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5-21 mars 1986

France. Nouvelle prise d'otages français au Liban

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Le 5, l'organisation extrémiste Djihad islamique annonce de Beyrouth l'« exécution » de Michel Seurat, l'un des quatre otages français détenus depuis près d'un an au Liban. Dans un communiqué, elle demande une « révision objective de la politique française au Proche-Orient » et critique l'appui français à l'Irak dans le conflit Iran-Irak. Mais, surtout, elle dénonce la « complicité de crime » dont s'est rendue coupable la France en livrant à Bagdad deux opposants irakiens, Hamza Fawzi et Hassan Kheireddine, expulsés de France le 19 février après les attentats de Paris du début de février. En France, cette expulsion a suscité de vives critiques et Amnesty International a fait savoir, le 27 février, qu'elle disposait d'informations non confirmées selon lesquelles un des deux hommes aurait été exécuté. Les autorités irakiennes ont démenti mais reconnu que les deux opposants irakiens risquaient la peine de mort.

Le 7, Laurent Fabius annonce l'envoi de trois diplomates français à Beyrouth, Damas et Téhéran, tandis que Pierre Joxe, ministre de l'Intérieur, publie un communiqué qui prévoit « une révision immédiate et complète des procédures » d'expulsion « afin de ne laisser aucun doute [...] sur le respect des droits de l'homme ». Cette réforme entrera en application dès le 15.

Le 8, les quatre membres d'une équipe d'Antenne 2, Philippe Rochot, Georges Hansen, Aurel Cornéa et Jean-Louis Normandin, sont enlevés à Beyrouth. Cette nouvelle prise d'otages est revendiquée, le 9, par le Djihad islamique, puis, le 14, par une Organisation de la justice révolutionnaire, inconnue jusqu'alors, qui dénonce le « colonialisme français » au Liban.

Le 9, Laurent Fabius affirme que la France ne cédera pas au « chantage ». L'attitude du gouvernement est approuvée aussi bien par la majorité que par l'opposition.

Le 12, Bagdad annonce que le président Saddam Hussein a « gracié » les deux opposants irakiens qui avaient été expulsés par la France. François Mitterrand avait envoyé, le 11, un émissaire personnel auprès du chef de l'État irakien pour lui demander qu'une mesure de clémence soit prise à leur égard. Cependant, les services de renseignement français indiquent que Michel Seurat aurait pu être tué en décembre 1985 ou en janvier 1986 et que, dans ce cas, l'expulsion par Paris des deux Irakiens n'aurait été que le prétexte saisi par les ravisseurs pour justifier cet assassinat.

Le 13, le Djihad islamique fait parvenir à la presse, à Beyrouth, une cassette vidéo sur laquelle sont enregistrés des messages de Marcel Carton, Marcel Fontaine et Jean-Paul Kauffmann : les trois otages, détenus depuis près d'un an, lisent des textes qui demandent une modification de la politique française au Proche-Orient.

Le 17, un attentat à l'explosif est commis dans le T.G.V. Paris-Lyon, à hauteur de Brunoy (Essonne). Dix personnes sont légèrement blessées par cet attentat, qui, comme ceux du début de février à Paris, est revendiqué par le Comité de solidarité avec les prisonniers politiques arabes et du Proche-Orient (C.S.P.P.A.) qui demande la libération de trois terroristes proche-orientaux dont l'un est également au centre des tractations avec les ravisseurs des otages français au Liban.

Le 20, au moment où le porte-parole de l'Élysée rend publique la liste des membres du gouvernement de Jacques Chirac, une bombe explose dans la galerie Point Show, avenue des Champs-Élysées à Paris. Deux Libanais sont tués et vingt-huit autres personnes sont blessées, dont huit grièvement. Un autre attentat est déjoué dans le R.E.R. grâce au sang-froid d'un voyageur. L'attentat des Champs-Élysées est revendiqué par le C.S.P.P.A.

Le 21, Jacques Chirac annonce un « renforcement très important des moyens intérieurs, techniques et juridiques de lutte contre le terrorisme ».

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