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ḤUSAYN IBN ‘ALĪ (1856-1931)

Né au Hedjaz, Ḥusayn ibn ‘Alī appartient aux ‘Abadila, l'un des clans de descendants du Prophète, qui, depuis 961, fournit les responsables locaux de la ville sainte, nommés par les califes de l'Islam. Il reçoit d'abord une éducation dans le milieu tribal avant de séjourner, de 1881 à 1908, dans la capitale ottomane. Il accède à cette dernière date aux fonctions de chérif de La Mecque. Ayant une très bonne connaissance du monde du désert et des dirigeants turcs, il est un vassal apprécié de l'Empire. Il maîtrise ainsi en 1910 une rébellion dans l'Asir et tente par la suite, sans y réussir, de soumettre la région du Kasim, en Arabie centrale. Mais après l'intervention italienne en Libye (1911-1912) et les guerres balkaniques (1912-1913), qui affaiblissent l'Empire ottoman, il laisse apparaître des ambitions nouvelles, suscitées notamment par ses contacts avec les nationalistes arabes du Levant. Il s'oppose en particulier en 1913 à l'extension jusqu'à La Mecque de la voie ferrée Damas-Médine. Dans le même temps, tout en ménageant encore les intérêts turcs, il entre en relation avec les Anglais, qui cherchent, d'une part, à contrôler le monde arabe et, d'autre part, à trouver dans le monde islamique un contrepoids à l'hostilité virtuelle du calife musulman. Nul ne pouvait mieux remplir ce rôle que le descendant du Prophète, gardien des lieux saints. Après le début de la Première Guerre mondiale, une correspondance s'engage entre le chérif Ḥusayn et sir Henry McMahon, haut-commissaire britannique en Égypte. Elle comprend dix lettres échelonnées du 14 juillet 1915 au 10 mars 1916, qui ont pour objet de rechercher les termes d'un accord entre les deux parties, le chérif devant organiser la révolte contre les Turcs, et les Anglais reconnaître l'indépendance des Arabes. Mais les contacts des Anglais avec les dirigeants du mouvement sioniste, qui aboutiront à la création d'un foyer national juif en Palestine, et les accords conclus avec les Alliés, en particulier les Français, introduisent des incertitudes sur les limites du « royaume arabe » et font de cette négociation « un monument d'ambiguïté ». Divers événements — pendaisons de nationalistes arabes à Damas, arrivée en renfort d'une brigade turque à Médine — amènent le chérif à lever l'étendard de la révolte contre les Turcs en juin 1916. Il se fait proclamer peu après roi des Arabes, mais n'est reconnu par les Alliés que comme souverain du Hedjaz. Ses troupes, soutenues par des militaires français et anglais, participent aux combats, et surtout à la guérilla contre les forces turques qui gardent cependant le contrôle de Médine jusqu'à la fin des hostilités. À la Conférence de la paix qui se tient à Versailles en 1919, le chérif est représenté par son troisième fils Fayṣāl, accompagné du colonel Lawrence, mais il refuse d'approuver le règlement prévu par le traité (le système des mandats), qu'il estime contraire aux promesses faites. Son rôle est cependant de plus en plus contesté en Arabie même, notamment par l'émir du Nadjd, ‘Abd al-‘Aziz ibn Sa‘ūd. Après la suppression du califat par l'Assemblée nationale d'Angora, le chérif Ḥusayn se fait proclamer, le 12 mars 1924, calife de l'Islam. Quelques mois plus tard, les ikhwān wahhabites d'Ibn Sa‘ūd s'emparent de Taïf, la capitale d'été du vieux roi, qui abdique le 5 octobre 1924 en faveur de son fils aîné ‘Alī. Celui-ci tente après la prise de La Mecque, le 14 octobre, de résister à partir de Djeddah. Il abdique à son tour en décembre 1925 et finira ses jours auprès de son frère Fayṣāl à Bagdad. Le chérif Ḥusayn, qui avait suivi jusque-là les événements à Akaba en Transjordanie, est alors conduit par les Britanniques à [...]

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Écrit par

  • : professeur à l'Institut national des langues et civilisations orientales

Classification

Pour citer cet article

Robert SANTUCCI. ḤUSAYN IBN ‘ALĪ (1856-1931) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ARABIE

    • Écrit par Universalis, Robert MANTRAN, Maxime RODINSON
    • 7 614 mots
    ...de la côte du golfe Persique, exercèrent une influence prépondérante sur les Saoudiens grâce à Harry Saint John Philby et sur le chérif de La Mecque, Husayn b. ‘Alī (de la famille hashémite), grâce au fameux colonel Thomas Edward Lawrence. Celui-ci poussa à la révolte arabe contre les Turcs...
  • ARABISME

    • Écrit par Universalis, Maxime RODINSON
    • 5 530 mots
    • 6 médias
    ... de l'Empire ottoman aux côtés de l'Allemagne et de l'Autriche-Hongrie (2 nov. 1914), les options se radicalisent. Le chérif de La Mecque, Ḥusayn et ses fils, mus par l'intérêt dynastique et la haine des Jeunes-Turcs, entrent en relation avec les nationalistes arabes du Croissant fertile groupés...
  • CHÉRIFAT

    • Écrit par Georges BOHAS
    • 253 mots

    De l'arabe sharīf : titre donné à celui qui se distingue par l'honneur, la gloire, la noblesse de sa personne et de son lignage. Le sharīf occupant un haut rang social, on comprend donc que ce titre ait été revendiqué en propre par une famille illustre entre toutes, celle du Prophète,...

  • FAYṢĀL Ier (1885-1933) roi d'Irak (1921-1933)

    • Écrit par Universalis
    • 604 mots

    Homme d'État arabe, leader nationaliste et roi d'Irak (1921-1933), né le 20 mai 1885 à La Mecque, mort le 8 septembre 1933 à Berne.

    Faysal est le fils de Husayn ibn 'Ali, émir et grand chérif de La Mecque qui dirige le Hedjaz de 1916 à 1924. La Première Guerre mondiale fournit une occasion...