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7-27 août 1985

France. Mise en cause des services secrets français dans l'attentat contre le navire de Greenpeace

Le 7, François Mitterrand, devant la prochaine parution dans la presse d'articles mettant en cause les services secrets français dans l'attentat commis en Nouvelle-Zélande le 10 juillet contre le Rainbow Warrior, navire du mouvement écologiste Greenpeace, écrit à Laurent Fabius pour lui demander « sans délai une enquête rigoureuse ».

Le 8, Laurent Fabius rend publique cette lettre et annonce qu'il a désigné Bernard Tricot, conseiller d'État, ancien secrétaire général de l'Élysée sous la présidence du général de Gaulle, pour mener une enquête administrative et établir « de la façon la plus nette si des agents, services ou autorités français ont pu être informés de la préparation d'un attentat criminel ou y participer ». Dans le même temps, des policiers néo-zélandais arrivent à Paris et reprennent l'enquête avec leurs collègues français.

Le 18, François Mitterrand adresse une directive aux forces armées réitérant l'ordre « d'interdire, au besoin par la force, toute entrée non autorisée dans les eaux territoriales françaises », en particulier autour de Mururoa, atoll du Pacifique où ont lieu les essais nucléaires français.

Le 19 à l'Assemblée nationale et le 20 au Sénat, l'opposition, jusqu'à présent discrète sur cette affaire, met en cause la responsabilité politique du gouvernement et du président de la République.

Le 21, le bureau exécutif du P.S. condamne sans réserve cette « opération criminelle », « de caractère terroriste ».

Le 25, Bernard Tricot remet au Premier ministre son rapport qui est rendu public le lendemain. Distinguant les « certitudes prouvées », qui « sont minces », de ses « convictions plus ou moins fermes », il range sous la première rubrique l'absence de responsabilité officielle française et sous la seconde l'innocence des agents secrets français. Le haut fonctionnaire identifie formellement les « époux Turenge » et les membres de l'équipage de l'Ouvéa comme des agents de la D.G.S.E. (Direction générale de la sécurité extérieure), service du contre-espionnage français, mais laisse sans réponse les nombreuses questions soulevées par la presse. Il conclut en demandant que son rapport « soit suivi en France d'un examen plus détaillé ». Les réactions à la publication de ce rapport manifestent une insatisfaction certaine : le 27, David Lange, Premier ministre néo-zélandais, le qualifie d'« incroyable » et demande à la France des « excuses immédiates et officielles ».

Le 27 également, Laurent Fabius commente le rapport Tricot et affirme qu'« aucun élément » ne lui permet de contredire ses conclusions. Il annonce que le gouvernement entend remédier aux « carences importantes » que le rapport a mis en lumière dans le fonctionnement de la D.G.S.E. Portant une « condamnation absolue contre une action criminelle », il affirme que « les coupables, quels qu'ils soient, devront répondre de ce crime ». Cette déclaration est jugée constructive par les autorités néo-zélandaises.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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