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2-27 avril 1997

Zaïre. Conquête de Lubumbashi par l'A.F.D.L

Le 2, le président Mobutu Sese Seko nomme au poste de Premier ministre, en application de la Constitution de transition, le candidat de l'opposition Étienne Tshisekedi, dont la désignation a été avalisée par la mouvance présidentielle. Étienne Tshisekedi avait été nommé à ce poste par la Conférence nationale souveraine en août 1992. Ce dernier déclare considérer « comme nulles et non avenues » toutes les modifications institutionnelles intervenues depuis son limogeage par le président Mobutu, en décembre 1992. Il remet notamment en cause l'existence du Parlement de transition et de la Constitution intérimaire.

Le 3, l'Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre (A.F.D.L.) de Laurent-Désiré Kabila, qui conteste par les armes le régime du maréchal Mobutu et qui contrôle déjà plus du quart du pays, rejette la proposition que lui fait Étienne Tshisekedi de participer au gouvernement d'union nationale dont les partisans du chef de l'État sont exclus. L'A.F.D.L. avait prévenu qu'elle considérerait Étienne Tshisekedi, une fois nommé « Premier ministre de Mobutu », comme un ennemi.

Le 4, les forces de l'A.F.D.L. s'emparent sans combattre de Mbuji-Mayi, chef-lieu du Kasaï-Oriental et capitale du diamant.

Le 5, les négociations interzaïroises débutent en Afrique du Sud, en application de l'accord conclu en mars sous l'égide de l'O.U.A.

Le 8, le président Mobutu décrète l'état d'urgence sur l'ensemble du territoire. Depuis la veille, les partisans d'Étienne Tshisekedi, que la classe politique menace de destituer en raison de son intransigeance, manifestent violemment dans les rues de Kinshasa.

Le 9, les rebelles conquièrent Lubumbashi, deuxième ville du pays et chef-lieu du Shaba, la province où sont situées les richesses minières du pays : cuivre, cobalt et zinc. Le 16, l'A.F.D.L. signera un nouveau contrat avec la société minière America Mineral Fields qui exploite le sous-sol de la région. Par ailleurs, Laurent-Désiré Kabila donne trois jours au président Mobutu pour négocier avec lui son départ. De leur côté, les pays occidentaux se déclarent favorables au retrait du maréchal Mobutu.

Le 9 également, Étienne Tshisekedi, désavoué par le camp présidentiel comme par l'opposition, est remplacé par le général Likulia Bolongo, ancien ministre de la Défense qui forme, le 11, un gouvernement de salut national où deux autres militaires occupent les fonctions de ministres de la Défense et de l'Intérieur. Aucun membre de l'opposition radicale proche d'Étienne Tshisekedi n'en fait partie.

Le 12, les rebelles de l'A.F.D.L. s'emparent sans combat de Kananga, capitale du Kasaï-Occidental.

Le 14, Kinshasa est paralysée par une opération « ville morte » lancée par l'Union démocratique pour le progrès social, la principale formation de l'opposition, dirigée par Étienne Tshisekedi, qui réclame le départ du président Mobutu.

Le 17, le président sud-africain Nelson Mandela invite officiellement le président Mobutu et le chef de l'A.F.D.L. à se rencontrer dans son pays. Mais, alors que le chef de l'État zaïrois évoque un processus de transition, Laurent-Désiré Kabila n'envisage qu'une simple passation des pouvoirs.

Le 27, Laurent-Désiré Kabila, dont les forces sont accusées par les Occidentaux d'être responsables de la mort de milliers de réfugiés hutu rwandais, accorde « soixante jours » au Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés pour rapatrier les quelques quatre-vingt mille réfugiés de la région de Kisangani. L'A.F.D.L. empêchait jusque-là les organisations humanitaires de pénétrer dans l'est du pays, qu'elle contrôle.

— Universalis

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