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WANG BI[WANG PI](226-249)

Philosophe chinois, principal représentant de l'école des Mystères (Xuanxue), Wang Bi expose ses idées dans des commentaires des textes classiques, notamment du Daode jing et du Yi jing. Il se sert de ces ouvrages comme de prétexte à démontrer son propre système, procédé qui, par la suite, devint courant chez les philosophes chinois et qui impliquait que les « commentaires » fussent souvent éloignés du sens original du texte. Néanmoins, le commentaire du Daode jing par Wang Bi reste l'interprétation qui est reconnue de nos jours et selon laquelle ont été faites toutes les traductions en langue occidentale. Le grand mérite du génie précoce de Wang Bi (il mourut à l'âge de vingt-trois ans) est d'avoir su donner un nouveau départ à la métaphysique chinoise, longtemps évincée par la scolastique confucianiste. On admet, généralement, que ce renouveau eut pour instigateur le maître de Wang Bi, He Yan (mort en 249), philosophe et homme d'État, dont un commentaire sur les Entretiens de Confucius (Lunyu) nous est parvenu. Ce fait même montre déjà que les penseurs du courant Xuanxue, bien que connus en Occident sous le nom de néo-taoïstes, ne s'intéressaient pas moins aux traditions confucéennes et regardaient Confucius comme le plus grand de tous les sages.

Wang Bi demande aux textes de lui fournir non un moyen pour arriver à l'évasion mystique, mais une base pour ses spéculations ontologiques, entreprise difficile et qui ne réussit que partiellement. En contradiction avec le texte du Daode jing(chap. i), Wang Bi trouve l'origine de l'Être (you) dans le Non-Être (wu) ; « ce qui est sans nom » est le Non-Être (dans le Daode jing, le Non-Être, wu, est un nom et se trouve éloigné d'un degré de l'origine absolue). De plus, ce Non-Être est l'Un : l'unicité fondamentale, à laquelle participe toute la création, malgré sa diversité. Pour désigner cette unicité, Wang Bi a d'abord recours à la notion de Li (la Raison universelle), qui connut une grande fortune dans la philosophie chinoise. La primauté accordée à l'Un paraît encore plus clairement dans le commentaire sur le Yi jing. C'est le trait isolé dans les hexagrammes, qu'il soit Yin ou Yang, qui est déterminant pour le sens. Wang Bi considère les hexagrammes comme des symboles (xiang) qui permettent de saisir les concepts fondamentaux. Symboles et concepts peuvent être élucidés par des paroles (cette thèse va à l'encontre du principe taoïste qui veut que la vérité ultime ne puisse jamais être exprimée par des mots). Wang Bi, à cet égard ainsi qu'à bien d'autres, n'est pas taoïste ; ses théories métaphysiques sont, au contraire, annonciatrices du néo-confucianisme.

— Kristofer SCHIPPER

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section, sciences religieuses)

Classification

Pour citer cet article

Kristofer SCHIPPER. WANG BI [WANG PI] (226-249) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • XUANXUE [HIUAN-HIUE]

    • Écrit par Kristofer SCHIPPER
    • 953 mots

    Courant philosophique qui apparut en Chine vers la fin de l'Empire des Han (iie s.), le Xuanxue réagit contre la scolastique confucianiste qui était jusque-là la doctrine officielle. En cherchant à retrouver l'enseignement pur et fondamental des grands penseurs de l'Antiquité, ainsi...

Voir aussi