BÉLOUTCHES ou BALOUTCHES
On trouve des Béloutches (appelés aussi Baloutches) au Pakistan, en Afghanistan, en Iran, dans les républiques d'Asie centrale, en Inde et dans les émirats du golfe arabo-persique. C'est au Béloutchistan pakistanais et iranien que vivent les plus importantes communautés béloutches. La langue est le baloutchi. C'est une langue indo-aryenne qui est apparentée au groupe iranien de l'Est et dont les deux principaux dialectes sont le soleimani et le makrani. Environ 5 millions de personnes (1998) parlent baloutchi. Si l'on en croit les textes arabes du xe siècle, les tribus béloutches auraient essaimé à partir du plateau iranien. Les Béloutches se répartissent en dix-huit grandes tribus, plus un grand nombre de petites tribus, les principales étant celles des Marri, des Bugti et des Bizenjo. À l'origine, les territoires béloutches étaient peuplés de tribus nomades autonomes, sans liens administratifs et n'ayant pas de surproduction entraînant l'échange. Cette organisation par clan fit place à une phase semi-féodale encore en vigueur aujourd'hui. Les origines sont obscures. Ce n'est qu'à partir du xie siècle et jusqu'à la fin du xive que se développe la communauté ethno-linguistique béloutche. À cette époque, les tribus combattaient sans cesse pour la possession des pâturages ; mais ces guerres intertribales étant trop destructrices, les clans s'allièrent et se regroupèrent sous la tutelle des « sardars ». À partir du xve siècle, une aristocratie béloutche apparaît en même temps que l'appropriation du sol. Ce n'est que vers 1730 que Nasir Khān Béloutche réussit à établir son autorité sur la quasi-totalité de ce qui est l'actuel Béloutchistan. Mais, à sa mort en 1795, le khanat de Kalat se désintègre en plusieurs principautés souveraines ; c'est à cette époque que se développe le système « sardari » que l'Empire britannique maintiendra au xixe siècle. En 1947, l'Agence tribale du Béloutchistan fut intégrée au Pakistan ; elle perdit son autonomie avec la création du Pakistan One Unit par le général Ayoub Khān en 1958. Les Béloutches cherchent à retrouver leur autonomie perdue : les luttes politiques sont menées par le Parti national awami (N.A.P.). En réalité, les tribus béloutches n'ont jamais réussi à former une entité nationale et restent encore très désunies. Même sur le plan linguistique, cette disparité existe.
L'organisation tribale traditionnelle a été conservée par les tribus Bugti et Marri des monts Soleiman. Chaque tribu (touman) se compose de plusieurs clans placés sous la tutelle d'un chef, le sardar. Ce système a permis de préserver et de renforcer les antagonismes existant entre les tribus. Le sardar s'efforce de conserver son statut de chef d'un groupe social limité, en sauvegardant l'unité de ce groupe et en en maintenant les membres dans un certain isolement par rapport aux autres groupes. Les Béloutches sont par tradition nomades. Beaucoup d'entre eux se sont sédentarisés ; ils sont devenus des paysans cultivateurs, abandonnant la tente noire pour des villages de maisons en brique crue et en torchis et des huttes de bambou. D'autres ont émigré vers les centres urbains ou à l'étranger, où ils trouvent des emplois de manœuvres, ou s'enrôlent dans l'armée. Ceux qui sont restés agriculteurs élèvent chameaux, moutons, chèvres et vaches. Leur artisanat est principalement représenté par le tapis et la broderie. Pour les cultures irriguées, les techniques employées sont très archaïques. Les Béloutches sont des musulmans sunnites peu soucieux des cérémonies et des rites religieux.
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Écrit par
- Jean-Charles BLANC : diplômé de l'École des langues orientales, journaliste
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