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RAHMAN ZIAUR (1935-1981)

Certains dirent, le 30 mai 1981, en apprenant le meurtre de Ziaur Rahman par des officiers rebelles, que ce troisième chef d'État du Bangladesh avait péri par où il avait péché. Ziaur Rahman n'avait-il pas trempé, en 1975, dans l'assassinat du « père de la nation », Mujibur Rahman, et d'une partie de sa famille ? De ce crime originel, grâce auquel il réalisa une partie de son ascension politique, Ziaur Rahman, Zia, comme on l'appelait couramment, ne fut jamais lavé aux yeux de son peuple. Sa disparition ne provoqua dans le pays aucun signe profond d'affliction. Ziaur Rahman, né à Calcutta, originaire d'une famille du district de Bogra dans le nord du Bangladesh, était bengali. Prenant la tête d'un des pays les plus pauvres et les moins développés de la planète, Zia ne se borna pas à être un conservateur et un anticommuniste affirmé. Il fut un dictateur.

Son apprentissage, il le fit dans l'armée pakistanaise, qu'il rejoignit en 1953, à l'image des fils de bonne famille issus des couches moyennes auxquelles il appartenait.

En 1971, quand la guerre de libération du Bangladesh éclata, Zia était lieutenant-colonel. Sous le militaire perçait déjà l'homme politique. Le 21 mars 1971, il proclamait sur les antennes de Radio-Chittagong l'indépendance de l'État qui n'était alors encore que la province orientale du Pakistan, précipitant ainsi le soulèvement national.

Sa froideur distante, son effacement discret, sa moustache soignée, ses yeux cachés derrière des lunettes teintées, tout le différenciait de l'exubérance chaleureuse des autres dirigeants bengali. Ni son tempérament, ni ses idées politiques ne l'inclinaient à devenir un proche de Mujibur Rahman. Celui-ci se garda bien de le nommer chef d'état-major des armées. Aussi bien Zia n'acquit-il ce titre qu'au lendemain de l'assassinat de Mujibur Rahman, lorsque Khondakar Moushtaque Ahmed, une personnalité conservatrice et pro-occidentale, prit le pouvoir. L'étoile de Zia ne pâlit que trois jours, du 4 au 7 novembre 1975, lorsque le général Kahlid Musharaf, s'emparant du pouvoir, plaça Zia en résidence surveillée. Mais le contre-coup d'État du 7 novembre remit définitivement Zia à la tête du pays, même s'il n'en fut pas totalement l'artisan ; il semble, en effet, avoir quelque peu dupé ses auteurs, de jeunes officiers politisés, « radicaux », qui croyaient que l'armée pourrait être le fer de lance d'une révolution nationaliste. Ils s'aperçurent, mais un peu tard, que Zia n'était pas tout à fait l'homme qu'il leur fallait. Il en resta des traces...

Nommé administrateur adjoint de la loi martiale aux côtés du président de la République, Ziaur Rahman n'eut dès lors de cesse de conforter son pouvoir, tout en poursuivant une politique économique et sociale favorable au développement à outrance de l'investissement privé étranger et à l'essor du capitalisme. En novembre 1976, il devint le seul administrateur de la loi martiale. Les élections législatives furent renvoyées sine die et les arrestations et exécutions multipliées. En avril 1977, le président de la République démissionna et désigna Zia pour lui succéder. En mai 1977, un plébiscite légitima l'opération avec 99 p. 100 des voix. En 1978, une certaine libéralisation politique commença à se faire jour, sous l'effet tant de la lutte de l'opposition démocratique que de la volonté de Zia de créer un embryon de réelle légitimité. En juin 1978, à l'issue d'une brève campagne présidentielle, Zia parvint à se faire élire président de la République (pour cinq ans) avec 78 p. 100 des voix Son principal adversaire, Ataul Ghani Osmani, préconisa la restauration du régime parlementaire au terme d'une campagne émaillée d'illégalités, mais qui avait eu le mérite d'exister. En février 1979, les secondes élections[...]

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Écrit par

  • : docteur d'État ès sciences politiques, chargé de recherches au C.N.R.S. (Centre d'études et de recherches internationales)

Classification

Pour citer cet article

Max ZINS. RAHMAN ZIAUR (1935-1981) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BANGLADESH

    • Écrit par Alice BAILLAT, Universalis
    • 8 418 mots
    • 9 médias
    Tandis que Mujibur Rahman est emprisonné au Pakistan pour trahison à partir de mars 1971, le jeune officier Ziaur Rahman (plus connu sous le nom de Zia) proclame officiellement l’indépendance du Bangladesh le 27 mars 1971. Icône du mouvement indépendantiste et chef de la Ligue Awami, le cheikh...