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2-30 juin 2020

Belgique. Mouvement de protestation contre le racisme

Le 2, un groupe baptisé « Réparons l’histoire » lance une pétition électronique demandant le retrait de toutes les statues du roi Léopold II de la ville de Bruxelles. Cette initiative fait suite au mouvement de lutte contre la discrimination raciale qui se développe aux États-Unis après le meurtre de l’Afro-Américain George Floyd par un policier blanc en mai. Léopold II est jugé responsable de la mort de millions de Congolais au xixe siècle, quand le Congo était sa propriété personnelle. Au cours du mois, plusieurs de ses statues seront vandalisées à travers le pays ou remisées par les autorités. Plusieurs municipalités exprimeront la volonté de débaptiser des voies portant le nom de Léopold II.

Le 7, quelque dix mille personnes participent à Bruxelles à une manifestation contre le racisme et les violences policières, autorisée par le bourgmestre Philippe Close (Parti socialiste). Le 9, la Première ministre Sophie Wilmès reconnaît que la cause est « noble », mais critique la manifestation qui contrevenait à l’interdiction des grands rassemblements pour raison sanitaire.

Le 17, les chefs des groupes parlementaires de la Chambre des représentants, à l’exception de celui du Vlaams Belang (extrême droite), s’accordent sur la création d’une commission parlementaire sur le passé colonial belge, sur proposition du président de la Chambre Patrick Dewael (Libéraux et démocrates flamands).

Le 17 également, l’eurodéputée écologiste allemande Pierrette Herzberger-Fofana, qui est noire, dépose une plainte auprès du parquet de Bruxelles, affirmant avoir été brutalisée par des policiers belges à la gare de Bruxelles, la veille.

Le 18, la coprésidente d’Ecolo Rajae Maouane annonce son intention de déposer plainte à la suite des injures racistes diffusées récemment à son encontre sur les réseaux sociaux, au nom de « toutes les personnes qui vivent la même chose au quotidien ». À sa suite, plusieurs élus noirs déposent plainte au cours du mois pour injures racistes.

Le 19, plusieurs centaines de policiers manifestent dans plusieurs grandes villes du pays « contre la stigmatisation » de leur profession.

Le 24, cinq femmes métisses d’ascendance congolaise déposent plainte contre l’État pour « crimes contre l’humanité ». Jusqu’à l’indépendance du Congo en 1960, les enfants métis étaient retirés à leur famille africaine pour être placés dans des internats financés par l’État.

Le 30, dans une lettre adressée au président de la République démocratique du Congo Félix Tshisekedi à l’occasion du soixantième anniversaire de l’indépendance du pays, le roi Philippe II évoque les « actes de violence et de cruauté » commis lorsque le pays était la propriété personnelle du roi Léopold II, ainsi que les « souffrances » et les « humiliations » subies par les Congolais durant la période coloniale, et exprime ses « plus profonds regrets pour ces blessures du passé dont la douleur est aujourd’hui ravivée par les discriminations encore trop présentes dans nos sociétés ». Aucun roi belge régnant n’avait encore tenu de tels propos officiels.

— Universalis

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