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LA BÊTE HUMAINE, Émile Zola Fiche de lecture

La Bête humaine est le dix-septième volume des Rougon-Macquart. Écrit entre mai 1889 et janvier 1890, le roman a d’abord été publié en feuilleton dans La Vie populaire,avant de paraître en volume chez Charpentier,en mars 1890. Si, depuis Thérèse Raquin (1867), chaque livre d’Émile Zola (1840-1902) a été, malgré le succès public, diversement accueilli par la critique, celle-ci se montre particulièrement sévère à l’égard du roman, accusé d’une outrance morbide digne du Grand-Guignol. L’auteur, à dire vrai, ne pouvait guère se plaindre d’une telle réception, lui qui présentait ainsi son projet :« Je voudrais quelque chose d’hallucinant, d’effroyable [...], qui donne un cauchemar à toute la France ».

Par sa noirceur, par son approche à la fois naturaliste et épique, et par les thèmes qui y sont développés (hérédité sociale, pulsions violentes, emprise du corps...), La Bête humaine est tenu,avec LAssommoir,Germinalet Nana,pour l’une des œuvres les plus emblématiques de Zola. Une adaptation cinématographique très épurée en a été réalisée par Jean Renoir, en 1938, avec Jean Gabin dans le rôle de Jacques Lantier.

« Que de sang et d’horreurs »

Séverine Roubaud révèle à son mari, sous-chef de la gare du Havre, que son parrain, Grandmorin, riche et respectable magistrat, président de la Compagnie des chemins de fer de l’Ouest, a abusé d’elle lorsqu’elle avait seize ans. Fou de jalousie, Roubaud décide de se venger. Il force Séverine à écrire une lettre invitant Grandmorin à prendre le train pour la rejoindre à Rouen. Pendant ce temps, le mécanicien Jacques Lantier se trouve à La Croix-de-Maufras, non loin de l’ancienne maison de Grandmorin, chez sa marraine Phasie Misard, la femme du garde-barrière. Le couple a une fille de 18 ans, Flore, qui est amoureuse de Jacques. Leur fille cadette, Louisette, est morte quelques années plus tôt dans la cabane de Cabuche, un homme fruste vivant dans les bois, chez qui elle s’était réfugiée après avoir été violée et violentée par Grandmorin. Flore et Jacques se retrouvent par hasard dehors pendant la nuit. La jeune fille se moque de son « amour exclusif » pour Lison, sa locomotive. Troublé, il étreint la jeune fille, qui se défend mollement. Il est alors saisi d’une pulsion meurtrière, héritage de l’alcoolisme de sa mère, Gervaise, et réussit à s’enfuir juste avant de passer à l’acte. Tandis qu’il longe la voie ferrée, il croit voir commettre un meurtre dans le train qui passe à côté de lui à vive allure, et apprend peu après que le corps du président Grandmorin a été retrouvé sur la voie.

Le lendemain, au Havre, Roubaud et Séverine sont interrogés, au motif qu’ils se trouvaient dans le train et auraient un mobile pour assassiner Grandmorin, celui-ci leur ayant légué une maison afin d’acheter le silence de Séverine. Autre suspect : Cabuche, qui aurait pu vouloir venger Louisette. Jacques est entendu comme témoin puis assiste à l’interrogatoire des Roubaud, et devine qu’ils sont les assassins. Craignant d’avoir été reconnu par Jacques, Roubaud persuade sa femme de l’accompagner à Paris et de le séduire. À Paris, Séverine espère recueillir des informations sur l’enquête en se rendant chez Camy-Lamotte, secrétaire général au ministère de la Justice. Celui-ci constate que l’écriture de la lettre retrouvée sur le corps de Grandmorin est celle de Séverine. Il convainc néanmoins le juge Denizet d’abandonner la piste Roubaud afin de ne pas salir la réputation de Grandmorin. Il en informe Séverine, qui, soulagée, rentre au Havre. Entretemps, Jacques et elle sont devenus amis.

Un mois plus tard, l’affaire paraît classée. Un véritable amour est né entre lui et Séverine. Ils sont devenus amants. Jacques semble guéri, tandis que Roubaud commence à puiser dans l’argent volé à Grandmorin au moment du meurtre. Séverine s’en aperçoit,[...]

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Pour citer cet article

Guy BELZANE. LA BÊTE HUMAINE, Émile Zola - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • RENOIR JEAN

    • Écrit par Joël MAGNY
    • 2 364 mots
    • 2 médias
    ...réalisme, voire le naturalisme, d'autant qu'il adapte Flaubert (Madame Bovary), Gorki (Les Bas-Fonds, 1936), Maupassant (Partie de campagne), et de nouveau Zola (La Bête humaine). Inspiré par un fait-divers, Toni marque le point extrême de ce qu'il qualifiera de « crise de réalisme aigu ». Tourné sur les...
  • ZOLA ÉMILE (1840-1902)

    • Écrit par Henri MITTERAND
    • 3 070 mots
    • 2 médias
    ...sa seconde compagne, et lui donne deux enfants. Zola trouve ainsi une nouvelle énergie, qui lui permet d'achever Les Rougon-Macquart (Le Rêve, 1888 ; La Bête humaine, 1890 ; L'Argent, 1891 ; La Débâcle, 1892 ; Le Docteur Pascal, 1893), et d'apparaître désormais comme le maître incontesté du...

Voir aussi