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JANNINGS EMIL (1884-1950)

Né en Suisse, le pays de sa mère, d'un père américain d'origine allemande, Emil Jannings (de son vrai nom Janenz) a été un des grands acteurs du cinéma muet allemand et son nom reste attaché à de grands classiques signés Lubitsch, Leni, Murnau, Sternberg. Il connut les fastes de Hollywood et, après être revenu en Allemagne où il retrouva son rang de grande vedette dans L'Ange bleu aux côtés de la jeune Marlene Dietrich, il s'adapta sans problème de conscience aux objectifs du Docteur Goebbels en matière de cinéma, incarnant quelques grandes figures célébrées par le régime, avec brio souvent, mais aussi avec un certain académisme.

Acteur sur les scènes de théâtre de province, introduit très jeune auprès de Max Reinhardt en 1915 par son collègue Werner Krauss (dont la carrière sera semblable à la sienne jusqu'en 1945), Emil Jannings est aussitôt engagé dans les studios de cinéma berlinois, comme beaucoup d'acteurs de Reinhardt. Le succès vient très vite, avec notamment Die Ehe der Luise Rohrbach (Rudolf Biebrach, 1916), première confrontation avec une des stars de l'époque, Henny Porten. Pilier de la UFA récemment fondée, il triomphe dans les films à costumes, les reconstitutions historiques et les adaptations de grandes œuvres théâtrales. Il tourne une série de films populaires sous la direction de Lubitsch : Kohlhiesels Töchter (1920) et Anna Boleyn (1920) en compagnie d'Henny Porten, La Du Barry (1919) et Das Weib des Pharao (1921) en compagnie de Pola Negri. Grâce à ces films, Hollywood s'intéresse à lui, comme à l'actrice, comme à Lubitsch. Emil Jannings reste à Berlin jusqu'en 1926, et participe à des œuvres qui sont parmi les plus caractéristiques de cet âge d'or du cinéma allemand. Dans le genre historique qu'il semble affectionner, il est Danton dans le film de Buchowetski inspiré de la pièce de Büchner, face à Krauss qui incarne Robespierre (1921), puis Othello et Pierre le Grand, sous la direction du même réalisateur. Il apparaît dans un des rares films expressionnistes, Le Cabinet des figures de cire (Wachsfigurenkabinett, Paul Leni, 1924) et dans plusieurs équivalents cinématographiques du Kammerspiel (théâtre « de chambre » minimaliste), dont À qui la faute ? (Nju, de Paul Czinner, 1924). Il est la vedette d'une des œuvres de fiction les plus novatrices de l'époque, Variété (E. A. Dupont, 1925) et crée un personnage inoubliable dans le chef-d'œuvre de Murnau (1924), Le Dernier des hommes. Jannings se glorifiera plus tard d'avoir imposé la conclusion optimiste non désirée par le metteur en scène, sous prétexte qu'une fin négative n'était pas conforme à son univers personnel et à son image. Il tourne aussitôt avec Murnau, coup sur coup, deux films de prestige : Faust, sorti en octobre 1925, où il interprète un excellent Méphisto, et Tartuffe sorti peu après, en janvier 1926. Mais à cette date, absents de la première berlinoise, Murnau et Jannings sont déjà aux États-Unis. Engagé par la Paramount, l'acteur reste deux ans et demi à Hollywood, où il tourne sous la direction de Stiller, Sternberg, Lubitsch, Milestone. Ses interprétations dans Quand la chair succombe (The Way of all Flesh, de Josef von Milestone), et Crépuscule de gloire (The Last Command, de Josef von Sternberg) lui valent l'oscar du meilleur acteur en 1928, la première année où cette récompense est décernée. Mais l'avènement du cinéma parlant met un terme à sa carrière hollywoodienne, son anglais étant trop marqué d'un accent étranger.

Curieusement, c'est un professeur d'anglais qu'Emil Jannings incarne dans L'Ange bleu pour son grand retour en Allemagne... Destiné à relancer la U.F.A., et point de départ de la carrière de Marlene Dietrich, le film serait dû à l'initiative de l'acteur, qui a proposé[...]

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Pour citer cet article

Daniel SAUVAGET. JANNINGS EMIL (1884-1950) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • L'ANGE BLEU, film de Josef von Sternberg

    • Écrit par Michel MARIE
    • 984 mots
    Le roman, comme le scénario de départ, ont pour personnage principal le professeur Immanuel Rath qu'incarne, non sans cabotinage, le très célèbre Emil Jannings. Jannings est la grande star allemande de l'époque. Il a été Le Dernier des hommes (Der letzte Mann, 1924), Tartuffe (1925)...

Voir aussi