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VESTA, religion romaine

Déesse du feu et du foyer, Vesta est d'origine indo-européenne (ainsi que le prouve la comparaison de cette divinité avec l'Hestia des Grecs et l'Agni de l'Inde) ; le fait qu'elle soit invoquée à la fin de toute prière adressée à une quelconque divinité (Janus étant invoqué au début) est aussi la marque d'un rite indo-européen. Elle est le feu bienveillant et vivant et sa permanence est symbole de force et de stabilité. Elle est honorée dans le culte privé, par l'intermédiaire du foyer familial qui ne doit jamais s'éteindre, et publiquement, dans les anciennes villes du Latium et à Rome (la cité étant considérée comme la demeure de tous les Romains), où son temple, Aedes Vestae, sur le Forum, est le centre vital de la ville. La forme ronde de celui-ci (souvenir des premières huttes des habitants du Latium ou bien des foyers indo-européens disposés pour les sacrifices) le différencie totalement des autres sanctuaires dédiés aux dieux latins. Par son conservatisme rigoureux, le culte rendu à la divinité met l'accent à la fois sur la pureté originelle de la déesse et sur la puissance tutélaire et redoutable qu'elle représente dans le destin de Rome : son temple ne contient pas de représentation figurée, suivant en cela les habitudes primitives de la religion romaine (le feu à lui seul matérialise sa présence) ; elle n'est pas servie par des prêtres masculins mais par le collège des vestales, dont la chasteté garantit la protection accordée par la déesse à la ville (à la différence des autres divinités latines, elle exige de ses prêtresses de se consacrer absolument à son service) ; il est interdit à quiconque, à l'exception du grand pontife et des vestales, de pénétrer dans le temple de Vesta (l'interdiction est levée pour les matrones lors des vestalia) ; le feu perpétuel, s'il s'éteint par la négligence d'une vestale, doit être rallumé non à partir d'un autre foyer, mais en frottant les morceaux d'un arbre felix ; l'eau, élément contraire au feu, ne doit pas être conservée dans le temple (les vestales sont obligées d'aller puiser l'eau qui leur est nécessaire à la fontaine des Camènes, près de la porte Capène) ; dans la partie la plus secrète du temple, le penus, étaient conservés les talismans, garants de la puissance romaine, qui n'existaient sans doute pas primitivement, mais y furent déposés au cours des âges. Ces fétiches sont difficiles à répertorier, car leur efficacité tenait dans le profond secret qui les entourait ; les Anciens croyaient qu'ils comprenaient le palladium, le sceptre du roi Priam, un phallus, les mystérieux pénates du peuple romain rapportés de Troie par Énée selon la légende — cette alliance de Vesta et des pénates semble confirmée par le fait qu'à Lavinium, métropole de Rome, se trouvaient associés une Vesta et des pénates auxquels, chaque année, les consuls romains, à leur entrée en charge, offraient un sacrifice. Même s'il est difficile de déterminer avec certitude ces différents talismans, ils tendent à assimiler le culte de Vesta à celui qui était tenu dans chaque famille. Les cérémonies en l'honneur de Vesta sont peu nombreuses : le 1er mars (début de l'année primitive), le feu du temple est rallumé solennellement ; les fêtes en l'honneur de Vesta, les vestalia, se déroulent au mois de juin : du 7 au 14, le temple est ouvert aux matrones qui viennent y prier, les pieds nus ; le 9, les vestalia sont l'objet d'une coutume pittoresque : les ânes, exempts de tout travail, portent autour du cou des guirlandes de pains (hommage rendu par les boulangers et les meuniers, dont les ânes tournent les meules, à la déesse qui permet la cuisson du pain) ; le 15 juin, le temple est solennellement balayé et le stercus (fumier)[...]

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Écrit par

  • : agrégée de lettres classiques, assistante à l'université de Paris-X

Classification

Pour citer cet article

Catherine SALLES. VESTA, religion romaine [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ROME ET EMPIRE ROMAIN - La religion romaine

    • Écrit par Pierre GRIMAL
    • 7 011 mots
    ...Volcanus, dieu du feu, était assimilé à Héphaïstos ; Neptune, bien qu'il ait d'abord été le dieu des eaux douces, était devenu l'équivalent de Poséidon ; Vesta, déesse du foyer domestique, était assimilée à Hestia ; Mercure, dieu du gain et du commerce, l'était à Hermès ; Vénus était identifiée à Aphrodite....
  • VESTALES

    • Écrit par Catherine SALLES
    • 798 mots

    Les Romains faisaient remonter l'institution du collège des vestales à Numa ou à Romulus (mais, pour beaucoup, la mère de Romulus était elle-même une vestale). Ces prêtresses, dont la chasteté et la virginité sont les garants mystiques et indispensables de la stabilité du culte de Vesta, occupent une...

Voir aussi