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1er-28 mai 1999

Yougoslavie. Poursuite de l'intervention alliée et progrès diplomatiques

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Le 1er, l'aviation de l'O.T.A.N. frappe par erreur un autobus circulant sur un pont, au Kosovo, tuant plusieurs dizaines de civils. Il s'agit de la sixième méprise de l'aviation alliée depuis le début de l'opération « Force alliée », en mars, dont le but est de contraindre Belgrade à accepter le plan de paix pour le Kosovo élaboré par le Groupe de contact.

Le 2, Belgrade remet en liberté les trois soldats américains capturés en mars, à l'occasion de la mission conduite en Yougoslavie par le pasteur américain Jessie Jackson. Ce geste n'entame pas la « détermination », affichée par l'O.T.A.N., de poursuivre l'opération « Force alliée ».

Le 3, l'aviation alliée utilise pour la première fois dans le conflit des bombes au graphite qui provoquent des courts-circuits dans les centrales électriques visées, sans anéantir celles-ci, privant Belgrade d'électricité.

Le 3 également, le président Clinton reçoit à Washington Viktor Tchernomyrdine, représentant spécial du président Eltsine pour le Kosovo. Il annonce que la force internationale qui devrait être déployée au Kosovo comprendra des soldats russes.

Le 4, un avion F-16 de l'O.T.A.N. abat un Mig-29 yougoslave au cours du premier engagement aérien du conflit.

Le 5, deux pilotes américains sont tués dans l'accident d'un hélicoptère Apache lors d'un vol d'entraînement en Albanie. Ce sont les premiers morts de l'Alliance depuis le début de l'opération « Force alliée ».

Le 5 également, Ibrahim Rugova, le « président » kosovar modéré, quitte la Yougoslavie pour l'Italie, avec l'accord de Slobodan Milošević.

Le 6, lors de la réunion à Bonn des ministres des Affaires étrangères du G8 – les sept pays les plus industrialisés plus la Russie –, cette dernière accepte les conditions posées par l'O.T.A.N. pour l'arrêt de son opération, notamment le déploiement au Kosovo de « présences internationales [...] civiles et de sécurité », mais obtient que celles-ci soient placées sous le contrôle des Nations unies. Moscou exige également que l'arrêt des bombardements précède la négociation du règlement de la crise dans le cadre de l'O.N.U.

Le 8, l'aviation de l'O.T.A.N. bombarde par erreur l'ambassade de Chine à Belgrade, faisant quatre morts et déclenchant une crise diplomatique. Pékin dénonce un « crime de guerre ». Pendant trois jours, des manifestations violentes se déroulent devant l'ambassade des États-Unis à Pékin.

Le 10, annonçant que « les opérations au Kosovo contre la soi-disant U.Ç.K. [Armée de libération du Kosovo] sont terminées », les autorités yougoslaves déclarent avoir commencé à retirer des forces de la province. L'O.T.A.N. juge cette mesure insuffisante.

Le 10 également, le Haut-Commissariat de l'O.N.U. pour les réfugiés (H.C.R.) estime à 900 000 le nombre de réfugiés ayant fui le Kosovo depuis le début du conflit, en mars 1998, soit la moitié de la population de souche albanaise. Selon le département d'État américain, les personnes déplacées à l'intérieur du Kosovo atteignent le nombre de 600 000.

Le 13, l'O.T.A.N. effectue sa cinquantième nuit de bombardements sur la Yougoslavie.

Le 14, le bombardement du village de Korisa, au Kosovo, par l'aviation alliée, fait des dizaines de morts. L'O.T.A.N. affirme avoir visé une « cible militaire légitime ».

Le 14 également est mise sur pied, avec l'accord des États-Unis, la mission diplomatique composée du représentant russe Viktor Tchernomyrdine et du président finlandais Martti Ahtisaari. Elle est chargée d'unifier les positions russe et occidentale et d'obtenir des concessions de Slobodan Milošević. En visite à Paris, le président monténégrin, Milo Djukanović, hostile au président Milošević, soutient les exigences du G8, mais demande que les bombardements cessent.

Le 16 et les jours suivants, dans la région de Krusevac, dans le sud de la Serbie, des familles protestent contre l'envoi de soldats au Kosovo. La presse monténégrine annonce la désertion d'un millier de soldats originaires de cette région.

Le 24, la mission de l'O.N.U. destinée à évaluer les besoins en aide humanitaire de la Yougoslavie estime les preuves et les témoignages « suffisants pour confirmer qu'il y a eu une tentative de déplacer à l'intérieur [du Kosovo] et vers l'extérieur un nombre choquant de civils ».

Le 25, devant l'afflux incessant de réfugiés dans les pays voisins, l'O.T.A.N. décide de porter les effectifs de la future force de paix pour le Kosovo de 28 000 à 45 000 hommes.

Le 27, Louise Arbour, procureur du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (T.P.I.Y.), rend publiques l'inculpation pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité de Slobodan Milošević et celle du président serbe Milan Milutinović. Le président yougoslave est accusé d'être l'instigateur d'« une campagne de terreur et de violence contre les civils albanais du Kosovo ». Moscou dénonce ces inculpations.

Le 28, à l'issue de ses entretiens à Belgrade avec Viktor Tchernomyrdine, Slobodan Milošević annonce pour la première fois qu'il accepte « les principes généraux du G8 ».

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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