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LINDON VINCENT (1959- )

En décernant à l’acteur français Vincent Lindon le prestigieux prix d’interprétation masculine pour La Loi dumarché de Stéphane Brizé, le jury du festival de Cannes 2015 a distingué un des comédiens français les plus populaires, distinction confirmée par le césar du meilleur acteur en 2016, pour ce rôle. Il avait été auparavant nominé cinq fois au césar du meilleur acteur sans jamais l’obtenir, pour La Crise (Coline Serreau, 1992), Ma Petite Entreprise (Pierre Jolivet, 1999), Ceux qui restent (Anne Le Ny, 2007), Welcome (Philippe Lioret, 2009) et Quelques heures de printemps (Stéphane Brizé, 2012).

Vincent Lindon est né le 15 juillet 1959 à Boulogne-Billancourt. Son grand-père fut pendant trente ans maire d’Étretat et son oncle dirigea à partir de 1948 les Éditions de Minuit. Après quelques emplois subalternes dans le journalisme et le cinéma, il entre au cours Florent. À partir de 1983, il est acteur, d’abord de complément, au grand et au petit écran. Mais le cinéma lui offre rapidement des premiers rôles. Dès 1988, il forme avec Sophie Marceau le couple vedette de L’Étudiante (Claude Pinoteau), ce qui lui vaut d’être distingué comme un jeune premier prometteur par le prix Jean-Gabin 1989. De fait, on l’imaginerait bien, alors, dans les films qui ont rendu célèbre le Gabin trentenaire de La Belle Équipe, Le Quai des brumes ou La Bête humaine. Ne lui manque encore que d’avoir rencontré ses Julien Duvivier, Marcel Carné ou Jean Renoir ! En plus de quatre décennies, Vincent Lindon tournera de très nombreux longs-métrages dont plusieurs avec Claude Lelouch, Coline Serreau, Benoît Jacquot, Pierre Jolivet et Stéphane Brizé.

Un acteur de caractère à l’image contrastée

Pour beaucoup, Vincent Lindon incarnerait une sorte de Monsieur-tout-le-monde semblable à celui que rencontre une femme seule un Vendredi soir (Claire Denis, 2002). Néanmoins, il a aussi interprété un docteur Charcot particulièrement sobre (Augustine, Alice Winocour, 2012). Et, dans Pater ( Alain Cavalier, 2011), il joue le rôle d’un Premier ministre en rivalité avec le président de la République interprété par le metteur en scène lui-même. Entre suite de répétitions et improvisations, le film propose une réflexion facétieuse sur l’art du comédien. En fait, s’il est un des rares acteurs français crédibles dans des rôles de salarié ou d’employé, Vincent Lindon aime surtout apparaître en personnage généreux, quoique toujours sur ses gardes (sauf vis-à-vis des femmes).

Dès 1990, au volant d’un vieux camion, il recueille une vieille dame abandonnée et retape une bicoque avec son ami, chômeur comme lui (Gaspard et Robinson, Tony Gatlif) ; blessé par la vie, mais homme au grand cœur. Peu après, dans La Crise, il perd sa femme et son travail, ce qui lui ouvre les yeux sur les autres. À partir de 2000, il représente le quadragénaire se débattant au milieu des pires « galères » professionnelles et sentimentales, tels le restaurateur lyonnais du Coût de la vie (Philippe Le Guay, 2002) ou, filmé allègrement par Pascal Thomas, l’agent immobilier immature, joueur invétéré, chassé de toutes parts et devant s’occuper de sa fillette tonique et fugueuse (Mercredi, folle journée !, 2000).

De la comédie au drame, Vincent Lindon peut tout interpréter, car il travaille personnellement l’entre-deux, quelle que soit la situation. Ce qui lui permet d’échapper aux stéréotypes d’un Lindon qui ferait du Lindon (l’ours mal léché mais brave type et bel homme). Ainsi, il traverse malicieusement le mystère bourgeois du Septième Ciel (Benoît Jacquot, 1997), dans lequel il voit son épouse cleptomane et en désamour, interprétée par Sandrine Kiberlain, fascinée par un improbable hypnotiseur. Il incarne le mari, intrus un peu balourd, qui saura néanmoins, à sa manière, accompagner sa femme dans sa dérive éphémère, jusqu’à l’heureux dénouement. Grâce à[...]

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Écrit par

  • : professeur honoraire d'histoire et esthétique du cinéma, département des arts du spectacle de l'université de Caen
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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Universalis et René PRÉDAL. LINDON VINCENT (1959- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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