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PONTY JEAN-LUC (1942- )

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Les violonistes se sont invités en intrus au royaume du jazz. Pourtant bien présents dès l'origine, leur sonorité ténue peine à se faire entendre face à la puissance dominatrice des cuivres. Rares sont ceux qui ont réussi, sur les traces de Joe Venuti (1903-1978), d'Eddie South (1904-1962), de Stuff Smith (1909-1967) et de Michel Warlop (1911-1947), à s'affranchir de l'esthétique classique et à s'imposer comme solistes à part entière. Le Français Jean Luc Ponty est parvenu à se libérer des arabesques aériennes tissée par l'archet de l'enchanteur Stéphane Grappelli pour défricher un territoire inconnu dont une nouvelle génération d'instrumentistes – Didier Lockwood, Dominique Pifarély, Pierre Blanchard – poursuivra l'exploration.

Jean Luc Ponty naît le 29 septembre 1942, à Avranches (Manche). Ses parents, tous deux professeurs de musique, lui donnent, dès ses cinq ans, de premières leçons de violon et d'harmonie. En 1955, il délaisse ses études secondaires pour se consacrer exclusivement à son instrument, avec l'ambition de devenir soliste. Il entre au Conservatoire national supérieur de musique de Paris en 1958 et y achève sa formation avec un premier prix de violon décerné en 1960. Entre-temps, il a découvert le jazz dans les clubs de la capitale et s'est même essayé à la clarinette ainsi qu'au saxophone ténor. Pendant trois ans, il appartient à l'Orchestre des Concerts Lamoureux, mais intègre parallèlement la formation de Jef Gilson, qui tente de rapprocher, avec les meilleurs improvisateurs français – comme Michel Portal, Bernard Lubat, Jacques Thollot, Ivan Jullien, Jacques Di Donato, Henri Texier, François Jeanneau, André Jaume... –, la musique savante et le langage du jazz (1961-1964). En 1964, il enregistre son premier album en solo, Jazz Long Playing. Son triomphe au festival de jazz d'Antibes Juan-les-Pins en 1964 décide de l'orientation définitive de sa carrière. Dans un style directement dérivé du bop, Ponty impose d'emblée, avec un son mat, rugueux, presque sans vibrato, un univers aux antipodes des gracieux sortilèges d'un Stéphane Grappelli. Il multiplie les tournées, se produit en compagnie de Daniel Humair et d'Eddy Louiss au sein du trio HLP, commence à fréquenter les studios. En 1967, John Lewis, pianiste du Modern Jazz Quartet, l'invite à participer au festival de jazz de Monterey (Californie), où il fait une forte impression.

Sa carrière prend, aux États-Unis, un très rapide essor. Ponty y découvre tout à la fois le monde du rock et les possibilités qui sont offertes tant par l'électronique que par l'amplification électrique de son instrument. Il travaille avec Frank Zappa – qui compose la musique de son album King Kong (1969) – et enregistre l'album The Jean-Luc Ponty Experience avec le trio du claviériste George Duke, qui comprend John Heard à la contrebasse et Dick Berk à la batterie. Il participe à l'élaboration du disque Honky Chateau d'Elton John (1972). Il se fixe à Los Angeles, aux États-Unis, en 1973 et utilise désormais un violon électrique dont les quatre cordes habituelles peuvent être complétées par une ou deux cordes basses supplémentaires. Il rejoint Frank Zappa et son ensemble The Mothers of Invention avant d'entrer, en 1974, dans le Mahavishnu Orchestra de John McLaughlin, avec qui il réalise les albums Apocalypse (1974) et Visions of the Emerald Beyond (1975). Le label Atlantic Records, avec lequel il signe en 1975 un contrat d'exclusivité de dix ans, offre à l'animateur, au violoniste mais aussi au praticien des claviers, une grande liberté créatrice. Pendant cette période, douze albums verront le jour – parmi lesquels Aurora (1976), Imaginary Voyage (1976), Cosmic Messenger (1978), A Taste for Passion (1979), Mystical Adventures (1982), Open[...]

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Pour citer cet article

Pierre BRETON. PONTY JEAN-LUC (1942- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Autres références

  • LOUISS EDDY (1941-2015)

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    Inclassable Eddy Louiss ! Vocaliste acrobate et talentueux trompettiste dès ses débuts, percussionniste et maître reconnu des claviers (orgue, synthétiseur et piano), compositeur et chef d’orchestre, ce musicien sans frontières a su mêler dans un cocktail au goût relevé racines caraïbes et passion pour...