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1er-30 avril 2022

Ukraine - Russie. Mise au jour de massacres de civils dans la région de Kiev évacuée par les troupes russes

Le 1er, la Russie accuse l’armée ukrainienne d’avoir détruit un dépôt de carburant dans la ville russe de Belgorod, proche de la frontière nord-est de l’Ukraine. Kiev ne confirme pas cette attaque. Moscou l’accusera d’autres attaques de villes frontalières russes au cours du mois, que Kiev démentira.

Le 2, Kiev annonce l’évacuation de plus de trois mille civils du port de Marioupol, dans le sud du Donbass, qui est assiégé par les forces russes depuis plusieurs semaines.

Boutcha (Ukraine), ville martyre, 2022 - crédits : Ronaldo Schemidt/ AFP

Boutcha (Ukraine), ville martyre, 2022

Le 2 également, alors que Kiev proclame la « libération » de la région de Kiev que les troupes russes ont évacuée, de nombreux témoignages font état de l’exécution de centaines de civils dans les faubourgs de la capitale qui étaient occupés par les forces russes. Les corps de dizaines de civils exécutés à l’arme automatique, dont certains ont les mains liées dans le dos, sont notamment retrouvés à Boutcha, au nord-ouest de Kiev. Ces découvertes suscitent une indignation internationale. En visite à Boutcha le 4, le président Volodymyr Zelensky dénonce un « génocide ».

Le 4, Berlin annonce le placement temporaire sous la tutelle de l’État de la filiale allemande du géant gazier russe Gazprom, dont tous les actifs ont été rapatriés le 1er.

Le 4 également, Paris annonce l’expulsion de trente-cinq diplomates russes considérés comme des espions. Berlin agit de même à l’égard de quarante agents russes. Le 5, l’Italie, l’Espagne, le Danemark, la Hongrie, la Slovénie et les institutions européennes annonceront à leur tour l’expulsion de diplomates russes. Les pays Baltes ont expulsé des diplomates russes dès février, et la Bulgarie, la Pologne, la Belgique, l’Irlande, les Pays-Bas, la Slovaquie et la République tchèque en mars.

Le 5, Washington annonce le déblocage de 100 millions de dollars (95 millions d’euros) d’aide militaire. Le 13, puis de nouveau le 21, il annoncera de nouvelles aides de 800 millions de dollars (760 millions d’euros) chacune, ce qui portera le total des aides militaires américaines à l’Ukraine à 3,4 milliards de dollars (3,2 milliards d’euros) depuis le début du conflit. Dans le même temps, les livraisons d’armes en provenance de divers pays européens se poursuivent.

Le 5 également, Volodymyr Zelensky s’exprime pour la première fois en direct, par visioconférence, devant le Conseil de sécurité de l’ONU auquel il demande de faire reconnaître par la communauté internationale les crimes de guerre perpétrés par la Russie et de priver Moscou de son droit de veto sur les questions relatives au conflit en Ukraine.

Le 6, les États-Unis annoncent de nouvelles sanctions contre la Russie. Celles-ci visent les deux filles du président russe Vladimir Poutine, l’épouse et la fille du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, ainsi que les vingt et un membres du Conseil de sécurité de la Russie. En outre, Washington interdit toute transaction aux États-Unis avec la Sberbank, première banque russe, et l’Alfa Bank, ainsi que tout nouvel investissement en Russie.

Le 7, l’Assemblée générale des Nations unies vote, sur l’initiative des États-Unis, la suspension de la participation de la Russie au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, par 93 voix contre 24 – dont celle de la Chine – et 58 abstentions.

Le 7 également, l’Union européenne (UE) adopte un cinquième paquet de sanctions à l’encontre de la Russie. Les Vingt-Sept décident à l’unanimité un embargo sur le charbon russe, l’interdiction des transactions avec quatre grandes banques russes, l’interdiction de l’accès au territoire de l’UE des navires et des camions russes et biélorusses, ainsi que l’arrêt de l’importation de Russie et de l’exportation vers la Russie d’une nouvelle série de produits. Plus de deux cents nouvelles personnalités russes sont visées par des sanctions, parmi lesquelles les deux filles de Vladimir Poutine.

Le 8, une frappe de missile russe sur la gare de Kramatorsk, dans le Donbass, où des milliers de personnes tentaient de fuir la région, fait au moins cinquante-deux morts.

Le 8 également, Ursula von der Leyen se rend à Boutcha, puis à Kiev où elle remet au président Zelensky un document qui lance la procédure de demande d’adhésion de l’Ukraine à l’UE.

Le 8 toujours, Moscou impose la fermeture des bureaux de quinze ONG de défense des droits de l’homme dans le pays, dont Amnesty International et Human Rights Watch.

Le 11, le chancelier autrichien Karl Nehammer est le premier dirigeant européen à rencontrer Vladimir Poutine, à Moscou, depuis le début du conflit. Il se déclare « pessimiste » à l’issue de cette rencontre, constatant que « le président Poutine est entré massivement dans une logique de guerre ».

