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WEN YIDUO[WEN YI-TOUO](1899-1946)

Peintre et lettré, Wen Yiduo fut le premier grand poète de la littérature chinoise moderne qui ait réussi à donner à la poésie de langue moderne, apparue après le « Mouvement du 4 mai », des formes originales, libérées des règles classiques mais respectueuses de la tradition chinoise et de l'esprit de sa langue. Les circonstances de sa vie conduisirent cet artiste, sensible et patriote convaincu, de l'admiration des classiques, puis de l'esthétisme occidental, à un engagement politique et révolutionnaire dans lequel il finit par trouver la mort. Son œuvre comprend quatre volumes et huit recueils de poésie, de théorie poétique, de critiques et d'essais divers, qui ont exercé – et exercent encore – une très grande influence sur les poètes de son temps comme sur leurs successeurs.

La révolte d'un esthète

Wen Yiduo est né dans le Hubei en 1899, au sein d'une famille de lettrés, où il reçut un enseignement classique traditionnel. Il écrit, tout jeune, des poèmes de facture classique. Étudiant de l'université Qinghua de Beijing, il est envoyé aux États-Unis de 1922 à 1925 pour y étudier la peinture et les beaux-arts, à l'institut des arts de Chicago, puis à New York. Mais son intérêt se porte surtout sur la poésie. Il rencontre H. Monroe, Carl Sandburg et Amy Lowell mais prend pour principal modèle le romantisme de Keats. Un premier recueil de poèmes Hong Zhu (La Chandelle rouge ; symbole de l'amour qui se consume pour brûler) paraît en 1923. Wen revient en Chine avec le mal du pays, la pitié pour ses compatriotes, le désespoir devant la situation de la Chine. Malheureux sur le plan personnel (il a fait un mariage traditionnel, arrangé par la famille, qui pourrait être un mariage d'amour si les vieilles conventions ne venaient constamment l'entraver), sans travail, sans aucune possibilité de faire la révolution littéraire dont il a rêvé alors qu'il était aux États-Unis, il pense trouver refuge au sein du groupe de Xin Yue (Croissant), réuni autour de Xu Zhimo (1895-1931) et qui fonde la société de ce nom en 1928. Wen mène une vie studieuse et retirée, devient un spécialiste renommé de la forme poétique des Chu cide QuYuan (ive et iiie siècles avant notre ère). Il publie en 1928 un second recueil de poèmes, Si Shui (L'Eau morte ; symbole de la patrie). Cependant, les Japonais envahissent le nord de la Chine en 1937. Wen Yiduo, professeur de littérature et de théorie littéraire depuis 1932 à Qinghua, a dû partir vers le Sud avec son université et s'est retiré à Kunming (non sans perdre une bonne partie de ses manuscrits et de ses livres). Mais l'exode qui le pousse sur les routes de Chine, le spectacle de la guerre civile et des indignités du pouvoir réveillent l'ermite qu'il avait décidé d'être, et le poussent à se révolter contre le Guomindang. En 1943, après la défaite du Japon, il rejoint la Ligue démocratique du peuple chinois dont les positions de démocratie libérale se sont rapprochées de plus en plus de celles des gauches, communistes et sympathisants, qui s'opposent au Guomindang. Plusieurs des membres notoires de cette société de plus en plus mal vue des autorités sont assassinés successivement. En juillet 1946, Wen Yiduo, qui vient d'assister aux funérailles de l'un de ses collègues de la Ligue et de prononcer un discours vibrant contre les assassins, est lui-même abattu à la sortie de la salle.

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Écrit par

  • : ancienne élève de l'École normale supérieure de jeunes filles, agrégée de l'Université (lettres), docteur d'État, professeur honoraire à l'université de Paris-VIII, département de littérature générale, domaine chinois

Classification

Pour citer cet article

Michelle LOI. WEN YIDUO [WEN YI-TOUO] (1899-1946) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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