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JANIS SYDNEY (1896-1990)

Collectionneur, historien d'art, Sidney Janis remplit aussi les fonctions de commissaire d'expositions et de consultant avant de devenir l'un des plus célèbres marchands de tableaux américains de la seconde moitié du xxe siècle.

Né à Buffalo, New York, le 8 juillet 1896, dans un milieu aisé, Sidney Janis commence à l'âge de dix-sept ans une carrière de danseur professionnel qu'il abandonne très vite pour s'intéresser aux arts plastiques. Installé à New York à l'aube des années 1920, il se passionne dès lors pour l'art de son temps, soucieux d'en suivre les humeurs tout en s'appliquant à réfléchir sur l'histoire encore toute récente des avant-gardes que le siècle vient d'engendrer. Il aborde ainsi l'étude du fauvisme, du cubisme, du futurisme, de l'abstraction et du surréalisme, avec l'unique souci de mieux percevoir les orientations potentielles de la création artistique.

Dans une même qualité d'exigence et de réflexion, il décide de constituer une collection qu'il inaugure en 1926 par 1'achat, chez Kahnweiler à Paris de deux œuvres, l'une d'Henri Matisse et l'autre de Juan Gris. En l'espace de quelques années, il réunit un ensemble considérable d'œuvres des plus grandes figures de l'art moderne – Picasso, Mondrian, Léger... –, au point qu'il devient l'un des premiers collectionneurs américains de l'art du xxe siècle. En 1935 sa collection fait l'objet d'une grande exposition à l'Arts Club de Chicago, puis en 1937 au Brooklyn Museum de New York.

Véritable autorité morale, Sidney Janis est invité à siéger dès 1934 au comité consultatif du Museum of Modern Art de New York. Il y restera jusqu'en 1948, instruisant le dossier de dépôt au M.O.M.A. du Guernica de Picasso et menant tout un travail de promotion de la nouvelle génération d'artistes américains. Avec sa femme Harriet, il publie un ouvrage important Abstract and Surrealist Art in America, le premier à confronter Pollock, Rothko, Albers, Hofmann... Conscient de la nécessité de créer à New York une place marchande forte qui défendrait une spécificité américaine face à l'image européenne, Sidney Janis décide en 1948 d'intervenir dans le marché de l'art et ouvre une galerie sur la 57e Rue. Il conçoit alors une programmation qui conjugue heureusement histoire et actualité : Les Fauves (1950), Henri Rousseau (1951), Dada (1953) et Futurism (1954) restent des jalons tout aussi importants que les six expositions de Pollock présentées de 1952 à 1958, sans oublier celles qui sont consacrées à De Kooning, Kline, Rothko, Guston, Gottlieb et Baziotes. L'un des événements les plus fameux de l'histoire de la galerie est assurément l'exposition des New Realists que Sidney Janis présente en 1962 et qui consacre le succès du pop art ; plusieurs artistes de ce mouvement comme Segal, Wesselmann, Marisol et Oldenburg resteront attachés à la galerie.

À partir des années 1970, Sidney Janis laisse progressivement à ses enfants le soin de maintenir l'esprit d'une tradition sous-tendue par un regard historique qui reste en prise sur l'actualité. La donation d'une centaine d'œuvres de leur collection par Sidney et Harriet Janis au Museum of Modern Art de New York, en 1967, témoigne de la passion d'une vie totalement consacrée à la création artistique.

— Philippe PIGUET

Bibliographie

S. Janis, They Thaught Themselves : American Primitive Painters of the 20th Century, Dial Press New York, 1942 ; Abstract and Surrealist Art in America, Reynal & Hitchcock, New York, 1944

S. & H. Janis, Picasso : the Recent Years, 1939-1946, Doubleday & Co. New York, 1946.

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Philippe PIGUET. JANIS SYDNEY (1896-1990) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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