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GRÈCE ANTIQUE (Histoire) La Grèce antique jusqu'à Constantin

Rien ne semblait a priori destiner la péninsule grecque à être le centre d'une des plus brillantes civilisations de l'histoire, de la première surtout qui sut poser les problèmes auxquels l'homme n'a pas encore fini de chercher des réponses. Le pays est en effet aride, le relief compartimenté, le climat rude l'hiver, chaud l'été. Peu de grandes plaines, sauf dans le Nord (Macédoine, Thessalie). Ailleurs, de petites plaines entourées de reliefs escarpés, où l'homme a dû s'accrocher pour tirer de quoi subvenir à ses besoins. Peu de ressources minérales, et notamment très peu de fer. Des communications malaisées par voie de terre. Mais partout, la mer pénètre profondément par toutes les échancrures du relief, une mer parsemée d'îles, où la navigation n'est pas toujours facile, mais qui constitue la voie principale de tous les échanges et de tous les contacts.

Faut-il alors, comme on a été tenté de le faire, parler de « miracle grec », imaginer une terre privilégiée où des hommes plus intelligents auraient tout inventé ? Ce serait méconnaître une réalité beaucoup plus complexe, prendre Athènes pour la Grèce tout entière, ignorer qu'à Athènes même subsistaient des traces d'un passé obscur et primitif. Ce serait oublier aussi que cette civilisation brillante, cette culture raffinée n'ont été possibles que parce que l'homme libre se déchargeait d'une partie du soin d'assurer sa subsistance sur une masse d'esclaves ou de dépendants qui lui demeuraient à jamais étrangers, comme ils étaient étrangers à la vie de la cité. Nier la réalité de l'esclavage grec, sous prétexte de laver la Grèce d'une souillure qui la ternit, c'est se refuser à voir les faits, c'est aussi introduire dans la réflexion historique une sentimentalité dont elle n'a que faire. La Grèce antique n'a pas été ce monde de pureté auquel fait penser la blancheur de ses temples... qui d'ailleurs étaient peints de couleurs violentes ! C'est un monde de violence et de cruauté, de feu et de sang, qui a vécu presque perpétuellement en état de guerre. Mais c'est aussi le monde où pour la première fois les hommes ont pris en main leur destin et affirmé, face aux dieux et à ceux qui se voulaient leurs héritiers, l'égalité des hommes et le droit du plus humble, pourvu qu'il soit membre de la communauté civique, à juger des intérêts de la cité. Plus que le Parthénon, que les tragiques ou que l'éloquence démosthénienne, ce qui fait la grandeur de la Grèce ancienne, c'est d'avoir inventé la politique.

Migrations et peuplement

Premiers établissements et civilisation mycénienne

Dans ce pays si peu fait pour retenir l'homme, les premiers établissements humains apparaissent dès le Ve millénaire, parsemés et peu importants, mais qui témoignent qu'au Néolithique la Grèce était déjà habitée. Puis, vers la fin du IVe millénaire, de nouveaux arrivants s'installent dans le pays, atteignant des régions non encore habitées. On pense qu'ils étaient originaires d'Anatolie. La Grèce entre alors dans l'âge du bronze, et c'est à la fin de l'époque dite du bronze ancien, vers le début du IIe millénaire, qu'arrivent de nouveaux envahisseurs en qui on s'accorde à reconnaître les premiers Grecs, des Indo-Européens venus du nord. Ils n'apportèrent pas d'abord de notables modifications dans la vie des populations balkaniques. La plupart des termes qui, dans la langue grecque classique, désignent les cultures traditionnelles (blé, vigne, olives) sont des vocables d'origine anatolienne. On peut donc supposer que les premiers Grecs empruntèrent aux occupants primitifs ces termes et les techniques qu'ils recouvraient. Les Grecs apportèrent cependant avec eux deux nouveautés : le cheval et une céramique raffinée[...]

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Écrit par

  • : professeur au Centre universitaire de Vincennes
  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (IVe section)

Classification

Pour citer cet article

Claude MOSSÉ et Nicolas SVORONOS. GRÈCE ANTIQUE (Histoire) - La Grèce antique jusqu'à Constantin [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

-2000 à -1000. Les empires du Bronze - crédits : Encyclopædia Universalis France

-2000 à -1000. Les empires du Bronze

-1000 à -600. Le fer et les cavaliers - crédits : Encyclopædia Universalis France

-1000 à -600. Le fer et les cavaliers

Grèce antique, guerres médiques - crédits : Encyclopædia Universalis France

Grèce antique, guerres médiques

Autres références

  • BLASPHÈME

    • Écrit par Thomas HOCHMANN
    • 7 019 mots
    • 5 médias
    Dans la Grèce antique, le manque de respect envers les dieux pouvait conduire à la mort. Le procès de Socrate et sa condamnation à la peine capitale en sont l’illustration la plus connue. Si les Grecs ne parlaient pas à cet égard de « blasphème », mais d’« asébie » – άσέβεια, l’incrimination retenue...
  • L'ÂGE DES CASERNES (Michel Auvray) - Fiche de lecture

    • Écrit par Carole LABARRE
    • 953 mots

    « La conscription est bel et bien morte, prête à être rangée au musée militaire, aux côtés de l'arbalète, du sabre ou de l'ost féodal. » Par ces mots, Michel Auvray prend acte de la décision radicale annoncée par Jacques Chirac le 22 février 1996, programmant la suspension du ...

  • LES GRECS EN OCCIDENT (exposition)

    • Écrit par Claude ROLLEY
    • 1 364 mots

    Après Les Phéniciens en 1988 et Les Celtes en 1991, Les Grecs en Occident (du 23 mars au 8 décembre 1996) a constitué la troisième exposition archéologique du Palazzo Grassi – la fondation culturelle de Fiat à Venise. Le thème avait été choisi plusieurs années auparavant ; des aléas divers,...

  • RÖMER THOMAS (1955- )

    • Écrit par Christophe NIHAN
    • 1 061 mots
    • 1 média
    ...depuis 2010 d’explorer plusieurs thématiques anthropologiques, historiques et sociales de toute première importance (Les Vivants et leurs morts, 2012). La Grèce antique et le monde hellénistique représentent un autre versant majeur de cette approche comparatiste, ainsi qu'en témoignent les travaux réalisés...

Voir aussi