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SISULU WALTER (1912-2003)

Homme politique sud-africain et l'un des chefs historiques du Congrès national africain (A.N.C.), Walter Max Ulyate Sisulu, surtout connu pour avoir été l'un des proches compagnons de route de Nelson Mandela, fut d'abord son mentor en politique. Il est l'aîné du trio (Mandela, Oliver Tambo et lui-même) qui, dans les années 1950-1960, transforma l'A.N.C. en un parti de masse puis en une organisation armée.

Né en 1912 d'un fonctionnaire blanc et d'une domestique noire, Walter Sisulu passe sa jeunesse dans le village maternel du Transkei où il est éduqué dans la tradition xhosa, puis à l'école de la mission anglicane locale. Dès 1928, il gagne Johannesburg où il occupe divers emplois, s'illustrant en même temps par une activité syndicale croissante.

Devenu agent immobilier et membre influent de la communauté noire de Johannesburg, Walter Sisulu adhère à l'African National Congress dès 1940. Aux côtés d'Oliver Tambo, Anton Lembede et Nelson Mandela, il est de ces quelques jeunes qui, décidés à sortir le vieux parti de sa léthargie, fondent en 1944 la Ligue des Jeunes de l'A.N.C.. L'élection de Sisulu, Tambo et Mandela à l'exécutif national de l'organisation en 1949 marque le début du changement de stratégie de celle-ci sous leur influence. Dès lors, Walter Sisulu devient militant à plein temps, s'employant à mettre en place les campagnes de protestations et de résistance passive aux premières lois de l'apartheid. Arrêté plusieurs fois, Sisulu, comme Mandela et Tambo, fait partie des 156 personnes qui, de décembre 1956 à mars 1961, sont jugées pour haute trahison, avant d'être acquittées.

Après le massacre de Sharpeville, où soixante-neuf manifestants noirs du Pan-Africanist Congress (P.A.C.) sont tués par la police, en mars 1960, l'État sud-africain instaure l'état d'urgence et interdit l'A.N.C. et le P.A.C. La direction de l'A.N.C. décide alors d'abandonner la lutte non violente et crée dès 1961 une branche armée : Umkhonto we Sizwe (« la lance de la nation »), encore appelée M.K. Devenu commissaire politique de cette organisation secrète, Walter Sisulu entre en clandestinité dès 1963, avant d'être arrêté le 11 juillet de la même année à Rivonia (au nord de Johannesburg) en même temps que plusieurs autres chefs de l'A.N.C.

Le procès dit de Rivonia, en 1964, se solde par une peine de prison à vie pour huit des accusés, dont Walter Sisulu et Nelson Mandela. Alors qu'Oliver Tambo, réfugié à l'étranger, prend en charge les rênes de l'organisation en exil, ses deux amis condamnés ainsi que plusieurs de leurs compagnons sont transférés à la prison de Robben Island, au large de la ville du Cap. Ils y vivent pendant dix-huit ans, s'attachant à développer des cours pour les prisonniers politiques, Walter Sisulu enseignant notamment l'histoire de la lutte anti-apartheid. Souffrant de problèmes cardiaques, il est hospitalisé au Cap en 1982, puis transféré la même année à la prison de Pollsmoor (près de Paarl) en même temps que Nelson Mandela.

Walter Sisulu est finalement libéré le 15 octobre 1989, quatre mois avant Nelson Mandela. Le 7 juillet 1991, la première conférence nationale de l'A.N.C. tenue à l'intérieur du pays depuis 1960 le porte au poste de vice-président de l'organisation, alors que Tambo, déjà gravement malade et qui décédera en 1993, est remplacé par Mandela à sa présidence.

En 1994, après la victoire de son parti aux premières élections libres du pays et l'accès de son vieux compagnon Mandela à la présidence de la République, Sisulu, âgé de quatre-vingt-deux ans, choisit de se retirer de la vie politique.

Fidèle jusqu'au bout à ses amis, à son parti et à ses idéaux, le vieux combattant de la liberté couvert d'honneurs n'a jamais renié la[...]

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Écrit par

  • : professeur agrégé, enseignant à Sciences Po Bordeaux, spécialiste de l'Afrique du sud, rattaché au laboratoire Les Afriques dans le monde (LAM)

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Pour citer cet article

Benoît DUPIN. SISULU WALTER (1912-2003) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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