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CRUCIFÈRES

La famille des Crucifères

La description de la moutarde pourrait à peu près servir de définition à la famille des Crucifères, ce qui est le fait d'une famille homogène : les 4 000 espèces (plus de 350 genres dont 78 en France) ont presque toutes la même formule florale et des fruits du type de la silique. Dès le xvie siècle cet « air de famille » avait frappé les botanistes, qui regroupaient déjà tous ces végétaux dans un même ensemble naturel.

Caractères généraux

Ce sont des plantes herbacées à racine pivotante, dont les tiges portent des feuilles sans stipules, alternes ou toutes à la base. Elles élaborent des sénevols de types variés, qui leur donnent des propriétés médicinales et alimentaires. Les grappes florales, souvent odorantes et généralement de couleur vive, attirent les insectes. L'existence d'un appareil nectarifère renforce ce caractère d'entomophilie. Exceptionnellement, en l'absence d'insectes, il peut y avoir autofécondation ; celle-ci devient la règle pour de petites plantes bordant les lacs, les Subularia, où la fécondation peut s'effectuer même si la fleur reste submergée. Les grappes, de type indéfini, n'ont pas de bractée. Le périanthe comporte des pièces non soudées : quatre sépales et, en alternance, quatre pétales (corolle dialypétale). Le nombre et la disposition des sépales et les pétales sont tellement constants et remarquables que l'on a donné le nom de Crucifères – ou porte-croix – à la famille, au lieu de l'appeler du nom d'un genre important. Six étamines forment l'androcée, et deux carpelles le pistil qui, après fécondation et maturation, devient une silique.

Le plan de la fleur, son diagramme, apparaît simple et peu variable dans la famille, mais cette simplicité cache une grande complexité. Des anomalies permettent diverses hypothèses : ainsi, la fleur actuelle de Crucifère résulterait de la contraction de plusieurs fleurs (Motte, 1946). Pour Guyot (1962) les sépales et les carpelles représenteraient des bractées à l'aisselle desquelles partiraient les pétales et les étamines.

Les graines, toujours sans albumen, se dispersent le plus souvent sous l'action mécanique de l'ouverture des valves du fruit, ouverture qui peut être brutale, chez la cardamine ; exceptionnellement, le fruit est enterré par la plante elle-même (Morisia hypogea). On peut signaler l'existence d'une multiplication végétative par des bulbilles (Dentaria bulbifera, Cardamine pratensis) et la biologie particulière de la rose-de-Jéricho (Anastatica acrochuntica), des sables maritimes du Sud-Ouest asiatique et du Nord-Est africain : elle se met en boule sous l'effet de la sécheresse et s'étale largement lorsque l'atmosphère devient humide, présentant un phénomène de reviviscence.

Chou-fleur - crédits : De Agostini/ Getty Images

Chou-fleur

De nombreuses Crucifères sont cultivées dans les jardins et les champs comme plantes ornementales ( monnaie-du-pape) ou alimentaires ; antiscorbutiques, stimulantes et dépuratives, on les utilise en salade ( cresson, radis...), condiment (moutarde...) ou légume ( chou, navet...). On extrait de l'huile des graines de colza et de caméline. Certaines espèces servent de fourrage. D'autres enfin ont des propriétés tinctoriales, autrefois réputées, comme le pastel ou Isatis (teinture bleue).

Variations du fruit

Homogénéité ne signifie pas uniformité, puisqu'on distingue 4 000 espèces. C'est la silique qui offre le plus de variations, à tel point que l'on ne peut déterminer avec certitude une Crucifère sans en avoir le fruit.

Siliques et silicules - crédits : Encyclopædia Universalis France

Siliques et silicules

À partir d'un fruit qui reste fondamentalement une silique, toutes les variations sont possibles ; variations dans la taille, la forme, le gabarit, l'ornementation, la déhiscence.... Il y a des siliques à section ronde (Brassica), plate (Cardamine) ou quadrangulaire (Barbarea). Il y[...]

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Classification

Pour citer cet article

Marie-Claude NOAILLES. CRUCIFÈRES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Moutarde - crédits : Encyclopædia Universalis France

Moutarde

Chou-fleur - crédits : De Agostini/ Getty Images

Chou-fleur

Siliques et silicules - crédits : Encyclopædia Universalis France

Siliques et silicules

Autres références

  • COLZA

    • Écrit par Jean-Paul CHARVET
    • 4 235 mots
    • 9 médias
    ...printemps grâce à ses grappes de fleurs de couleur jaune vif, le colza (Brassica napus L.) appartient à la famille des Brassicacées, famille jadis appelée Crucifères(la corolle des fleurs de colza étant constituée de quatre pétales disposés en croix). Le mot colza provient du néerlandais koolzaad signifiant...
  • PASTEL, botanique

    • Écrit par Jacques MÉRAND
    • 159 mots

    La guède, ou pastel, est une plante tinctoriale (Isatis tinctoria L.) dont les feuilles, par fermentation, abandonnent une couleur bleue voisine de l'indigo. L'usage du pastel était déjà connu en Mésopotamie, en Égypte pharaonique et dans le monde gréco-romain.

    Cité sous le nom de...

  • RHŒADALES

    • Écrit par Marc-André THIÉBAUD
    • 2 034 mots
    • 3 médias
    Les fruits secs sont des capsules ( Résédacées, Papavéracées), des siliques ou des silicules (Crucifères, certaines Capparidacées et Papavéracées) ; ce sont rarement des fruits charnus (baies du câprier ou drupes). Les graines exalbuminées, la présence de cellules à myrosine et à sénevols...
  • SÉNEVOL

    • Écrit par Jacques DAUTA
    • 55 mots

    Essence sulfurée, en général volatile et à action piquante sur les muqueuses, qui se trouve libérée par l'hydrolyse d'un des hétérosides soufrés existant chez les crucifères (sinigroside de la moutarde) et les familles voisines (capparidacées : câprier), dans toute la plante et...

Voir aussi