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SONTAG SUSAN (1933-2004)

Susan Sontag - crédits : Jim Cartier/ Photo Researchers History/ Getty Images

Susan Sontag

Romancière, nouvelliste, dramaturge, cinéaste et surtout essayiste mondialement connue, l'Américaine Susan Sontag aimait la France, sa langue et sa culture, ses philosophes, ses écrivains et ses cinéastes. Cet amour, les Français le lui rendaient bien. Ils avaient fini par la considérer comme une des leurs. Susan Sontag était assurément la plus parisienne des écrivains américains.

Née le 16 janvier 1933 à New York, elle perd à cinq ans son père, Jack Rosenblatt, fourreur de son métier, qui faisait des affaires en Chine. Sa mère finit par se remarier avec un officier, Nathan Sontag. Son enfance en Californie ne sera pas des plus heureuses. Étonnamment précoce, Susan, dès l'âge de trois ans, sait lire et aime déjà les livres. En 1959, après des études de lettres et de philosophie à Berkeley, Chicago et Harvard, puis à Oxford et à la Sorbonne, elle s'installe à New York, enseigne quelque temps au département de religion de l'université Columbia et commence à écrire dans la Partisan Review et d'autres périodiques. C'est le début d'une longue et féconde carrière d'essayiste, qu'elle va poursuivre avec la même intransigeante passion jusqu'à sa mort, notamment dans la prestigieuse New York Review of Books.

Belle, intrépide, batailleuse, avide d'écrire et de vivre, Susan Sontag ne tarde pas à devenir une figure de la scène intellectuelle new-yorkaise. Son provocant essai Notes on Camp, publié en 1964, où elle cherche à définir la « nouvelle sensibilité » esthétique des années 1960, lui vaut un début de célébrité. En 1966 paraît son premier recueil d'essais, Against Interpretation (Contre linterprétation). Elle s'y fait l'ambassadrice d'une modernité européenne alors encore mal connue aux États-Unis, procède à une série d'études de « cas » dont la majorité sont des écrivains et des penseurs français (Simone Weil, Camus, Sartre, Leiris, Lévi-Strauss, Nathalie Sarraute) et propose de remplacer l'herméneutique par une « érotique de l'art ».

Susan Sontag avait la passion des idées, mais n'était pas théoricienne. Les meilleurs de ses essais littéraires et philosophiques, de brillants exercices d'admiration, ont permis aux lecteurs d'outre-Atlantique de découvrir quelques figures majeures de la pensée française et germanique du xxe siècle. Toutefois, ses portraits d'écrivains, toujours alertes et stimulants, parfois hâtifs, et ses considérations sur la littérature n'ont guère contribué au renouvellement de la critique.

Son œuvre de fiction déconcerte, elle, par ses ruptures. Le Bienfaiteur (The Benefactor, 1963) et Dernier Recours (Death Kit, 1967), ses deux premiers romans, comme Moi, etcetera (I, Etcetera, 1978), son unique recueil de nouvelles, constituent des textes novateurs annonçant le postmoderne. L'Amant du volcan (The Volcano Lover, 1992), roman historique évoquant les amours torrides de Lord Nelson et de Lady Hamilton, et En Amérique (In America, 1999), histoire d'une diva polonaise à la conquête du Nouveau Monde, s’avèrent des romans séduisants mais sans risques ni surprises.

Comme romancière, Susan Sontag ne laissera probablement pas de trace durable dans la littérature américaine. Néanmoins, ses réflexions sur les rapports du politique, de l'éthique et de l'esthétique et sa critique des États-Unis, en tant que puissance impériale, n'ont rien perdu de leur tranchant. Sur la photographie (On Photography, 1977) – qu'allait prolonger Devant la douleur des autres (Regarding the Pain of Others, 2003) – est aujourd'hui un classique. Restera également, inspiré par une première épreuve du cancer en 1975 et, à ce titre, obliquement autobiographique, La Maladie comme métaphore (Illness as Metaphor, 1978), méditation pudique, poignante et dérangeante sur ces maladies[...]

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Pour citer cet article

André BLEIKASTEN. SONTAG SUSAN (1933-2004) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Susan Sontag - crédits : Jim Cartier/ Photo Researchers History/ Getty Images

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