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BEZACE DIDIER (1946-2020)

Didier Bezace est né le 10 février 1946 à Paris. Ses parents l’envoient très jeune en nourrice dans un village bourguignon, pour lui éviter trop de privations liées à l’après-guerre. De retour en région parisienne, il se découvre durant sa scolarité, d’abord dans un pensionnat religieux puis au lycée, une passion pour la lecture et le théâtre, pour lequel il met en scène, avec ses jeunes condisciples, le roman Chiens perdus sans collier de Gilbert Cesbron. Il débute par la suite une formation de comédien au Centre universitaire de formation et de recherche dramatique de Nancy, puis intègre en 1968 l’université du Théâtre des Nations, placée sous la tutelle du metteur en scène André-Louis Perinetti à la Cité internationale universitaire de Paris, qui conforte sa vocation et l’engage dans une pratique professionnelle.

Dans la mouvance de mai 1968, Didier Bezace va rencontrer Jacques Nichet, qui dirige une compagnie théâtrale universitaire, puis Jean-Louis Benoit. Avec eux, il fonde en 1973 le Théâtre de l’Aquarium dans un bâtiment militaire désaffecté de la Cartoucherie de Vincennes, aux côtés d’Ariane Mnouchkine et du Théâtre du Soleil. Au sein de cette structure, les premières créations sont essentiellement collectives, à partir d’enquêtes sociales et politiques en résonnance avec l’époque : Marchands de ville (1972), satire de la promotion immobilière, ou La vieillelune tient la jeune lune toute une nuit dans ses bras (1976), qui fait entendre les voix de travailleurs ouvriers trop souvent réduits au silence. Tour à tour comédien, adaptateur, metteur en scène, Didier Bezace participe avec cette équipe artistique et gestionnaire à une trentaine de spectacles en interrogeant les modes de représentation dans une filiation évolutive du théâtre populaire de Jean Vilar. Lors de ses périodes de liberté au théâtre, il redevient comédien pour le cinéma et tourne, au fil des années, dans une trentaine de films, notamment avec les réalisateurs Bertrand Tavernier, André Téchiné, Jeanne Labrune ou Elie Chouraqui.

En 1997, il est nommé à la direction du Théâtre de la commune d’Aubervilliers, Centre dramatique national. Dans cette banlieue parisienne défavorisée, il élargit la fréquentation du public avec des auteurs comme Georges Feydeau et Marguerite Duras, Antonio Tabucchi et Daniel Keene, avec notamment une création remarquée de L’École des femmes de Molière, présentée dans la cour d’honneur du palais des Papes au festival d’Avignon 2001, avec Pierre Arditi dans le rôle d’Arnolphe. Disposant à ses yeux de moyens insuffisants pour atteindre ses objectifs dans le cadre de son mandat, Didier Bezace quitte Aubervilliers en 2013. Il aura durant toute sa carrière fait preuve de pugnacité et d’engagement pour faire partager et transmettre avec talent son amour du théâtre et de la littérature. Cette même année 2013, il crée la compagnie L’Entêtement amoureux avec laquelle il monte des textes de Marguerite Duras et Georges Feydeau, et publie D’une noce à l’autre, réflexion sur son engagement artistique. Sa dernière apparition scénique au côté d’Ariane Ascaride, en 2018, consistera à revisiter dans une lecture-spectacle des textes de Louis Aragon et Elsa Triolet, sous le titre Il y aura la jeunesse d’aimer.

Didier Bezace meurt à Paris le 11 mars 2020.

— Jean CHOLLET

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Pour citer cet article

Jean CHOLLET. BEZACE DIDIER (1946-2020) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • L'ÉCOLE DES FEMMES (mise en scène J. Lassalle)

    • Écrit par Christian BIET
    • 1 117 mots

    L'École des femmes, de Molière. À peine a-t-on prononcé ces quelques mots que tout se met en place. Le premier combat de Molière travesti en Arnolphe, les Maximes du mariage comme passage obligé du tyran domestique, le jeu des quiproquos. Et une pièce jugée éclatante, une comédie autobiographique,...

Voir aussi