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UMP (Union pour un mouvement populaire)

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Une machine électorale au service de son leader

Mettre en place un parti regroupant plusieurs forces proches mais concurrentes depuis de longues années suppose d'organiser la répartition du pouvoir de manière à ce que chaque composante puisse se faire entendre. Au niveau de la direction du parti, cette nécessité s'est traduite par la mise en place d'un triumvirat avec Alain Juppé, dernier président du R.P.R., comme président de l'U.M.P., Jean-Claude Gaudin, issu du P.R. et de Démocratie libérale comme vice-président, Philippe Douste-Blazy, ex-U.D.F., comme secrétaire général. Même si le triumvirat manifeste la diversité des composantes du nouveau parti, la domination de l'ancien R.P.R. est évidente, en nombre d'adhérents et en force militante. Lors du congrès fondateur de novembre 2002, Alain Juppé est élu président avec 79 p. 100 des suffrages exprimés, recueillant les voix de toutes les composantes sauf celles des souverainistes (gaullistes nationalistes et eurosceptiques) et des ultra-libéraux. L'U.M.P. totalise alors officiellement 164 500 adhérents mais en réalité probablement sensiblement moins puisque seulement 47 621 ont voté pour élire le président. La création du nouveau parti a probablement été considérée avec suspicion par une partie des anciens adhérents et n'a pas suscité un enthousiasme immédiat.

Les nouveaux statuts prévoyaient l'institutionnalisation de tendances, ce qui permettait d'une part de sécuriser d'anciens militants nostalgiques du R.P.R., d'autre part d'organiser dans la clarté la compétition entre tendances : ces courants devaient pouvoir soumettre des motions dans les congrès, les résultats du vote définissant la répartition des sièges au bureau politique et l'octroi de moyens matériels et financiers. Mais ce système n'a pas été mis en place. Il était probablement trop éloigné de la tradition des partis de droite, aussi bien R.P.R. qu'U.D.F. Seuls voulaient vraiment cette mise en place des personnalités plutôt marginales, souverainistes ou libérales. L'U.M.P. reste un parti centralisé, dans lequel les anciennes formations ne se sont pas reconstituées en autant de tendances, ce qui aurait probablement rendu plus difficile l'unité interne et moins facile le contrôle du pouvoir par le président de la République et ses partisans.

En revanche, la possibilité d'avoir des partis et groupes politiques associés a été acceptée, de manière à permettre le rapprochement avec des petits partis qui tenaient d'autant plus à une certaine autonomie qu'ils étaient de faible taille : ce qui permet des formes de double appartenance pour les adhérents. Ce système fonctionne essentiellement pour le Parti radical (autour d'André Rossinot et Jean-Louis Borloo), le Centre national des indépendants (C.N.I.), le Forum des républicains sociaux (de Christine Boutin)...

Les partis gaullistes étaient nés pour soutenir le général de Gaulle. Ses idées et son action suffisaient à définir le programme du rassemblement ou de l'union, qui ne se percevait pas comme un parti comme les autres. Cette culture du chef charismatique s'est prolongée très longtemps, au moins jusqu'en 1998, la réforme des statuts prévoyant désormais une élection du président par l'ensemble des adhérents. De leur côté, les composantes de l'U.D.F. étaient surtout animées par des personnalités très implantées dans leurs régions respectives, l'adhérent de base n'y avait pas non plus un grand pouvoir. L'U.M.P. a hérité de ces modes de fonctionnement notabiliaires et oligarchiques, au service d'un leader ou d'un sous-leader. Les luttes internes, féroces, ne sont pas régulées par des mécanismes de démocratie interne. À l'origine configuré comme le parti du président Chirac et destiné à promouvoir son éventuel successeur, Alain Juppé, il a été conquis en 2004 par [...]

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Écrit par

  • : professeur émérite de science politique à Sciences Po Grenoble, chercheur au laboratoire Pacte (UMR 5194, CNRS/ université Grenoble Alpes/Sciences Po Grenoble)
  • : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Pierre BRÉCHON et Encyclopædia Universalis. UMP (Union pour un mouvement populaire) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 31/07/2015

Média

Congrès de l'U.M.P., 14 mai 2007 - crédits : Antoine Gyori/ Agp/ Corbis/ AFP

Congrès de l'U.M.P., 14 mai 2007

Autres références

  • BERTRAND XAVIER (1965- )

    • Écrit par et
    • 1 116 mots
    • 1 média

    Homme politique français, Xavier Bertrand a exercé des responsabilités aux échelles locale et régionale (toujours dans le Nord de la France, dont il est originaire), mais aussi au niveau national.

    Porte-parole de la campagne de Nicolas Sarkozy pour l'élection présidentielle de 2007, secrétaire...

  • CHIRAC JACQUES (1932-2019)

    • Écrit par et
    • 2 004 mots
    • 5 médias
    ...2006, Villepin entretiendra ses ambitions présidentielles. Mais son intransigeance permet à Nicolas Sarkozy de s'imposer comme candidat « naturel » de l'UMP à l'élection présidentielle. Dans l'incapacité d'imposer le successeur qu'il appelle de ses vœux, Jacques Chirac est contraint d'accorder à...
  • CINQUIÈME RÉPUBLIQUE - Les années Chirac (1995-2007)

    • Écrit par
    • 9 350 mots
    • 6 médias
    ...création d'un nouveau parti censé réunir toute la droite, l'U.M.P., Union pour la majorité présidentielle, qui se transformera quelques mois plus tard en Union pour un mouvement populaire. Celui-ci investit un seul candidat par circonscription. Seule va résister une petite partie de l'U.D.F., derrière François...
  • COPÉ JEAN-FRANÇOIS (1964- )

    • Écrit par et
    • 1 297 mots

    Jean-François Copé, député-maire de Meaux, a été secrétaire général de l'UMP de 2010 à 2012 et président du mouvement de 2012 à 2014.

    Il est né en 1964 à Boulogne-Billancourt. Son père est un chirurgien réputé, fils d'un médecin généraliste qui a fui dans les années 1920 les persécutions...

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