GOETHITE

Hydroxyde de fer, la goethite (dédiée au poète et philosophe allemand Johann Wolfgang von Goethe, qui fut aussi un passionné de minéralogie) est un minéral assez répandu et le principal constituant de la limonite. Elle se présente le plus souvent en masses compactes, réniformes ou stalactiformes, à la structure radiée ou terreuse. En masses compactes, elle prend une couleur noire métallique dans une gangue de limonite jaune ocre. La goethite stalagmitique, noire également, arbore des reflets bleus, mauves et jaunes (échantillons de Nassau, en Allemagne, par exemple). En forme mamelonnée, à la structure radiée d'agrégats finement fibreux et de couleur jaunâtre à brun rouille, elle présente un aspect velouté qui vaut à cette variété l'appellation de « ruban de velours ».

Les cristaux isolés sont rares, ils sont le plus fréquemment regroupés en agrégats aciculaires (aiguilles atteignant parfois quelques centimètres) ou tabulaires à lamellaires avec un clivage parfait. La goethite cristallisée est facilement reconnaissable. Lorsqu'elle est en masse compacte ou en association terreuse, il est difficile de la différencier des nombreux oxydes de fer sans avoir recours à une analyse physico-chimique.

formule : Fe[O(OH)] ;

système : orthorhombique, classe holoédrique ;

dureté : 5-5,5 ;

poids spécifique : 3,3 (dans les agrégats)-4,3 ;

éclat : adamantin ou métallique à soyeux ;

transparence : de translucide (en esquilles fines) à opaque ;

cassure : irrégulière.

Les gisements de la goethite sont nombreux, constituant la phase essentielle des gîtes de fer sédimentaire et des chapeaux oxydés. Dans ce dernier cas, elle résulte de l'altération d'autres minéraux riches en fer, comme la pyrite, la magnétite, l'hématite et la sidérite. Dans ce même contexte gîtologique, elle peut aussi se présenter en cristaux groupés au sein de géodes de quartz ou de calcite s'exprimant dans des filons hydrothermaux tardifs. Ainsi, les plus belles associations proviennent du Maroc (col de Tichka) où des cristaux aciculaires décimétriques tapissent des druses à améthyste. D'autres superbes cristaux prismatiques, de taille pluricentimétrique, sur quartz et psilomélane, ont été extraits de la mine Restormel (Lostwithiel, Grande-Bretagne). Dans le Colorado, à Pikes Peak, ce sont des individus lamellaires, pouvant atteindre cinq centimètres, qui se présentent en agglomérats en bottes de paille.

En France, de beaux cristaux pluricentimétriques de goethite, à l'aspect métallique et de teinte rougeâtre, proviennent de la carrière de barytine et de fluorite de Chaillac (Indre). D'autres sont connus dans des géodes de limonite à Alban-le-Frayse (Tarn), dans le site filonien à sidérite et fluorite du Kaymar (Aveyron), etc.

La goethite, dans les sites où elle est abondante, a constitué un minéral intéressant pour l'extraction du fer (jusqu'à 62,9 p. 100 s'il est pur). Aujourd'hui, elle n'est plus guère utilisée, pour les variétés terreuses d'ocres jaunes, que comme pigments naturels pour les colorants. Toutefois, les belles associations cristallines sont toujours recherchées par les collectionneurs.

Le clivage facile de la goethite, lorsqu'elle est tabulaire ou lamellaire, est dû au caractère de l'ion hydroxyde (OH^—), fortement lié d'un côté au cation (le fer) et faiblement lié de l'autre côté aux hydroxyles voisins. Par déshydratation et vers 300 ⁰C, la goethite se transforme en hématite puis, à plus haute température, elle devient magnétique en donnant une solution solide progressivement enrichie en magnétite. Infusible cependant, elle n'est que très lentement soluble dans l'acide chlorhydrique ; elle n'est pas fluorescente.

— Yves GAUTIER