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2-23 novembre 1999

France. Démission du ministre de l'Économie Dominique Strauss-Kahn

Le 2, Dominique Strauss-Kahn, ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie, qui est mis en cause dans le cadre de l'enquête sur la gestion de la Mutuelle nationale des étudiants de France (M.N.E.F.), présente sa démission. Il est soupçonné d'avoir fait usage de faux en vue de justifier la rémunération de 603 000 francs reçue pour son intervention en tant qu'avocat-conseil, entre 1994 et 1996, dans l'opération ayant abouti à la prise de participation de la Compagnie générale des eaux dans le capital du holding regroupant la plupart des filiales de la M.N.E.F. Menée en 1998, l'enquête de la Cour des comptes sur la gestion de la mutuelle étudiante, dont les dirigeants sont pour la plupart socialistes, avait révélé « un enchevêtrement de participations croisées générant un écheveau de filiales et sous-filiales ». La Cour s'étonnait des « investissements des fonds d'origine mutualiste dans des sociétés qui agissent dans des secteurs commerciaux ». En octobre 1999, Olivier Spithakis, ancien directeur général de la M.N.E.F., a été mis en examen et écroué pour « détournements de fonds publics, complicité et recel, destruction de preuves, faux et usages de faux ». À la même date, le parquet de Paris a délivré un réquisitoire supplétif pour faux et usage de faux à l'encontre, notamment, de Dominique Strauss-Kahn à la suite de la saisie de documents dans les locaux de la M.N.E.F. Le Premier ministre, Lionel Jospin, salue la décision de Dominique Strauss-Kahn, qui était l'un des principaux ministres de son gouvernement. Il nomme à son poste Christian Sautter, jusque-là secrétaire d'État au Budget. L'opposition met en cause le gouvernement en dénonçant la mutation – politique, selon elle –, décidée en août, du chef de la section financière du parquet de Paris, Anne-Josée Fulgéras, et la « collusion » entre la M.N.E.F. et le Parti socialiste.

Le 3, mis en cause à l'Assemblée nationale dans l'affaire de la M.N.E.F. en tant qu'ancien premier secrétaire du Parti socialiste, lors de la séance des questions au gouvernement, Lionel Jospin évoque implicitement la liaison entre « un fonctionnement institutionnel et un fonctionnement partisan » qui aurait marqué la présence de Jacques Chirac à la mairie de Paris. Ce dernier dénonce « l'insinuation » et appelle son Premier ministre à plus de « sang-froid ». Il s'agit d'un des plus graves accrocs à la cohabitation entre les deux dirigeants.

Le 7, Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'Intérieur, dénonce la « loi du pilori » dont a été victime Dominique Strauss-Kahn qui « n'aurait pas dû démissionner ».

Le 9, Jean-Christophe Cambadélis, numéro deux du Parti socialiste et ancien administrateur de la M.N.E.F., mis en cause dans une autre affaire judiciaire, annonce sa « mise en congé temporaire » de ses fonctions.

Le 15, François Bernardini, mis en examen en octobre dans l'affaire de la M.N.E.F., annonce l'abandon de ses fonctions de premier secrétaire de la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône.

Le 23, Jean-Marie Le Guen, qui a occupé plusieurs fonctions dirigeantes à la M.N.E.F., annonce sa démission du poste de premier secrétaire de la fédération socialiste de Paris.

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