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MERRILL STUART (1863-1915)

Poète de nationalité américaine, Stuart Merrill passe son enfance à Paris, où son père appartient à l'ambassade des États-Unis. Au lycée Condorcet, il est le condisciple de quelques-uns des futurs symbolistes, René Ghil et Éphraïm Mikhaël entre autres. La langue française le séduit et il acquiert une très riche culture poétique. Il retourne aux États-Unis pour faire son droit à Columbia College (1885-1889). Là-bas, il se fait le porte-parole de la poésie française, en particulier du Parnasse dont il subit fortement l'influence. Dans le même temps, il s'initie à la prosodie de la langue anglaise. Il publie son premier recueil de vers, Les Gammes (1887), au moment où l'école symboliste se constitue autour de Mallarmé. La référence à la musique est évidente et, comme la plupart des autres symbolistes, il cherche à utiliser les mots comme des notes sur une portée, comme des sons élémentaires qui s'organiseraient en un chant. Alors que d'autres, Ghil par exemple, trouvent des procédés inédits, telle l'instrumentation verbale, pour atteindre cette musicalité, Stuart Merrill emprunte à la poésie anglo-saxonne le procédé de l'allitération ; il l'applique systématiquement et montre assez rapidement les limites d'une telle poétique. Fastes (1891), Petits Poèmes d'automne (1895) portent encore la marque de ce travail prosodique ; cependant Stuart Merrill s'affranchit peu à peu de toute influence : Les Quatre Saisons (1900) sont une évocation déjà beaucoup plus personnelle et originale. Définitivement fixé en France depuis 1890, Merrill écrit de nombreux articles sur les symbolistes des deux côtés de l'Atlantique, et contribue ainsi à les faire apprécier du public. Mais, grand admirateur du poète américain Walt Whitman, il en vient à une poésie beaucoup plus didactique. Une voix dans la foule (1909) illustre son amour de l'humanité et son idéal démocratique. Le langage se met au service de sa conviction et il gagne une force étrangère à ses premiers vers.

— Antoine COMPAGNON

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, professeur à l'université Columbia, États-Unis

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Antoine COMPAGNON. MERRILL STUART (1863-1915) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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