Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

BALDWIN WILLIAM (mort en 1570?)

Le nom de William Baldwin, poète, philosophe, historien, mais aussi imprimeur et éditeur, a survécu grâce au Miroir des magistrats (The Mirror for Magistrates, 1559), dont il fut le premier éditeur.

Baldwin avait composé un traité de philosophie morale (1547), adapté les Cantiques de Salomon (1549) lorsque Edward Whitchurch (mort en 1561), imprimeur du roi Édouard VI (mort en 1553), lui demanda de trouver dans l'histoire d'Angleterre de grands personnages dont la destinée tragique pourrait servir d'exemple aux princes du jour. Il s'agissait de donner une suite au vaste poème de John Lydgate (1370-1451), La Chute des princes (The Fall of Princes), écrit entre 1430 et 1438, publié en 1494 et fondé lui-même sur le poème latin de Boccace (1313-1375), De casibus virorum illustrium. Baldwin ne se sentit pas de taille pour mener à bien, seul, une entreprise aussi ambitieuse, et chercha des collaborateurs. George Ferrers (1500-1579), gentilhomme érudit, Thomas Chaloner (1521-1565), Thomas Phaer (1510-1560) collaborèrent à la première édition, et, plus tard, Thomas Sackville (1536-1608) vint se joindre à eux. Rappelons que Sackville écrivit avec Thomas Norton (1532-1584) la première tragédie anglaise, Gorboduc (1561).

Le Miroir des magistrats n'a pas une valeur littéraire de premier plan. Suivant les auteurs, le texte est diffus, plat ou mélodramatique ; seul celui de Sackville pour la « tragédie » du duc de Buckingham, décapité sur l'ordre de Richard III en 1483, a une réelle valeur poétique. Les « tragédies » se présentent sous la forme d'un long monologue des princes infortunés, qui racontent leurs malheurs aux auteurs, et chaque « complainte » est suivie d'une discussion en prose sur les problèmes politiques soulevés par le récit. La période historique couverte allait de Richard II à Édouard IV, pour l'édition de 1559, puis s'est étendue jusqu'au règne de Henry VIII dans les éditions successives (de 1563 à 1587). On voit le succès considérable de ce livre, dont l'importance fut capitale.

La poésie se faisait en effet la servante de l'histoire : mieux, elle la racontait et la dominait. Elle devenait l'éducatrice des princes et du peuple, en leur offrant, transfigurés par ses sortilèges, les exemples tragiques des grands personnages de l'histoire anglaise, dont le destin portait leçon politique autant que morale. The Mirror for Magistrates est un livre clé, qui contribue au prestige du mythe Tudor, et scelle l'alliance poésie-histoire que le drame populaire élisabéthain allait bientôt universaliser.

— Henri FLUCHÈRE

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : doyen honoraire de la faculté des lettres et sciences humaines d'Aix-en-Provence

Classification

Pour citer cet article

Henri FLUCHÈRE. BALDWIN WILLIAM (mort en 1570?) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ÉLISABÉTHAIN THÉÂTRE

    • Écrit par Henri FLUCHÈRE
    • 10 600 mots
    • 2 médias
    ...littéraire doit faire ici l'objet d'une brève mention. Il s'agit de The Mirror for Magistrates (Le Miroir pour magistrats, au sens de gouvernants), que William Baldwin publia en 1559. Si grand fut son succès que l'édition fut reprise jusqu'à la fin du siècle, avec chaque fois de nouveaux collaborateurs....

Voir aussi