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TIJUANA

Mexique : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Mexique : carte administrative

Tijuana est une ville du nord-ouest du Mexique, située dans l’État de Basse-Californie, à la frontière des États-Unis d’Amérique.

La situation frontalière de Tijuana a joué un rôle déterminant dans son apparition et son développement : rapports asymétriques avec sa voisine San Diego depuis l’intégration de la Californie aux États-Unis en 1848, croissance démographique et économique exponentielle après le rebond de l’économie étatsunienne dans les années 1940, cycles économiques dictés par la demande nord-américaine et le libre-échange depuis l’entrée en vigueur de l’ALENA en 1994. La ville est traversée par des flux considérables de personnes (migrants, travailleurs transfrontaliers, étudiants, touristes), de marchandises ainsi que de trafics illicites (drogues du sud vers le nord ; armes du nord vers le sud) qui génèrent désordres et violences. À la fois ville mexicaine, ville du Sud, ville frontalière et ville globale, Tijuana échappe aux classifications géographiques trop rigides.

Tijuana est une cité littorale bordant l’océan Pacifique mais elle est dépourvue de port, le plus proche côté mexicain se trouvant à Ensenada, à 100 kilomètres au sud. Ville mexicaine la plus éloignée de la capitale Mexico – située à une distance d’environ 2 800 kilomètres par la route –, Tijuana dépend de l’aire d’influence de la mégalopole San Francisco-San Diego, dont elle forme l’extrémité méridionale. Pour autant, Tijuana a peu de choses en commun avec San Diego, dont le port, situé à 30 kilomètres au nord, a été fondé par les Espagnols en 1769. En effet, Tijuana est la seule des grandes villes mexicaines à ne pas être d’origine coloniale – un trait original dans un pays où l’armature urbaine est en place depuis le xviie siècle. Ainsi, son centre est dépourvu de l’habituelle place d’armes et l’ancien palais municipal, qui ne fut érigé qu’en 1921, est l’un des plus vieux édifices de la cité.

Avant la guerre avec les États-Unis (1846-1848) et la perte consécutive de la Californie (traité de Guadalupe-Hidalgo, 1848), Tijuana n’était encore qu’une bourgade formée d’un chapelet de ranchs spécialisés dans l’élevage extensif. Née du tracé de la frontière, puis constituée en municipalité en 1889, elle ne comptait qu’une centaine de personnes au début du xxe siècle, mais a dépassé le million d’habitants avant l’an 2000. La première impulsion à son développement résulta du tourisme en provenance des États-Unis, l’interdiction des courses hippiques et des bars en Californie en 1911 y suscitant bientôt la création d’un cynodrome, d’un hippodrome, d’un casino puis d’une poignée d’hôtels et de restaurants. Les clubs fréquentés par une clientèle aisée s’y multiplièrent dès le début des années 1920 et pendant toute la période d’application de la prohibition aux États-Unis. Ce sont donc les chevaux, l’alcool et la prostitution qui firent la fortune de Tijuana. Par la suite, avec l’entrée en guerre des États-Unis en 1941, c’est l’importance nouvelle de San Diego, devenu premier port militaire de la façade pacifique, qui dynamisa la région, les marins en permission pourvoyant une manne substantielle aux cabarets. Dans le même temps, le besoin en main-d’œuvre agricole attira aux États-Unis des millions de braceros, ces ouvriers agricoles que le gouvernement mexicain incita à migrer entre les années 1940 et 1960. Nombre d’entre eux, passant par Tijuana, s’installèrent en Californie.

Des ensembles d’autoconstructions avaient commencé à s’étendre près de la ligne frontière où s’étaient repliés les premiers migrants chassés des États-Unis par la crise de 1929, donnant naissance aux quartiers (colonias)désormais connus sous les noms de Mexico, Libertad et Independencia.Dans les années 1950,la population tijuanense tripla. Puis[...]

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Écrit par

  • : maître de conférences en histoire à l'université Paris Nanterre

Classification

Pour citer cet article

Arnaud EXBALIN. TIJUANA [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Mexique : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

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Autres références

  • MEXIQUE

    • Écrit par Jacques BRASSEUL, Henri ENJALBERT, Universalis, Roland LABARRE, Cécile LACHENAL, Jean A. MEYER, Marie-France PRÉVÔT-SCHAPIRA, Philippe SIERRA
    • 33 396 mots
    • 18 médias
    ...spectaculaire depuis la libéralisation de l'économie. Toutes ont profité du boom des maquiladoras, même si elles présentent des caractères différents. Tijuana, par ses liens avec San Diego, est la porte d'entrée mexicaine de la mégalopole qui s'est constituée à partir de Los Angeles. Point...

Voir aussi