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JENNER EDWARD (1749-1823)

Edward Jenner est un médecin anglais universellement connu pour avoir démontré qu’il était possible de protéger un sujet (le vacciner) contre la variole.

Edward Jenner naît le 17 mai 1749 à Berkeley dans le Gloucestershire. Après avoir été apprenti en chirurgie chez D. Ludlow à Chipping Sodbury, près de Bristol (1765), il étudie la médecine à Londres (1770) sous la direction du chirurgien et naturaliste John Hunter. Celui-ci, comprenant son intérêt pour l'histoire naturelle, le charge, en 1771, de classer les collections rapportées des mers du Sud par le capitaine Cook.

Malgré l'amitié profonde qui le lie à Hunter – leur correspondance ne s'arrêtera qu'à la mort de celui-ci en 1793 –, Jenner préfère rentrer à Berkeley, son village natal, où, en 1773, il s'installe comme chirurgien et médecin. Il y est également maçon de la Royal Lodge of Faith and Friendship.

Fléau redouté depuis des temps immémoriaux, la variole – probablement originaire de Chine mais endémique en Europe depuis les croisades – tue encore beaucoup au xviiie siècle et laisse des séquelles redoutables. La seule protection, bien imparfaite, est alors la variolisation inventée par les Chinois vers l'an mille et introduite aux Indes, puis au Moyen-Orient, où, en 1718, lady Montagu avait fait varioliser son fils, avant de répandre en Europe le principe de cette prévention : du pus de varioleux convalescent est introduit par scarification chez le sujet à protéger. Mais les résultats étaient fort inégaux, les réactions étant parfois celles d’une variole grave.

Jenner, partisan de la variolisation, constate, d'une part, que les valets de ferme chargés de soigner les animaux ont souvent, sur les mains, des pustules semblables à celles produites par la maladie appelée cowpox (vaccine) sur les pis des vaches, pustules elles-mêmes semblables à celles de la variole ; d'autre part, que ces sujets ne sont jamais atteints de formes graves en cas d'épidémie de variole. Il observe aussi que ces paysans ne présentent jamais aucune réaction à l’épreuve de variolisation. Il en conclut que la cowpox protège contre la variole, en appliquant une sorte de principe de similitude entre les pustules de la maladie humaine et celles de la maladie bovine. Il fait part de ses réflexions à Hunter, grand défenseur de la méthode expérimentale, qui lui répond : « Ne pensez pas. Expérimentez. Soyez patient et précis. »

Les observations de Jenner durent vingt années, et ce n'est que le 14 mai 1796 qu'il ose inoculer au jeune James Phipps, âgé de huit ans, le pus d'une pustule d'une femme atteinte de cowpox. Une pustule se développe, sans conséquence apparente chez l’enfant. Trois mois plus tard, Jenner réalise le second volet de l’expérience en n’hésitant pas à inoculer la variole à son jeune « vacciné ». Il constate qu’il est protégé contre cette maladie et qu’il n’est en outre pas contagieux. L’expérience est répétée plusieurs fois. En 1798, il publie à compte d’auteur An Inquiryinto the Causes and Effects of the Variole Vaccina. Il se fixe à Londres en 1800 et vaccine gratuitement jusqu'à 300 personnes par jour – de bras à bras ou à partir d’animaux atteints de cowpox. Il publie encore à ses frais des articles pour mieux faire connaître sa découverte et la défendre contre quelques détracteurs. Réduit à la misère, car il est si absorbé par sa lutte contre la variole qu’il cesse de pratiquer une quelconque médecine rémunératrice, Jenner demande une subvention au Parlement de Londres. Celui-ci lui accorde 10 000 livres en 1803 – somme qui lui permet de développer la Jennerian Institution – puis 20 000 en 1806 – pour le National Vaccine Establishment. La vaccination se répand dans toute l’Europe et supplante la variolisation, qui est finalement interdite[...]

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Écrit par

  • : archiviste documentaliste à l'Institut Pasteur, Paris
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Jacqueline BROSSOLLET et Universalis. JENNER EDWARD (1749-1823) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Invention de la vaccination - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Invention de la vaccination

Edward Jenner - crédits : Wellcome Collection ; CC-BY 3.0

Edward Jenner

Autres références

  • JENNER : VACCINATION ANTIVARIOLIQUE

    • Écrit par Gabriel GACHELIN
    • 247 mots
    • 1 média

    Edward Jenner (1749-1823) était médecin à Berkeley (Gloucestershire, Grande-Bretagne), lorsqu'il réalisa ce que l'on peut tenir pour la première vraie vaccination, au demeurant d'ailleurs une expérimentation sur l'homme. Il était connu des médecins musulmans que l'inoculation, à...

  • ÉPIDÉMIES ET PANDÉMIES

    • Écrit par Jacqueline BROSSOLLET, Georges DUBY, Universalis, Gabriel GACHELIN, Jean-Louis MIÈGE
    • 20 843 mots
    • 15 médias
    ...proprement médicale est remportée sur la variole. Les observations faites à Constantinople amènent à provoquer l'immunisation par l'inoculation de la maladie. Jenner fut conduit, en 1768, à penser que l'inoculation du cow-pox, ou vaccin, pourrait mettre sans danger à l'abri de la variole. Sa première ...
  • IMMUNOLOGIE

    • Écrit par Joseph ALOUF, Pierre GRABAR
    • 5 262 mots
    • 8 médias
    ...l'a introduite en Angleterre. Mais cette méthode de protection n'était pas sans danger et pouvait provoquer des infections graves. Le médecin anglais Jenner (1749-1823) avait observé que les personnes ayant été atteintes par la variole bovine étaient protégées contre la variole humaine. En 1796, il a...
  • MÉDECINE - Histoire

    • Écrit par Charles COURY
    • 8 963 mots
    • 19 médias
    ...d'hygiène. Mais, dans ce domaine, la découverte la plus remarquable est sans conteste celle de la prémunition contre la variole – fléau séculaire redoutable – grâce à la vaccination (1796) : l'Anglais Edward Jenner (1749-1823) compte à cet égard parmi les bienfaiteurs de l'humanité.
  • PASTEUR LOUIS (1822-1895)

    • Écrit par Paul MAZLIAK
    • 6 441 mots
    • 2 médias
    ...de rencontre ultérieure avec le germe virulent. Le terme vaccination rendait hommage à une pratique empirique, généralisée par le médecin anglais Jenner au xviiie siècle : l'injection de broyats de pustules de vaches atteintes de cow-pox (ou vaccine), maladie bénigne qui immunisait l'homme contre...
  • Afficher les 7 références

Voir aussi