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VERCOUTTER JEAN (1911-2000)

Né le 20 janvier 1911 à Lambersart (Nord), Jean Vercoutter s'initie à l'égyptologie auprès d'Alexandre Moret, de Raymond Weill et de Gustave Lefebvre, le maître très rigoureux de la grammaire hiéroglyphique ; en 1939, il est diplômé de la IVe section de l'École pratique des hautes études avec une thèse sur « Les Objets égyptiens et égyptisants du mobilier funéraire carthaginois ». Mobilisé en Alsace et fait prisonnier, il est rapatrié en 1941 et nommé chargé de mission au musée du Louvre. Pensionnaire à l'Institut français d'archéologie orientale du Caire de 1945 à 1949, il participe aux fouilles de Karnak et dirige celles de Tod. À son retour en France, il entre au CNRS (1949-1955). Durant ces années, il a effectué des recherches sur les relations entre Égyptiens et Préhellènes ; avec autant d'érudition que de prudence critique, il dégage des sources égyptiennes des conclusions fermes et pondérées, fournissant une documentation et des éléments de réflexion d'importance sur ces deux grandes civilisations : la pharaonique et la crétoise (relayée par Mycènes). C'est pourquoi les hellénistes lui savent gré d'une contribution fondamentale à notre connaissance de la Méditerranée du IIe millénaire avant notre ère.

Jean Vercoutter a également pris conscience de l'intérêt exceptionnel que présentent les rapports de l'Égypte avec une Afrique plus profonde : il s'intéresse aux vestiges conservés dans l'actuel Soudan ; avec les fouilles de Kor (près de Bouhen) en 1953-1954, puis de l'île de Saï (en amont de la deuxième cataracte) à partir de 1954, il s'engage en des territoires mal connus où, jusqu'alors, peu de chercheurs s'étaient aventurés. Sur cette haute vallée du Nil, Jean Vercoutter va ainsi reprendre la tradition de Frédéric Cailliaud de Nantes, dont l'expédition de 1821 demeure célèbre. Il faut avoir traversé les solitudes de la Nubie et du Soudan, les immenses étendues de désert, les énormes barrages rocheux qui constituent les « cataractes » pour mesurer ce qu'un tel travail nécessite de force de caractère, avec ses problèmes difficiles de ravitaillement, de matériel, de main-d'œuvre.

L'heure étant venue de la décolonisation et d'une transition vers la « soudanisation » des postes, Jean Vercoutter est appelé à la direction de l'Antiquities Service de Khartoum. Il y restera de 1955 à 1960, participant en particulier à la campagne d'action et de sauvegarde des vestiges archéologiques de la Nubie soudanaise voués à la submersion sous les hautes eaux du barrage d'Assouan. Plus tard, il continuera les fouilles sur les sites de Mirgissa, d'Aksha et de l'île de Saï. Des publications maîtresses jalonnent son activité : ses fouilles ont apporté des informations neuves sur l'expansion de la civilisation de Kerma, c'est-à-dire du premier grand royaume africain qui s'est développé à partir du bassin de Dongola, de 2300 environ à 1500 avant notre ère ; ses contributions portent aussi sur bien d'autres aspects de la culture soudanaise, jusqu'aux souverains de Napata et de Méroé. Dans le sillage de son œuvre de pionnier, une section archéologique française permanente au Soudan sera créée en 1967.

Ayant élargi les perspectives d'une étude d'ensemble des millénaires anciens de l'histoire de la vallée du Nil, Jean Vercoutter n'a pas manqué cependant de fournir des apports très substantiels à la connaissance de l'Égypte pharaonique elle-même : synthèses sur les bas-reliefs et les peintures de l'époque des pyramides dans la collection L'Univers des formes, Gallimard ; publication en deux volumes des stèles du Serapeum de Memphis ; rédaction du premier volume de La Nouvelle Histoire de l'Égypte pharaonique[...]

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Écrit par

  • : secrétaire perpétuel de l'Académie des inscriptions et belles-lettres

Classification

Pour citer cet article

Jean LECLANT. VERCOUTTER JEAN (1911-2000) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ÉGYPTE ANTIQUE (Histoire) - L'archéologie

    • Écrit par Jean LECLANT
    • 9 512 mots
    • 9 médias
    ...étude systématique ; cet énorme massif de briques crues, où l'on reconnaît plusieurs périodes de construction, semble avoir eu une destination religieuse. Un autre site de la culture Kerma réside dans l'île de Saï : une grande nécropole et une agglomération ont été fouillées par une mission française, dirigée...

Voir aussi