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PASQUIER ÉTIENNE (1529-1615)

Juriste parisien, Étienne Pasquier entre dans la vie publique par le biais d'une charge d'avocat au Parlement de Paris, qui le mène, comme c'est souvent le cas, à la députation pour les états de Blois (1588). Il est conseiller de Henri III, puis de Henri IV (il prend parti pour ce dernier contre la Ligue) ; il se montre aussi adversaire des Jésuites contre lesquels il plaide en 1565 ; il publie sur eux en 1602 un ouvrage polémique, Le Catéchisme des Jésuites. Il fut considéré comme le modèle de l'avocat idéal (dans le Dialogue des avocats d'Antoine Loisel), au même niveau que Guillaume Du Vair et sans doute à un titre différent. Son nom reste attaché à une œuvre touffue et extrêmement savante, les Recherches de la France, dont le premier livre parut en 1561 avec le millésime de 1560 et qu'il ne cessa de remanier jusqu'à sa mort. Livre très curieux. Alors que la première génération des humanistes mettait toute son éloquence à glorifier l'Antiquité et à déprécier les tentatives littéraires des auteurs français, Pasquier s'attache à faire l'apologie de la France : langue qui vaut bien le latin et bien mieux que l'italien, dit-il ; passé qui la fait l'égale des plus grands empires passés ; Église qui a su résister à l'emprise de la Réforme et à l'impérialisme pontifical (défense du gallicanisme) ; constitution politique qui se caractérise par une complémentarité harmonieuse entre un pouvoir royal et un parlementarisme modéré. Tout cela ne formerait qu'un ensemble de remarques dispersées, certes documentées à partir d'immenses lectures mais sans réelle originalité. Curieusement, c'est dans le domaine de la littérature que les notations de Pasquier conservent le plus d'intérêt : il entreprend de montrer que la Renaissance n'a pas surgi dans un désert mais repris et exploité des formes poétiques existant au Moyen Âge, et que la continuité de la tradition est au moins aussi forte que la rupture proclamée dans la première moitié du siècle. Au fur et à mesure des éditions ultérieures, il donne une sorte de gazette, de revue des publications, accompagnant les mentions qu'il fait de commentaires souvent très pertinents. Abondant sans être bavard, le livre des Recherches de la France ne sert pas seulement l'érudition, il peut aussi donner de l'agrément.

— Jean-Yves POUILLOUX

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure de la rue d'Ulm, agrégé des lettres classiques, maître de conférences en littérature française à l'université de Paris-VII

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