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ZHANG YIMOU (1950- )

Zhang Yimou est né le 14 novembre 1950 à X'ian, province de Shaansi, en République populaire de Chine. Il est âgé de seize ans quand éclate la révolution culturelle. Il est de fait obligé d'abandonner ses études et de travailler dans des fermes ou des fabriques. C'est au cours de cette période qu'il se découvre un intérêt pour la photographie. Aussi, quand l'évolution de la situation politique le lui permet, s'inscrit-il pour suivre les cours de l'Institut de cinéma de Pékin après la réouverture de celui-ci, en 1978. Mais comme il est de cinq ans trop âgé, l'âge limite d'inscription étant de vingt-trois ans, sa candidature est rejetée. Pourtant, face à sa détermination à intégrer l'école, le ministère de la Culture finit par l'admettre dans la section « image ».

Diplômé en 1982, Zhang Yimou commence une activité de chef opérateur au studio Guangxi en éclairant Un et huit de Zhang Junzhao (1983), puis Terre jaune (1984) et La Grande Parade (1986), tous deux de Chen Kaige, futur auteur d’Adieu ma concubine (1993), qui fut son condisciple à l'Institut. Cette activité lui donne progressivement envie de passer à la réalisation. C'est alors que la proposition lui est faite, par une autre structure de production, d'assurer la photographie et de tenir le rôle principal pour Le Vieux Puits de Wu Tianming (1986) ; son interprétation lui vaut d'obtenir le prix pour le meilleur acteur au festival de Tōkyō en 1987.

Cette même année 1987, Zhang passe à la réalisation avec Le Sorgho rouge, dans lequel il tient aussi un rôle, au côté de son épouse, la comédienne Gong Li, qui sera l'interprète féminine principale de tous ses films jusqu'en 1995. Avec cette histoire, bâtie sur le mariage forcé d'une jeune fille à un riche propriétaire plus âgé qu'elle, il révèle un réel talent de cinéaste, manifeste dans le sens aigu de la mise en scène, de la mise en espace de ses personnages, du rythme, généralement lent, de la narration – qualités magnifiées par le raffinement de la composition des cadres, le traitement plastique de la couleur, la richesse de la bande-son et la poésie dont ses images sont empreintes. Pareillement, il développe une œuvre personnelle bâtie sur des thèmes récurrents dont témoignent ses films suivants, eux aussi centrés sur le combat d'une femme pour son droit à l'autonomie et à la reconnaissance, combat situé, à l'exception de Qiu Ju, une femme chinoise (1992), dans un passé relativement proche : Judou, le sang du père (1989) ; Épouses et concubines (1991), lauréat du lion d'argent à la Mostra de Venise et de l'oscar pour le meilleur film en langue étrangère (non anglaise), qui lui apporte la consécration internationale ; Qiu Ju, qui est couronné du lion d'or à Venise ; Vivre ! (1993), qui obtient le grand prix du jury au festival de Cannes ; et Shanghai Triad (1995).

Avec ce dernier film, Zhang Yimou aborde pour la première fois depuis son deuxième film, Codename Cougar (1989), le cinéma de genre, en l'occurrence le « policier ». Il se tourne ensuite vers la comédie avec Keep Cool (1997). Cependant, avec ses deux œuvres suivantes, Mon Père et ma mère (1999) et Pas un de moins (1999), couronné lui aussi d'un lion d'or, il évoque respectivement le rôle des traditions ancestrales et de l'enseignement scolaire dans le monde rural contemporain. Il reprend ensuite son approche des genres avec Happy Time (2000), une comédie sur le rapport à l'argent. Deux ans après, il appréhende le WouXian Pian, le récit de « cape et d'épée » chinois. Il signe ainsi Hero (2002), somptueuse reconstitution historique d'une beauté plastique sans pareille, où la complexité de la structure dramatique le dispute à l'invention sonore et visuelle ; il pousse notamment son travail[...]

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Écrit par

  • : critique et historien de cinéma, professeur d'histoire du cinéma

Classification

Pour citer cet article

Alain GAREL. ZHANG YIMOU (1950- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ÉPOUSES ET CONCUBINES, film de Yimou Zhang

    • Écrit par Jacques AUMONT
    • 974 mots

    Fils d'un officier du Kuomintang, Zhang partait avec un lourd handicap dans la Chine communiste ; « rééduqué » à la campagne durant la révolution culturelle, il n'entre qu'à vingt-sept ans à l'école de cinéma de Pékin, après avoir appris la photo en autodidacte. Lorsqu'il obtient son diplôme, en...

  • CHINOIS CINÉMA

    • Écrit par Régis BERGERON, Adrien GOMBEAUD, Charles TESSON
    • 6 369 mots
    • 1 média
    ...commencé en mai 1978, avec la réouverture de l’Académie du cinéma de Pékin, fermée pendant la révolution culturelle. La première promotion accueillera Zhang Yimou (section photo) et Chen Kaige (section réalisateur), figures majeures de la cinquième génération. Le choc de la découverte en 1985 au ...

Voir aussi