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SYSTÈME IMMUNITAIRE (ORIGINES DU)

L'immunité adaptative et la reconnaissance de motifs antigéniques discrets

Chez les vertébrés, on connaît un deuxième système immunitaire, dit adaptatif car il ne se manifeste – sauf s'il y a eu une vaccination préalable – que plusieurs jours après l'exposition à un agent infectieux. Les connaissances à son propos se sont accumulées depuis le début du xxe siècle du fait de son importance dans la vaccination. Le système immunitaire adaptatif connaît deux bras armés ou effecteurs : les lymphocytes T (maturés dans le thymus) et les lymphocytes B (maturés dans la moelle osseuse) sécréteurs d' anticorps. Dans les deux cas, le récepteur d'une cellule T, tout comme un anticorps d'un lymphocyte B, reconnaît un unique motif antigénique discret, long au plus de quelques nanomètres (10—9 m). Le système adaptatif est caractérisé par une variabilité extrême qui lui permet de reconnaître spécifiquement un nombre pratiquement illimité de motifs antigéniques. Chaque reconnaissance spécifique différente est assurée par un seul clone cellulaire T ou B. Cette immense diversité des anticorps et des récepteurs de cellules T ne peut pas être codée en tant que telle dans le génome. Elle est produite par l'assemblage aléatoire d'un segment d'ADN dit variable (V), de diversité (D) et de jonction (J), chacun prélevé dans des ensembles de quelques dizaines de segments différents, au cours d'un phénomène complexe de recombinaison somatique impliquant plusieurs enzymes dont l'enzyme RAG (recombination activating gene) qui n'est exprimée que dans ces deux types de cellules. Les gènes d'anticorps ou de récepteur T ainsi construits par recombinaison sont, de plus, modifiés par addition ou enlèvement de nucléotides dans la région D, créant ainsi une diversité supplémentaire des anticorps et des récepteurs des cellules T. Chaque lymphocyte possède ainsi un récepteur spécifique qui lui est propre. Sa rencontre avec le motif antigénique qu'il reconnaît induit la prolifération des cellules suivie des effets sur l'agent infectieux ou étranger. Seuls les lymphocytes possèdent de tels récepteurs. Leur production en continu dans les organes du système immunitaire (plusieurs millions de clones par jour chez l'homme) impose un mécanisme de contrôle pour éviter l'auto-immunité.

En ce qui concerne leur structure, ces récepteurs sont des dimères dont chaque chaîne est issue de l'enchaînement de domaines globulaires dits motifs immunoglobuline (Ig), que l'on trouve fréquemment dans de nombreuses molécules fichées dans la membrane cellulaire.

Même s'il existe des différences d'organisation d'une espèce animale à une autre, le système adaptatif apparaît avec toutes ses caractéristiques chez les poissons cartilagineux, requins et raies, bien que des éléments s'en retrouvent ailleurs chez des animaux phylogénétiquement plus anciens. On peut donc admettre que ces récepteurs ont évolué par multiplication des motifs Ig et que la « cristallisation » qui a permis la différenciation du système immunitaire adaptatif a dû survenir avec l'apparition des poissons cartilagineux, il y a environ 500 millions d'années avec l'acquisition de l'enzyme RAG.

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Écrit par

  • : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur

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Pour citer cet article

Gabriel GACHELIN. SYSTÈME IMMUNITAIRE (ORIGINES DU) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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