Le 12, le président américain Joe Biden accuse pour la première fois Vladimir Poutine de mener un « génocide » en Ukraine. Cette accusation sera reprise par les Premiers ministres britannique et canadien Boris Johnson et Justin Trudeau, mais pas par le président français Emmanuel Macron qui rejettera « l’escalade des mots ».

Le 12 également, le président allemand Frank-Walter Steinmeier renonce à se rendre à Kiev où sa venue n’est pas souhaitée en raison de la politique de relations étroites avec Moscou qu’il a pratiquée lorsqu’il était ministre des Affaires étrangères, de 2005 à 2009, puis de 2013 à 2017. Le 4, il avait reconnu s’être « trompé » au sujet de Vladimir Poutine et avait admis que son soutien au gazoduc Nord Stream 2 avait été une « erreur ».

Le 12 toujours, le président Zelensky annonce l’arrestation du député et oligarque prorusse Viktor Medvedtchouk, considéré comme le représentant officieux de Vladimir Poutine en Ukraine, inculpé en mai 2021 de « haute trahison » et de « tentative de pillage de ressources naturelles en Crimée », et depuis lors assigné à résidence. Le lendemain, Volodymyr Zelensky propose à Moscou de l’échanger contre des prisonniers ukrainiens.

Le 14, la Russie annonce le naufrage du croiseur Moskva, navire amiral de sa flotte en mer Noire, qui serait dû à l’explosion d’un stock de munitions à son bord selon Moscou, tandis que Kiev affirme qu’il a été touché par des missiles de fabrication ukrainienne – ce que le Pentagone confirmera.

Le 18, Volodymyr Zelensky déclare que l’on peut « maintenant affirmer que les troupes russes ont commencé la bataille pour le Donbass », où les frappes russes s’intensifient. Toutefois, les forces russes progressent peu au cours du mois, faisant face à une forte résistance de l’armée ukrainienne.

Le 20, Vladimir Poutine annonce le succès du premier tir d’essai du missile balistique intercontinental Sarmat, réalisé depuis l’aire de lancement de Plessetsk, dans le nord-ouest de la Russie. Il qualifie ce missile d’« arme unique », capable de « déjouer tous les systèmes antiaériens modernes » et « qui fera réfléchir à deux fois ceux qui essayent de menacer notre pays ».

Le 21, Vladimir Poutine affirme que les forces russes ont pris le contrôle de Marioupol dont il attribue la responsabilité de la destruction aux « bataillons nazis ». Il ordonne d’assiéger le complexe sidérurgique d’Azovstal où sont retranchés les derniers défenseurs de la ville et des centaines de civils, plutôt que de lui donner l’assaut, afin de « sauvegarder la vie de nos soldats ».

Le 24, le secrétaire d’État américain Antony Blinken et le secrétaire à la Défense Lloyd Austin se rendent à Kiev. La présidente démocrate de la Chambre des représentants des États-Unis, Nancy Pelosi, s’y rendra le 30.

Le 25, dans un entretien télévisé, Sergueï Lavrov dénonce les livraisons d’armes sophistiquées à l’Ukraine par des pays membres de l’OTAN. Il affirme que « l’OTAN, en substance, est engagée dans une guerre avec la Russie via un intermédiaire et elle arme cet intermédiaire ». Il met en garde contre le risque « grave, réel » de guerre mondiale.

Le 26, les représentants de près de quarante États se réunissent sur la base militaire américaine de Ramstein (Rhénanie-Palatinat), en Allemagne, afin d’évaluer les besoins militaires de l’Ukraine. Le gouvernement allemand, qui y était jusque-là opposé, avait auparavant donné son accord à la livraison à Kiev d’armement lourd – des chars antiaériens de type Gepard. Les livraisons par les pays occidentaux d’armes lourdes à l’Ukraine s’accroissent.

Le 27, le groupe gazier russe Gazprom suspend ses livraisons à la Pologne et à la Bulgarie qui refusent de payer leurs importations de gaz en roubles, comme Moscou l’exige depuis le début du mois. Ces deux pays ne représentent que 8 % des exportations de gaz russe vers l’UE.

Le 28, Joe Biden annonce qu’il a demandé au Congrès d’accorder une enveloppe de 33 milliards de dollars (31,4 milliards d’euros) d’aide à l’Ukraine, dont 20 milliards d’aide militaire, après une première aide globale de 13,6 milliards de dollars déjà votée en mars.

Le 28 également, Kiev est la cible de deux tirs de missile, alors que le secrétaire général de l’ONU António Gutteres, qui a rencontré Vladimir Poutine à Moscou la veille, s’y trouve en visite.

Le 30 débute l’évacuation des civils encore réfugiés dans l’usine d’Azovstal, à Marioupol.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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