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VIÈTE FRANÇOIS (1540-1603)

L'œuvre mathématique

L'œuvre trigonométrique

Le Canon mathematicus, seu Ad triangula cum adpendicibus et le Liber singularis universalium inspectionum ad canonem mathematicum ne présentent pas d'originalité particulière pour l'époque, si ce n'est une tentative de formulation synthétique pour la résolution des triangles. On trouve là un premier essai, à vrai dire peu maniable, mais intéressant par l'idée de « formulaire mathématique » qu'il recouvre : tables trigonométriques à double entrée, formules de résolutions, valeurs rationnelles des diverses lignes trigonométriques, etc.

L'art analytique

L'art analytique est présenté par Viète en une vaste collection destinée à mettre en pratique la méthode de représentation littérale systématique de l'auteur, tant en algèbre qu'en géométrie.

Cette collection devrait comprendre :

 1. Isagoge in artem analyticam, 2. Ad logisticem speciosam notae priores, 3. Zeteticorum libri quinque, 4. De numerosa potestatum ad exegesim resolutione,  5. De recognitione aequationum, 6. Ad logisticem speciosam notae posteriores, 7. Effectionum geometricarum canonica recensio, 8. Supplementum geometriae, 9. Analytica angularium in tres partes tributa,10. Variorum de rebus mathematicis responsorum libri septem.

En fait, on ne dispose que des numéros 1, 2, 3, 4, 5, 7, 8, et du huitième livre de 10.

Le numéro 1 est une introduction de l'ensemble et la présentation de la méthode. Celle-ci consiste à représenter les grandeurs par des lettres ; ainsi, une expression que nous écririons :

était écrite par Viète (cf. p. 819 la reproduction d'une page des Zététiques) de la manière suivante :

Le problème des dimensions se règle en affectant chaque donnée de sa dimension en latin : l'inconnue x3 s'écrivait A cubus et le paramètre a3 s'écrivait F solidum.

Ce système présentait l'avantage de la formalisation synthétique ; mais, on le voit, il était assez peu maniable lorsqu'on traitait de degrés élevés : A cubocubus in E quadratocubus aequabitur Z cubocubocubus in C planum.

Les autres pièces de l'Art analytique étaient destinées, dans l'esprit de Viète, à démontrer l'efficacité de la méthode présentée dans l'Isagoge. Elles furent publiées selon les possibilités de Viète (il finançait lui-même ses éditions) et avec l'aide d'amis, de Marinus Ghetaldus en particulier.

L'ensemble des problèmes qui sont traités marque un progrès très net en matière de calcul algébrique et d'application à la géométrie des Grecs (ébauche d'une « géométrie analytique »). Les problèmes classiques du deuxième et du troisième degré y sont abordés, ainsi que nombre de problèmes de degré supérieur. Toutefois, parce que sa conception géométrique pure des grandeurs l'y contraignait, Viète ne traite que de valeurs et racines positives. Les relations entre racines et coefficients d'une même équation sont également analysées de façon systématique.

Les écrits polémiques

Un certain nombre d'ouvrages complémentaires ont vu le jour à la suite de polémiques scientifiques.

Il s'agit d'abord du Munimen adversus nova cyclometrica (1594) et du Pseudo mesolabum et alia quaedam adjuncta capitula (1595), qui traitent de la quadrature du cercle et de problèmes de « géométrie analytique » en réponse aux hypothèses assez fantaisistes de Joseph Scaliger sur ces divers sujets ; d'autre part, on trouve l'Ad problema quod omnibus mathematicis totius orbis construendum proposuit Adrianus Romanus responsum (1595) et l'Apollonius Gallus (1600), qui ont été écrits par Viète à l'occasion de sa rencontre avec Adrien Romain, rapportée par Tallemant des Réaux dans ses Historiettes. Cette anecdote nous montre à quel point Viète était mal connu[...]

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Écrit par

  • : chargé de recherche au Laboratoire d'études et de recherches en sciences humaines appliquées de la Société Kodak-Pathé.

Classification

Pour citer cet article

Jean GRISARD. VIÈTE FRANÇOIS (1540-1603) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ÉQUATIONS ALGÉBRIQUES

    • Écrit par Jean ITARD
    • 5 672 mots
    À part cela, le xviie siècle apporte peu dans la théorie des équations affines, sinon le développement par Descartes du calcul littéral de Viète. Cependant Leibniz entrevoit le calcul matriciel. Au siècle suivant, le Suisse Gabriel Cramer (1704-1752) fait la première étude exhaustive des systèmes...
  • NOTATION MATHÉMATIQUE

    • Écrit par Hans FREUDENTHAL
    • 10 338 mots
    • 1 média
    La croix de multiplication est plus récente. Michael Stifel (1545) indiquait la multiplication par un M ; François Viète (1591) employait le mot latin in. Le premier exemple authentique de la croix se trouve chez William Oughtred (1637). Le point de multiplication provient de Leibniz (dès 1698). On...
  • NUMÉRIQUE CALCUL

    • Écrit par Jean-Louis OVAERT
    • 5 567 mots
    ...interpolant g sur l'intervalle[a,b]par une fonction affine ϕ, et en définissant β par la relation ϕ(β) = 0. Cette méthode a été utilisée par Viète (1540-1603) et par Descartes (1596-1650), dans le cas des équations algébriques. La majoration de l'erreur a été effectuée par Lagrange....
  • RÉELS NOMBRES

    • Écrit par Jean DHOMBRES
    • 14 916 mots
    ...Ainsi, la série géométrique est envisagée du point de vue des proportions : chaque terme est à son successeur ce que le premier terme est au second, et la notation
    sera employée jusqu'au xixe siècle. La somme des n premiers termes, est donnée par Euclide, etViète, en 1593, donne pour q < 1 la somme infinie :

Voir aussi