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FRANCE (Le territoire et les hommes) Géologie

Sillon rhodanien

Entre Massif central d'une part, Alpes et Jura de l'autre (cf. alpes et jura), le sillon rhodanien, voie de communication essentielle par laquelle la civilisation méditerranéenne a atteint le nord de l'Europe, n'est pas une simple coupure d'érosion.

Les mers du Secondaire n'ont pas submergé le Massif central, et les faciès plus ou moins littoraux permettent de deviner leur extension, à peu de distance du bord actuel du sillon rhodanien au nord de Valence et au sud de cette ville selon une ligne Valence-Alès-Montpellier. De là, vers l'est – et en particulier autour d'Orange et d'Avignon –, les sédiments secondaires prennent rapidement une épaisseur considérable. Le sillon rhodanien a donc repris, au moins en partie, la limite paléogéographique majeure que constitue le bord est du Massif central.

Cette limite a d'ailleurs été reprise postérieurement par le jeu de failles majeures (« faille cévenole »), souvent avec un décrochement horizontal sénestre, pouvant atteindre des dizaines de kilomètres. Certaines de ces failles ont rejoué à l'Oligocène, au cours duquel se sont individualisés une série de bassins subsidents, comparables au fossé rhénan ou aux Limagnes. Le plus étendu est la Bresse, faillée ou chevauchée le long de la bordure du Jura, et possédant un gisement de sel oligocène autour de Bourg. Les terrains secondaires y paraissent largement représentés. Au sud de Lyon, le bassin du bas Dauphiné atteint aussi près de 2 000 m d'épaisseur de dépôts oligocènes, avec également un gisement de sel. D'autres bassins oligocènes moins importants s'échelonnent jusqu'en Provence, et au bassin d'Alès.

Avant la formation des Alpes, le rebord est du Massif central était donc déjà bien marqué. L'immense mouvement de poussée vers le nord, qui a donné naissance aux Alpes centrales et orientales, s'est interrompu à son abord, et les poussées vers l'ouest, qui ont formé face à lui le Jura et les chaînes subalpines, n'affectent qu'une couverture mésozoïque, qui ne présente nullement le caractère géosynclinal caractéristique des formations proprement alpines, et qui a glissé sur son socle ; celui-ci s'est déformé d'une manière assez différente.

Alors que l'avant-fosse molassique, en Bavière et en Suisse, comporte au front de la chaîne une épaisseur considérable de dépôts essentiellement détritiques, on n'en retrouve ici l'équivalent que dans le petit bassin de Digne. La mer miocène, qui épargnait la Provence, envahit le sillon rhodanien, mais c'est une mer épicontinentale, de faible profondeur, faisant communiquer avec le Méditerranée le grand bassin nord-alpin, qui s'étendait jusqu'à Vienne. Les dépôts de cette mer, qui déterminent des bassins fertiles, ont été repris par les derniers mouvements alpins, qui se traduisent localement par des afflux de conglomérats (Chambaran, Digne).

Après un retrait complet, la mer est revenue, au Pliocène, envahir la vallée creusée par le Rhône jusqu'au voisinage de Lyon ; ce véritable fjord, marqué par le dépôt d'une argile grise caractéristique, se prolongeait par un lac en Bresse.

L'avancée des glaciers alpins jusqu'à Lyon a achevé de marquer le sillon rhodanien, tant par les moraines des environs de Lyon que par les terrasses alluviales étagées, déposées plus en aval, qui comportent également du sel, à Manosque et au sud de Nîmes.

— Jean GOGUEL

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Écrit par

  • : membre de l'Institut
  • : professeur à la faculté des sciences de Rennes
  • : professeur émérite à l'université Paul-Sabatier, Toulouse, correspondant de l'Académie des sciences
  • : professeur émérite à l'université de Paris-Sud
  • : professeur au lycée d'Aix-en-Provence
  • : ingénieur général des Mines, ancien directeur du service de la carte géologique de France
  • : professeur à la faculté des sciences, université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
  • : doyen de la faculté des sciences de Clermont-Ferrand
  • : ingénieur géologue, chef géologue à la Société nationale Elf Aquitaine

Classification

Pour citer cet article

Jean AUBOUIN, Jean COGNÉ, Michel DURAND-DELGA, François ELLENBERGER, Jean-Paul von ELLER, Jean GOGUEL, Charles POMEROL, Maurice ROQUES et Étienne WINNOCK. FRANCE (Le territoire et les hommes) - Géologie [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Socle antéstéphanien du Massif central

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