • Écrit par Colette MISRAHI
    • 5 210 mots

    Ce serait une erreur de considérer la psychanalyse comme un corpus scientifique constitué une fois pour toutes, comme un système clos du savoir. Non seulement elle est un système ouvert, mais elle est constitutivement ce qui, dans l'ordre de la connaissance, doit être perpétuellement repensé,...

  • PSYCHOSE (psychanalyse)

    • Écrit par Pierre FÉDIDA, Pierre JUILLET, Hélène STORK
    • 10 054 mots
    ...partiel érotisé. Il ne peut donc accéder à la triangulation œdipienne pas plus qu'à l'ordre de la loi, qui est celui du symbole et du langage. Pour M.  Mannoni, la psychose de l'enfant peut être tenue pour la réalisation d'un fantasme parental et c'est au niveau de l'inconscient maternel et de son discours...

Voir aussi