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INGE WILLIAM MOTTER (1913-1973)

Dramaturge américain né à Independence (Kansas), William Inge enseigne dans une université du Middle West avant de faire des débuts remarqués d'auteur dramatique, à Broadway, avec Reviens, petite Sheba en 1950, Pic-Nic en 1953 (prix Pulitzer du théâtre cette même année) et Bus Stop en 1955. Ces trois pièces donnèrent lieu à des adaptations cinématographiques célèbres, avec comme interprètes, notamment, Marilyn Monroe et Kim Novak. Inge reçut l'oscar du meilleur scénario pour le film Splendor in the Grass d'Elia Kazan (1961).

Contemporain de Tennessee Williams et d'Arthur Miller, William Inge s'en distingue par un ton plus souriant où l'humour, la demi-teinte n'excluent ni le pathétique ni la précision clinique dans l'étude des mœurs et l'analyse psychologique. Ses comédies sont essentiellement familiales et domestiques, et elles ont pu légitimement lui valoir l'épithète de « petit-maître » de la dramaturgie américaine, qualificatif qui s'applique plus à la dimension du sujet qu'à la qualité de l'œuvre. Chacune de ses pièces porte en effet la marque d'une grande maîtrise. William Inge se révèle en particulier expert dans le déroulement parallèle de deux intrigues jumelles, selon le modèle shakespearien classique. Sa réussite tient essentiellement au fait qu'il sait presque toujours se faire écouter sans pour autant jamais forcer le ton. Il donne de l'Américain moyen et de son mode de vie une image qui est celle-là même de la réalité. Scènes de ménage, querelles de famille sont évoquées avec la souriante tendresse et la douceur parfois exquise qui les empêchent de virer au drame, non sans qu'une fêlure, une blessure secrète ne s'y révèle. Ainsi, dans sa première pièce, Reviens, petite Sheba, c'est la vie d'un couple sans enfants que vient perturber l'arrivée, comme locataire, d'une jeune étudiante. Dans Pic-Nic, une jeune fille trop belle et qui aurait pu choisir la voie des convenances opte pour celle de l'instinct. Dans Bus Stop, à l'inverse, une chanteuse de beuglant cède à l'attrait douceâtre du mariage.

C'est quand il voulut aller plus loin, ouvrir la blessure et par là forcer le ton, dans Le Palier sombre au haut de l'escalier où un jeune juif se suicide parce qu'une femme l'a insulté publiquement et, surtout, dans Il n'y a plus de roses, qui met à jour l'esprit de possession des mères américaines à l'égard de leurs fils, que William Inge cessa de rencontrer la faveur du public. On avait applaudi ses aquarelles de la société américaine. On ne supporta pas ses « eaux-fortes ».

— Paul MORELLE

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Paul MORELLE. INGE WILLIAM MOTTER (1913-1973) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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