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MASELLI TITINA (1924-2005)

Peintre et scénographe italienne. Titina Maselli naît à Rome en 1924. Très jeune, après avoir suivi des études classiques, elle commence à peindre, encouragée par un père critique d'art. Elle expose pour la première fois ses toiles, en 1948 à Rome, à l'initiative de Corrado Alvaro. Une création originale remarquée par la critique, qui salue sa manière de saisir l'essence tragique de la société contemporaine en reflétant « les passions d'une génération encore acerbe, mais déjà éprouvée par la peur et le désespoir » (Renzo Vespignani).

Deux ans plus tard, elle participe à la biennale de Venise (une invitation qui sera renouvelée en 1956, 1964 et 1984), et expose dans plusieurs villes d'Europe, en affirmant une thématique centrée sur l'objet et la ville dont l'approche poétique accompagnera l'ensemble d'une œuvre figurative teintée d'abstraction. De 1952 à 1955, elle réside à New York, rencontrant le mouvement pop art dont elle se différencie dans la finalité expressive : « Ces jeunes artistes veulent peintre l'objet en soi. Moi par contre j'entends peindre des conflits ». De retour en Europe, Titina Maselli amorce un travail de recherche opiniâtre sur la couleur, qui, avec l'évolution de sa captation de l'espace – en particulier pour ses grands formats – sera l'une des caractéristiques d'une œuvre picturale puissante dont la dynamique s'affirme dans une transposition poétique du réel. Les expositions et rétrospectives à la quadriennale de Rome, aux Salons de la jeune peinture et de l'A.R.C. à Paris, à la fondation Gulbenkian à Lisbonne, au Kunstamt Kreuzberg à Berlin ou à la fondation Maeght à Saint-Paul-de-Vence (1972) témoignèrent de la richesse créatrice et de la cohérence d'une grande artiste.

En 1974, à la demande de Jean Jourdheuil, Titina Maselli aborde la scénographie à l'occasion de la création de La Tragédie optimiste de Vsevolod Vichnievski, mise en scène par Jean-Pierre Vincent. Elle amorce ainsi un long compagnonnage avec le théâtre et l'opéra, auprès des metteurs en scène Jean Jourdheuil, Brigitte Jaques et surtout Bernard Sobel, avec qui elle collabore pour vingt créations entre 1980 et 2003, le plus souvent en concevant décors et costumes : Va-et-vient et Pas moi de Samuel Beckett (1980), Le Cyclope, opéra de Besty Jolas d'après Euripide (1986), Les Géants de la montagne de Luigi Pirandello (1994), Pearls for Pigs et Bad Boy Nietzsche de Richard Foreman, une nouvelle version de la Tragédie optimiste, Manque de Sarah Kane (2000), Innocents et Coupables d'Alexandre Ostrovski. Ses relations avec l'espace scénique, ses apports à une dramaturgie sont fréquemment constitutifs de la mise en scène. La dynamique de ses décors échappe à toute afféterie et tend à traduire dans ses tensions une matérialité et une perception immanente de l'acte théâtral. Installée à Paris, Titina Maselli exercera son talent en Allemagne auprès de Klaus Michaël Grüber et Peter Zadek, ainsi qu'en Suisse, en Belgique, au Portugal, et, bien sûr, en Italie pour une longue et fructueuse collaboration avec Carlo Cecchi, notamment à Spolète et Florence.

Parmi toutes ces réalisations, le spectateur français gardera sans doute en mémoire deux spectacles qui, dans leurs oppositions, sont significatifs du travail scénographique accompli par Titina Maselli. Pour La Nature des choses (1990), d'après Lucrèce, dans une mise en scène de Jean Jourdheuil et Jean-François Peyret, elle installe les spectateurs sur la scène, face à la salle vide dont les fauteuils sont partiellement revêtus de housses rouges et bleues pour accueillir une bâche flottante et un ring de boxe descendus du plafond, créant un univers cosmique à même d'apporter une résonance sensorielle au poème de Lucrèce. Pour aborder, au côté de Bernard Sobel, l'univers[...]

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Jean CHOLLET. MASELLI TITINA (1924-2005) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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