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LYSOTYPIE

Si l'on fait agir un bactériophage convenablement choisi et dilué sur diverses cultures d'une même espèce bactérienne ou d'un même sérotype, on constate souvent, surtout si ces cultures ont été isolées en des endroits géographiquement éloignés les uns des autres ou à partir d'espèces animales différentes, que certaines de ces cultures sont très sensibles à ce phage tandis que d'autres sont plus ou moins réfractaires.

En utilisant non plus un seul bactériophage, mais plusieurs, chacun d'eux possédant un spectre d'activité particulier, les variétés bactériennes ainsi mises en évidence pourront être nombreuses.

Une telle subdivision d'une espèce bactérienne ou d'un sérotype par un jeu de bactériophages s'appelle une lysotypie, mot proposé dès 1950 par P. Nicolle et ses collaborateurs pour traduire la locution anglaise phage typing.

Grâce à la lysotypie systématique, les épidémiologistes peuvent suivre à la trace la filiation des cas, remonter à la source même de la contamination ou aux différentes sources, soupçonner la responsabilité d'un porteur de germes dans l'éclosion d'un foyer si les bacilles sont tous du même lysotype que le sien, ou au contraire démontrer sa non-responsabilité s'ils sont d'un lysotype différent. Ils peuvent ainsi prendre en toute connaissance de cause les mesures les mieux appropriées au foyer ou à l'épidémie qu'ils étudient pour en arrêter l'extension et parfois même parvenir à son éradication totale dans une région donnée.

En dehors de leur application à l'épidémiologie, les méthodes de lysotypie présentent bien d'autres intérêts. En taxonomie, elles aident au diagnostic des bactéries et à leur classification. Elles permettent de plus d'effectuer avec une extraordinaire précision des recherches d'ordre fondamental sur les sujets les plus variés touchant aussi bien aux bactéries qu'aux bactériophages.

Des exemples frappants de telles recherches peuvent être trouvés dans les études consacrées aux principales causes de la diversification du bacille typhique en lysotypes cosmopolites et en lysotypes exotiques : mutations et lysogénisations des bacilles (P. Nicolle et J. Prunet), modifications phénotypiques des bactériophages (E. S. Anderson).

— Pierre NICOLLE

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Écrit par

  • : docteur en pharmacie et en médecine, chef de service honoraire à l'Institut Pasteur

Classification

Pour citer cet article

Pierre NICOLLE. LYSOTYPIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BACTÉRIOLOGIE

    • Écrit par Jean-Michel ALONSO, Jacques BEJOT, Michel DESMAZEAUD, Didier LAVERGNE, Daniel MAZIGH
    • 18 329 mots
    • 11 médias
    ...d'immun-sérums spécifiques des antigènes de paroi (antigène somatique O), ou des déterminants flagellaires (antigène H), éventuellement complétée par une lysotypie (étude de la sensibilité de la souche bactérienne à certains bactériophages spécifiques) et un antibiogramme (étude de la sensibilité de la...
  • BACTÉRIOPHAGES ou PHAGES

    • Écrit par Jean-François VIEU
    • 3 521 mots
    • 1 média
    ...infections bactériennes telles que la fièvre typhoïde, les autres salmonelloses, la dysenterie bacillaire, les staphylococcies, le choléra ou les brucelloses. Des méthodes de typage, basées sur la sensibilité élective des bactéries à des phages spécifiques (lysotypie), ont permis de subdiviser les espèces microbiennes...
  • LYSOGÉNIE

    • Écrit par Pierre NICOLLE
    • 3 857 mots
    • 3 médias
    ...La fréquence de la lysogénie est très variable. Certaines espèces, surtout parmi les Entérobactériacées, sont très souvent lysogènes : tous les lysotypes de Salmonella paratyphi B (P. Nicolle et Y. Hamon), tous les lysotypes de Yersinia enterocolitica (P. Nicolle, H. Mollaret et J. Brault),...

Voir aussi