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DIEU L'affirmation de Dieu

Le Dieu de la révélation judéo-chrétienne

L'histoire comparée des religions montre que la révélation vétérotestamentaire nous met pour la première fois en présence d'un monothéisme d'un type unique, incomparable en tout cas avec le monothéisme de certaines religions païennes qui plaçaient un Être suprême au sommet de leur panthéon de dieux. Non seulement il n'y a qu'un Dieu, mais ce Dieu est unique : « Yahvé, le Seigneur notre Dieu, est le seul Seigneur » (Deut., vi, 4). Dans l'histoire de l'idée de Dieu, le monothéisme juif représente le dépassement de tout polythéisme, de tout dualisme, de toute idolâtrie. Il culminera dans le christianisme avec la révélation du Dieu-Père en Jésus-Christ. Il existe d'autres révélations dans d'autres grandes religions (ainsi, l'hindouisme et l'islām). Mais, pour la foi chrétienne, la révélation biblique représente la révélation véritable et définitive du Dieu vivant, créateur et sauveur du monde. Cela n'exclut pas que l'expérience de Dieu ou au moins de l'Absolu ait pu être vécue et soit encore vécue par des millions d'hommes à l'intérieur des grandes religions non chrétiennes (même à l'intérieur du bouddhisme qui ne reconnaît pas un Dieu personnel). On peut même penser que les religions non chrétiennes médiatisent, pour un certain nombre d'hommes, la révélation intérieure de Dieu dans la mesure où elles anticipent et préfigurent la révélation définitive de Dieu en Jésus-Christ. « Ce que vous adorez sans le connaître, je viens, moi, vous l'annoncer » (Actes, xvii, 23), dira saint Paul aux Athéniens dans son discours à l'Aréopage.

L'Ancien Testament

Les grandes lois de la révélation de Dieu

Pour avoir une idée juste du Dieu d'Israël et le distinguer des dieux païens avoisinants, il faut tout d'abord ne jamais oublier que la révélation biblique consiste essentiellement dans l'intervention de Dieu en faveur du peuple qu'il s'est choisi parmi tous les autres, Israël. Aussi Dieu n'écrit-il pas un livre : il écrit une histoire. La révélation, c'est l'histoire même d'Israël. Mais cette histoire n'est révélation au sens fort que si, grâce à la parole prophétique, elle est « manifestée » comme accomplissement du dessein sauveur de Dieu. Le Dieu biblique est inséparablement le Dieu qui parle et qui agit. Il n'est pas d'abord le Dieu cosmique des religions naturelles, le Dieu provident qui rend compte de l'intelligibilité du monde et de ses lois universelles. Il se révèle surtout comme le Dieu de l' Alliance, le Dieu qui se fait librement le partenaire de l'homme. C'est à partir de l'action salvifique de ce Dieu en sa faveur qu'Israël a fait l'expérience des voies du Dieu vivant, et non à partir du spectacle du monde. L'identification du Dieu de l'Alliance et du Dieu créateur est donc tardive, et c'est parce que la création sera comprise elle-même comme un événement salutaire que les théologiens yahvistes feront remonter l'histoire du salut à la création (G. von Rad).

D'autre part, pour comprendre l'image biblique de Dieu, il faut se souvenir que la révélation suit un ordre pédagogique, adapté à la mentalité d'un peuple encore primitif et très enclin à l'idolâtrie. Par opposition aux idoles mortes, Dieu se révèle comme un Dieu vivant qui intervient sans cesse dans la vie de son peuple, qui interpelle l'homme et attend de lui une décision. On peut poser en principe qu'il n'y a de révélation de l'être même de Dieu qu'à l'occasion de son action à l'égard du monde ou à l'égard de l'homme. La Bible n'offre donc pas une réflexion sur l'être de Dieu et ses grands attributs comme en propose la théologie[...]

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Pour citer cet article

Claude GEFFRÉ. DIEU - L'affirmation de Dieu [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ABSOLU

    • Écrit par Claude BRUAIRE
    • 4 222 mots
    2. Puisque l'athéisme ne fait que prendre acte, résolument, de la proposition conclusive de la théologie négative : « Dieu est rien », il présuppose la même conception négative de l'absolu. Mais il en est de même si l'on considère l'athéisme indifférent d'un scientisme qui complète la « mort...
  • ACTE, philosophie

    • Écrit par Paul GILBERT
    • 1 282 mots
    ...l'ouverture de l'action qu'anime une attente correspond un acte qui comble le manque ; l'espoir de l'acte anime l'attente et dessine la fin de l'action. La tradition aristotélicienne parle cependant d'un acte pur, qui serait Dieu. Or on ne peut pas penser que, par exemple pour Thomas d'Aquin...
  • AGAPÈ

    • Écrit par Henry DUMÉRY
    • 1 102 mots

    Le mot grec agapè signifie affection, amour, tendresse, dévouement. Son équivalent latin est caritas, que nous traduisons par « charité » (dans les textes stoïciens comme dans les textes chrétiens). Généralement, la langue profane emploie agapè pour désigner un amour de parenté ou d'amitié,...

  • ÂGE DE LA TERRE

    • Écrit par Pascal RICHET
    • 5 143 mots
    • 5 médias
    Ce fut au milieu du iie siècle que la question du type de création prit une grande importance dans le cadre de polémiques avec les sectes gnostiques. Celles-ci avaient en effet soulevé un sérieux problème théologique : si toute chose avait une origine divine, comment le Dieu bon des Écritures...
  • Afficher les 129 références

Voir aussi