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4-30 janvier 2011

Tunisie. Chute du président Zine el-Abidine Ben Ali

  • Article mis en ligne le

Le 4, Mohamed Bouazizi, le jeune diplômé au chômage qui s'était immolé par le feu à Sidi Bouzid en décembre 2010 et dont le geste avait provoqué une vague d'agitation sociale dans le pays, meurt de ses blessures.

Le 6, les avocats se mettent en grève pour protester contre la violence lors de la répression d'une manifestation de soutien aux habitants de Sidi Bouzid, à la fin de décembre, à laquelle certains de leurs confrères participaient.

Le 7, les autorités américaines convoquent l'ambassadeur de Tunisie à Washington pour demander le respect des libertés individuelles dans son pays et pour protester contre le blocage de nombreux comptes sur le réseau social Facebook.

Le 9, les affrontements entre les manifestants et les forces de l'ordre à Thala, Kasserine et Regueb, dans l'ouest du pays, font quatorze morts selon les autorités. Il s'agit du bilan humain le plus élevé depuis les « émeutes du pain » en décembre 1983-janvier 1984. Dans le même temps, le gouvernement estime que « ce mouvement social est légitime ».

Le 10, le président Zine el-Abidine Ben Ali intervient à la télévision pour annoncer la création d'emplois en faveur des diplômés au chômage et attribue les violences à « des éléments hostiles à la solde de l'étranger, qui ont vendu leur âme à l'extrémisme et au terrorisme ».

Le 10 également, le gouvernement annonce la fermeture des établissements d'enseignement.

Le 10 toujours, l'Union européenne sort de son silence en appelant à « la retenue dans le recours à la force », au « respect des libertés fondamentales » et à la « libération immédiate des blogueurs, journalistes, avocats et autres personnes » arrêtés.

Le 11, les émeutes gagnent la banlieue de Tunis.

Le 12, le Premier ministre Mohamed Ghannouchi annonce le limogeage du ministre de l'Intérieur Rafik Belhaj Kacem et la création d'une commission d'enquête sur la corruption, que dénoncent les manifestants. Les autorités instaurent le couvre-feu à Tunis où l'armée se déploie.

Le 12 également, alors que la France conserve une position très prudente à l'égard de la situation en Tunisie, la ministre française des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie prône l'« apaisement » tout en proposant au gouvernement tunisien « le savoir-faire de nos forces de sécurité » pour ramener l'ordre dans le pays.

Le 13, alors que la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme fait état d'un bilan humain de soixante-six morts depuis le début des violences, le président Ben Ali prend de nouveau la parole. Déclarant avoir été « trompé » dans l'analyse de la situation, il promet de ne pas briguer un sixième mandat lors de l'élection présidentielle prévue en 2014, de faire cesser les tirs à balles réelles contre les manifestants et de rétablir la liberté d'information, notamment l'accès à Internet. Les partisans du chef de l'État organisent une manifestation dans les rues de Tunis à l'issue du discours.

Le 14, la capitale est de nouveau le théâtre de violentes manifestations réclamant le départ du président Ben Ali. Ce dernier annonce le limogeage du gouvernement et l'organisation d'élections législatives anticipées, puis décrète l'état d'urgence et l'instauration du couvre-feu dans l'ensemble du pays. Quelques heures plus tard, Mohamed Ghannouchi annonce qu'il assume les fonctions de chef de l'État par intérim. La nouvelle de la fuite du président Ben Ali, réfugié en Arabie Saoudite, se répand.

Le 15, le président de la Chambre des députés Fouad Mebazaa prend les fonctions de chef de l'État en application de la Constitution.

Le 16, des affrontements violents opposent l'armée aux éléments restés fidèles au président Ben Ali, tandis que la justice annonce l'arrestation de l'ancien chef de la sécurité, le général Ali Seriati.

Le 17, Mohamed Ghannouchi annonce la composition d'un gouvernement d'union nationale auquel participent trois dirigeants de l'opposition, mais dont les postes régaliens demeurent aux mains de membres du Rassemblement constitutionnel démocratique (R.C.D.), le parti de Ben Ali. Le gouvernement est chargé de préparer les élections qui doivent se tenir dans les six prochains mois.

À partir du 18, les opposants au président Ben Ali manifestent pour réclamer le départ du gouvernement des membres du R.C.D. Les ministres issus de l'opposition annoncent leur démission.

Le 19, Fouad Mebazaa, qui a démissionné du R.C.D., tout comme Mohamed Ghannouchi, annonce « une rupture totale avec le passé ».

À compter du 21, le pays observe trois jours de deuil en hommage aux soixante-dix-huit victimes officiellement recensées des manifestations contre le régime du président Ben Ali.

Le 24, le président français Nicolas Sarkozy reconnaît avoir « sous-estimé les aspirations du peuple tunisien à la liberté ».

Le 27, Mohamed Ghannouchi annonce le départ du gouvernement des anciens membres du R.C.D. qui occupaient les postes régaliens.

Le 30, le chef du mouvement islamiste Ennahda, Rached Ghannouchi, qui vivait en exil à Londres depuis vingt ans, rentre à Tunis où il est accueilli par des milliers de partisans.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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