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11-24 décembre 2019

Inde. Adoption d’une législation discriminatoire à l’encontre des musulmans

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Le 11, le Parlement adopte un amendement à la loi sur la nationalité de décembre 1955 qui rompt avec le principe de laïcité inscrit dans la Constitution. Le texte autorise la naturalisation des immigrés hindous, sikhs, jaïns, parsis, chrétiens ou bouddhistes – mais pas musulmans – qui ont fui l’Afghanistan, le Pakistan ou le Bangladesh pour des raisons religieuses, sont arrivés en Inde avant le 31 décembre 2014 et y résident depuis lors.

Les jours suivants, des milliers de personnes protestent contre cette mesure dans les États du nord-est du pays proches du Bangladesh – Assam, Tripura, Meghalaya et Bengale-Occidental. Les populations tribales de l’Assam, notamment, craignent que la naturalisation massive de migrants hindous modifie l’équilibre démographique et menace leurs droits spécifiques. La réforme de la loi sur la nationalité remet en cause, selon elles, un accord signé en août 1985 par le gouvernement, qui prévoyait qu’aucun migrant illégal entré en Assam après 1971 – date de l’indépendance du Bangladesh – ne pourrait être naturalisé. C’est sur la base de cet accord qu’a été réalisée la mise à jour du registre national de citoyenneté en Assam, dont les résultats ont été publiés en août. La nouvelle loi vise à réintégrer les hindous exclus de ce recensement parce qu’ils étaient arrivés après 1971. Au Bengale-Occidental, les manifestants protestent contre le sort réservé aux musulmans qui composent 30 p. 100 de la population de cet État. La chef de l’exécutif du Bengale-Occidental, Mamata Banerjee, ainsi que ses homologues du Pendjab, du Chhattisgarh, du Kerala et du Madhya Pradesh annoncent leur intention de ne pas appliquer la nouvelle législation qu’ils jugent inconstitutionnelle.

Le 15, la police donne violemment l’assaut à l’université musulmane Jamia Millia Islamia, à New Delhi, bastion de la contestation contre la loi sur la nationalité. La capitale reste le théâtre d’affrontements les jours suivants.

Le 16, à Calcutta (Bengale-Occidental), une marche de protestation regroupe des dizaines de milliers de personnes, à l’appel de Mamata Banerjee.

Le 19, le gouvernement interdit les manifestations dans les grandes villes et plusieurs États du pays, ce qui n’a aucun effet sur les rassemblements.

Le 22, le Premier ministre Narendra Modi s’exprime pour la première fois au sujet de la loi sur la nationalité, affirmant que celle-ci ne concerne pas « les musulmans de l’Inde ».

Le 23, le Bharatiya Janata Party (Parti du peuple indien, BJP) de Narendra Modi perd les élections régionales dans le Jharkhand dont il avait pris le contrôle en 2014, au profit d’une coalition de centre gauche. C’est le cinquième État perdu depuis décembre 2018 par le BJP, qui ne contrôle plus que seize des vingt-huit États du pays.

Le 24, le gouvernement lance l’actualisation du registre national de la population, qui exige désormais des résidents sur le sol indien qu’ils précisent la date et le lieu de naissance de leurs parents. Les musulmans dénoncent un nouvel outil de discrimination.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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